The vampyre of time and memory
Longtemps, j'ai cru que le temps était un fantôme. Qu'il revenait nous hanter régulièrement. Mais dans mon trouble de stress post-traumatique, j'en viens parfois à me demander s'il n'agit pas plutôt comme un vampire.
Il vient parfois non pour me sucer le sang mais pour s'insinuer dans mes rêves ou m'offrir une nuit blanche où dansent d'étranges formes dans les ombres. Rum Cay devient alors semblable à la jungle du Vietnam. La peur se logeait dans un coin de ma poitrine.
Des éclairs scintillent dans la frondaison épaisse. Orages ou rage des AK-47, des M-16, des lance-grenades ou des mines Claymore. Tour à tour, j'entends le rire printanier de Connie, la musique de Sixto et mes larmes coulent.
Mais ces ténèbres oniriques sont traîtresses. Elles paraissent réelles mais je n'y sens nul amour.
Quand le Soleil se lève, je sais. Par la poigne de Papy Merrill sur mon épaule, par la part de tarte cuisinée par Mamie Estelle, par l'étreinte de Beatrice, par l'onde douce de Catfish Bay, je reviens à la vie.
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