Avachi devant mon bureau, je contemplais une photo de Jade et moi. Elle avait été prise deux ans plus tôt, à une époque bénie où nous consommions chacun un amour réciproque. Je détaillai méticuleusement ce cliché, énumérant silencieusement chaque détail de notre passé : sourires sur nos lèvres ; euphorie des convives ; tendresse ; regards brillants ; scintillements de ses larmes. Les miennes coulaient, ruisselaient sur mes joues à l'instant précis où j'avais posé les yeux sur ce souvenir : son visage que j’aimais ; son visage que je regrettais...

L’effet de l’alcool s’évaporait sous la vision de notre union en noir et blanc ; ce témoin de nos sentiments passés, d'un amour capté dans une image immobile et fragile.

La joie d’hier dans les mains, la détresse d’aujourd’hui dans les yeux, je dévalais la pente du remord. Je regrettais ce jour merveilleux où j'avais osé une demande en mariage que je n’ai jamais respectée. Une de mes nombreuses promesses balancées contre un mur.

Son sourire… mon sourire… je les pleurais abondamment.

« C’est fou comme le bonheur passé peut nous rendre triste… », commentai-je dans un sanglot.

La nuit fut longue. Mes pensées se bousculaient. Mes doutes s’installaient à mesure que la culpabilité m'imprégnait.

Ébranlé par mes sentiments, dévasté par cette tristesse fantôme qui m’assaillait inlassablement, je noyais mon chagrin dans l’alcool. L'alcool, lui, rendait mon monde plus triste encore. Ce cercle vicieux n'avait pris fin qu'une fois toute bouteille vidée et après une bonne nuit d'un sommeil lourd et profond.

Je crois que je t’aime encore, Jade..., m'avouai-je à mon réveil. Je crois que je t'aime encore et cela me fait souffrir.

Les rires sardoniques du rêveur résonnaient en moi.