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Il s’éveilla péniblement. Il ressentait le froid plus que de coutume, signe que quelque chose avait changé. Il avait repris un peu de forces. Il s’assit. Il remarqua qu’il avait à nouveau la chaîne autour du poignet. Avant, pendant un temps, on ne la lui mettait plus. Ce n’était pas nécessaire, car ce qu’il subissait le laissait sans forces. Il regarda le lien pourpre à son poignet gauche. Les larmes lui vinrent. Il les refoula. Ce n’était pas le moment de faillir.

Des pas qu’il ne connaissait que trop bien s’approchèrent, et il entendit les verrous puis la porte s’ouvrir. Il avait du mal à réfréner le sentiment de terreur qui l’envahissait. L’horreur allait-elle recommencer ? L’homme entra et la porte se referma. Une source de lumière illumina l’endroit, éblouissant le jeune homme. L’autre le regarda un instant puis déclara :

« Tu es enfin réveillé. Tu as été inconscient pendant une semaine. Tu as failli mourir. Ce qui aurait été regrettable. »

Le captif lui jeta un regard furieux.

« Car bien que tu aies réussi pour l’instant à ne pas laisser échapper une information, continua l’homme, je ne désespère pas. Il suffit juste de trouver ton point faible. Pour l’instant, j’ai décidé de cesser momentanément l’emploi de la manière forte. Retenter ça dans ton état te tuerait. Et je n’ai pas l’intention de te faire ce plaisir. De plus, je n’ai pas envie de gâcher mes talents de pharmakon. »

Le prisonnier aurait voulu pouvoir avoir un rire méprisant. L’homme qui le faisait le plus souffrir était un pharmakon ! Mais que faisait-il ici ? Ce que le sort pouvait être ironique. L’homme continua :

« Ne va pas penser que le fait que tu sois muet t’empêche de me donner ce que je te demande. Nous savons tous deux que rien ne t’empêche de parler à l’esprit des autres ici. Cependant, puisque je sais d’ores et déjà que tu n’as pas plus l’intention que moi de céder, je vais t’apprendre quelque chose. J’ai été formé à obtenir des informations par tous les moyens. Et cela inclut aller les chercher jusque dans l’esprit de celui que j’interroge, en l’occurrence toi. Certes, il est impossible d’utiliser la plupart des incantations dans cette prison, mais il ne faut pas oublier un détail : cela ne concerne que les détenus. »

Alors qu’il disait ces mots, le jeune homme sentit comme une main invisible qui commençait à chercher dans son esprit. Il tenta de la repousser, mais il était dans un tel état d’épuisement qu’il éprouvait de grandes difficultés à l’empêcher de fouiller ses pensées. Il se rappela alors ce que Nikita lui avait appris en matière de défense mentale. S’il parvenait à centrer toute son attention sur un seul point il pourrait fermer son esprit à toute intrusion. Il vit son ruban et fit le vide dans son esprit, pensant uniquement à la couleur pourpre.

« Jolie résistance. Mais elle comporte une faille. Cette couleur est associée à quelqu’un, n’est-ce pas ? Elle s’appelle Sakura, et… »

L’homme laissa sa phrase en suspens et eut un sourire sardonique. Le jeune homme se prit la tête dans les mains, en proie à une douleur nouvelle. S’il n’avait pas été muet, il aurait gémi.

« C’est donc là ton point faible ? Intéressant… Qu’as-tu d’autre à me révéler ? »

Il n’en pouvait plus. De quel droit cet homme se permettait-il de s’introduire dans son esprit ? Éperdu, il essaya de se focaliser sur un autre détail. Un morceau de harpe fit suite au pourpre. Les notes tournoyaient, résonnant dans son âme, il ne pensait plus qu’à cette mélodie. Un semblant d’espoir s’esquissa en lui. Il avait réussi à fermer son esprit.

« Si tu crois que penser aux morts pourra t’aider… »

L’homme se faisait volontairement blessant. Le captif le regarda droit dans les yeux. Une rage brûlante l’emplissait à son égard. Il changea de stratégie, déterminé à prouver à cet homme qu’il était en mesure de lui résister. Tout en continuant à protéger son esprit, il entra dans celui de son adversaire, se servant de sa propre incantation. Il n’y trouva rien d’autre qu’une image, une plaine grise et désolée.

« Bien tenté, mais au moins as-tu réussi à me surprendre. »

Le jeune homme passa à la suite de son idée.

« Pourquoi me transmettre un tel calme ? s’étonna l’homme. Que cherches-tu à faire ? »

Son adversaire esquissa un sourire. Et envoya brusquement dans l’esprit de l’homme tout ce qu’il avait ressenti depuis qu’il s’était éveillé dans cette prison pour la première fois. Le désespoir, la tristesse, la colère, la terreur, la douleur… Le fait qu’il soit muet, incapable d’extérioriser tout cela en criant, avait amplifié la souffrance aussi bien physique que morale au centuple. L’homme reçut un cyclone d’horreur et de tourments. Déstabilisé, il porta la main à son front et cessa le contact. Il quitta la cellule sous le regard plein de haine et de mépris du jeune homme. La porte se ferma, les verrous sécurisèrent l’ensemble, et il se retrouva à nouveau seul, dans l’obscurité. Il se sentait épuisé par le combat qu’il avait mené, mais pour la première fois depuis longtemps ressentait du réconfort. Il avait remporté sa première victoire.

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