Nos trois compagnons flânaient dans les bois, l'esprit encore tout guilleret de leur rencontre avec Jojo Lapatouille, quand un bruissement furtif attira leur attention. Levant les yeux, ils découvrirent un écureuil au pelage roux qui les observait, mi-curieux mi-apeuré, depuis un branchage touffu.

« Holà, messieurs-dames ! » lança le rongeur d'une voix hésitante. « Que... que me vaut l'honneur de votre visite ? »

Rouquin, amusé par la timidité de leur interlocuteur, répondit d'un ton enjoué : « Eh bien, c'est à nous de te poser la question, l'ami ! Après tout, c'est toi qui nous épies depuis ton perchoir... »

L'écureuil, confus, bredouilla en rosissant : « Oh, je... je ne voulais pas vous importuner ! C'est juste que... je suis d'un naturel curieux, voyez-vous. Toujours à me demander ce qui se cache derrière la prochaine branche... »

La fillette, attendrie, s'enquit avec douceur : « Et comment t'appelles-tu, gentil écureuil ? »

Le rongeur, ragaillardi par la bienveillance de l'enfant, se redressa quelque peu : « Tic-Tac, explorateur de ces bois... enfin, explorateur en devenir. Pour tout vous avouer, je ne m'éloigne guère de mon arbre. Mais j'aimerais tant découvrir le vaste monde ! »

Blairounet, intrigué, demanda d'un ton cordial : « Qu'est-ce qui t'en empêche, Tic-Tac ? Tu m'as l'air d'un rongeur plein de ressources... »

Tic-Tac poussa un soupir mi-figue mi-raisin : « Oh, j'ai beau être curieux comme un chat, je suis aussi peureux qu'un lapin ! À chaque fois que je m'aventure hors de mon chêne, je me sens tout chose... »

Rouquin, qui ne perdait jamais une occasion de plaisanter, lança avec un clin d'œil : « Un écureuil explorateur qui a peur de grimper aux arbres ? Voilà qui est cocasse ! Tu devrais peut-être te reconvertir en taupe ! »

Mais la fillette, plus compassionnelle, le sermonna gentiment : « Voyons, Rouquin, ne te moque pas ! Moi je trouve ça très courageux de la part de Tic-Tac d'affronter ses peurs. C'est ça, le vrai courage : faire ce qui nous effraie ! »

L'écureuil, touché par cette marque de soutien, sourit timidement : « Merci, petite demoiselle. C'est vrai que je ne renonce pas à mes rêves d'exploration, même s'ils me donnent des sueurs froides. Car vois-tu, ma curiosité est plus forte que ma crainte ! »

Blairounet, songeur, déclara alors d'un ton sentencieux : « C'est tout à ton honneur, Tic-Tac. Car la curiosité est le moteur de la sagesse. C'est en explorant l'inconnu qu'on apprend et qu'on grandit. »

Rouquin, qui ne pouvait s'empêcher de taquiner, répliqua avec malice : « Ouh là, voilà que notre bon Blairounet se prend pour un philosophe ! Dis-moi, l'ami, tu comptes rédiger un traité sur l'art d'affronter ses peurs ? »

Mais Tic-Tac, amusé par ce badinage, entra dans le jeu : « Pourquoi pas, messire Renard ? Je pourrais l'intituler 'Éloge de la trouille' ou 'L'anxiété comme alliée' ! Ça ferait un tabac chez les rongeurs... »

La fillette, riant de bon cœur, renchérit gaiement : « Ou alors 'La peur, ce grand frisson de l'âme' ! Tic-Tac, je crois que tu tiens là un filon... »

L'écureuil, galvanisé par cet élan créatif, se prit à rêvasser tout haut : « Cela pourrait être le début d'une grande aventure littéraire... Moi, Tic-Tac, écrivain et explorateur des émotions ! Arpenteur des sentiers de l'angoisse et des contrées du courage... »

Blairounet, amusé mais lucide, tempéra son enthousiasme : « Doucement, doucement, Tic-Tac ! Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Avant de devenir un grand auteur, il te faut déjà oser quitter ton chêne ! »

Rouquin, toujours pragmatique, approuva d'un hochement de tête : « Blairounet n'a pas tort, Tic-Tac. Les rêves, c'est bien joli, mais ça ne vaut pas un petit tour dans le vaste monde ! »

La fillette, conciliante, proposa alors avec entrain : « Et si tu commençais par une petite expédition avec nous, Tic-Tac ? On pourrait t'emmener explorer les environs, en douceur. Qu'en dis-tu ? »

L'écureuil, partagé entre excitation et appréhension, hésita un instant : « C'est très tentant, petite demoiselle... Mais je ne voudrais pas vous ralentir avec mes hésitations et mes trouillardises... »

Rouquin, bon prince, le rassura d'une bourrade amicale : « Allons, allons, ne dis pas de bêtises ! On a tous nos petites frayeurs, tu sais. L'important, c'est de ne pas les laisser nous paralyser. »

Blairounet, philosophe, renchérit posément : « Rouquin a raison, Tic-Tac. La peur n'est pas une faiblesse, c'est une composante de la vie. Il faut juste apprendre à l'apprivoiser, à en faire une alliée plutôt qu'une ennemie. »

Ragaillardi par ces paroles de sagesse, l'écureuil bomba le torse et déclara avec une résolution nouvelle : « Vous avez raison, mes amis ! Je ne peux pas laisser mes craintes dicter ma vie. Il est temps que j'affronte le monde, dans toute sa beauté et ses mystères ! »

Sur quoi, d'un bond gracieux, il descendit de son perchoir et vint se planter devant le trio, les yeux brillants d'excitation : « C'est décidé, je pars à l'aventure avec vous ! Enfin... pour une petite balade de reconnaissance, du moins. On ne devient pas intrépide du jour au lendemain, n'est-ce pas ? »

La fillette, ravie, applaudit à tout rompre : « Formidable, Tic-Tac ! Tu verras, on va bien s'amuser. Et qui sait, peut-être que tu trouveras de nouveaux trésors à rapporter dans ton garde-manger ! »

L'écureuil, tout émoustillé à cette perspective, frétilla de la queue : « Des trésors ? Tu veux dire... des noisettes rares, des glands inédits ? Oh, voilà qui aiguise ma curiosité ! Allons-y, mes amis, la quête des merveilles gustatives n'attend pas ! »

Rouquin, amusé par cet enthousiasme soudain, lança d'un ton goguenard : « Eh bien, eh bien, monsieur l'écureuil ! On dirait que la perspective d'étoffer son garde-manger vous donne des ailes ! Vous êtes sûr que ce n'est pas votre estomac, plutôt que votre bravoure, qui vous pousse à l'aventure ? »

Mais Tic-Tac, piqué au vif, se défendit avec ardeur : « Mille noisettes, messire Rouquin ! Mon estomac n'est pas mon seul guide, sachez-le ! J'ai soif de découvertes, moi, monsieur ! De rencontres, de paysages inexplorés, de sensations nouvelles... »

Blairounet, conciliant, tempéra les ardeurs de chacun : « Allons, allons, mes amis, ne nous chamaillons pas pour si peu. Que notre brave Tic-Tac soit mû par la curiosité ou la gourmandise, l'important est qu'il ose enfin se lancer dans l'aventure ! »

La fillette, toujours pragmatique, approuva vivement : « Blairounet a raison, trêve de disputes ! Nous avons une balade à commencer, et des merveilles à découvrir. En route, compagnons ! »

Sur quoi, nos quatre amis s'ébranlèrent d'un pas guilleret, Tic-Tac trottinant bravement en tête, le museau frémissant d'excitation.

« Oh, regardez, mes amis ! » s'écria l’écureuil soudain, en pointant du doigt un champignon aux couleurs chatoyantes. « Avez-vous déjà vu une chose pareille ? On dirait un petit chapiteau de fête ! »

Rouquin, toujours taquin, ne put s'empêcher de le titiller : « Un chapiteau de fête, vraiment ? Moi, je dirais plutôt un appât à gogos ! Méfie-toi, Tic-Tac, ce champignon est peut-être vénéneux... »

Mais l'écureuil, enhardi par sa trouvaille, ne se laissa pas démonter : « Vénéneux ? Allons donc, messire Renard ! Je m'y connais en champignons, voyez-vous. Celui-ci est un spécimen rare, j'en suis quasi certain ! »

Blairounet, intrigué, vint examiner le végétal de plus près : « Hum... En effet, sa forme et ses couleurs sont peu communes. Mais je serais d'avis de ne pas y goûter, tout de même. La prudence est mère de sûreté, comme dit le proverbe... »

La petite fille, fascinée, ne put résister à l'envie de le cueillir : « Oh, comme il est joli ! Je vais le ramasser, en souvenir de notre balade. Il trouvera sa place dans mon herbier ! »

Tic-Tac, ravi de cette attention, bomba le torse avec fierté : « Ah, tu vois, petite demoiselle ! Je savais bien que c'était une trouvaille de choix. Peut-être le début d'une longue série... »

Et de fait, tout au long de leur promenade, l'écureuil ne cessa de s'émerveiller devant les beautés de la nature. Ici, une fleur aux pétales délicats ; là, un scarabée aux reflets irisés ; plus loin, une pierre aux formes étranges...

Chaque découverte était pour lui source de joie et d'étonnement, comme s'il redécouvrait le monde à chaque pas. Et sa curiosité, loin de s'émousser, semblait croître à mesure qu'il explorait.

Rouquin lui-même, d'ordinaire si caustique, ne pouvait s'empêcher d'être touché par cet enthousiasme enfantin : « Eh bien, mon brave Tic-Tac, je dois reconnaître que ton œil est plus affûté que le mien ! Tu débusques des merveilles là où je ne vois que des banalités... »

L'écureuil, aux anges, lui adressa un sourire radieux : « Oh, messire Rouquin, c'est que tout est merveille, pour peu qu'on prenne la peine de regarder ! Le monde est un livre de contes, il suffit d'en tourner les pages... »

Blairounet, songeur, approuva d'un hochement de tête : « Voilà qui est joliment dit, mon ami. Ta curiosité est un précieux cadeau. Elle te permet de t'émerveiller sans cesse, de ne jamais tenir le monde pour acquis. »

La fillette, emballée, renchérit avec ferveur : « Oh oui, comme j'aimerais avoir ton regard, Tic-Tac ! Voir la magie là où les autres ne voient que du ordinaire ! Tu es un véritable enchanteur ! »

L'écureuil, confus devant tant de compliments, rosit jusqu'aux oreilles : « Oh, je ne sais pas si je mérite ces louanges, petite demoiselle... Je suis juste un modeste rongeur, avec ses petites lubies et ses grands étonnements... »

Mais Rouquin, d'humeur philosophe, déclara alors avec un clin d'œil : « Ne sois pas si modeste, l'ami ! Ta curiosité est une bénédiction, crois-moi. Car vois-tu, le monde appartient à ceux qui savent s'émerveiller. Les blasés et les grognons passent à côté de tout ! »

Tic-Tac grava aussitôt ces paroles dans son esprit. Et c'est le cœur léger et l'œil pétillant qu'il prit congé de ses nouveaux amis, avec la promesse de toujours cultiver sa curiosité et son émerveillement.

« Adieu, braves compagnons ! » lança-t-il en s'éloignant d'un pas guilleret. « Grâce à vous, je sais maintenant que la peur n'est rien face à l'appel de la découverte. Je m'en vais explorer le vaste monde... et peut-être, qui sait, en tirer de grandes leçons ! »

Sur quoi il disparut dans les fourrés, le cœur gonflé d'une joie nouvelle, tandis que nos trois amis reprenaient leur route, le sourire aux lèvres et des étoiles plein les yeux.

Comme l'avait si bien dit Rouquin : « Le monde appartient à ceux qui savent s'émerveiller. » Et nos amis comptaient bien en être, de ces émerveillés, de ces curieux insatiables qui font de chaque instant un trésor.

Ainsi se poursuivit leur périple, sous le signe de l'émerveillement et de la découverte. Chaque rencontre, chaque paysage était prétexte à s'extasier, à s'interroger, à élargir leur horizon.

La fillette, notamment, avait pris la leçon de Tic-Tac à cœur. Elle qui avait parfois tendance à se laisser gagner par la morosité, elle s'efforçait maintenant de voir la beauté en toute chose, même dans les détails les plus infimes.

« Regarde, Rouquin ! » s'écria-t-elle soudain, en désignant une minuscule fleur au bord du chemin. « As-tu déjà vu une corolle aussi délicate ? On dirait une petite robe de bal ! »

Le renard, amusé par cet enthousiasme, se pencha pour mieux observer la fleurette : « Ma foi, tu as raison, fillette ! Voilà une bien jolie danseuse... Qui aurait cru qu'un si petit être pouvait receler tant de grâce ? »

Blairounet, attendri par cet échange, ne put s'empêcher de philosopher : « C'est tout le secret de la nature, mes amis. Elle cache des merveilles dans ses moindres recoins. Il suffit d'avoir l'œil pour les débusquer... »

Ragaillardie par ces paroles, la petite fille se fit un devoir de guetter les "merveilles cachées" à chaque étape de leur périple. Ici, un nuage aux formes fantastiques ; là, un oiseau au chant mélodieux ; plus loin, un ruisseau aux reflets cristallins...

Chaque découverte était saluée par des cris de joie et des exclamations émerveillées, si bien que Rouquin lui-même finit par se prendre au jeu.

« Venez voir, vous deux ! » lança-t-il soudain, le museau pointé vers le ciel. « Cet arc-en-ciel, là-haut ! Avez-vous déjà vu pareilles couleurs ? On dirait un pont vers un autre monde ! »

Et Blairounet d'acquiescer, les yeux brillants : « Un pont vers l'imaginaire, assurément ! Comme si le ciel nous invitait à la rêverie... »

Tic-Tac, s'il avait été là, aurait été fier de ses élèves. Lui qui avait si longtemps cru que l'aventure se mesurait à l'aune des kilomètres parcourus, il aurait vu que le véritable voyage est celui qui se fait en soi, dans les contrées infinies de l'imaginaire et de l'émotion.

Car nos amis, à leur façon, étaient devenus des explorateurs de l'âme humaine. En s'émerveillant sans cesse, ils arpentaient les territoires de la joie, de la beauté, de l'étonnement. Et c'était là, assurément, le plus beau des périples.

« Savez-vous ce que je retiens de notre périple, mes amis ? » déclara Rouquin le soir, alors qu'ils se reposaient au coin d'un feu de camp. « Que la vraie sagesse n'est pas dans les grandes théories ni les beaux discours. Elle est dans l'étonnement de chaque instant, dans cette capacité à s'émerveiller que nous enseignent les enfants et les poètes. »

Et Blairounet d'approuver, le regard perdu dans les flammes : « Tu as raison, mon brave Rouquin. S'émerveiller, c'est résister à la banalité du monde. C'est ajouter de la beauté et du sens, là où d'autres ne voient que du vide et de l'ennui. »

Et au renard de résumer : « N'oubliez jamais, mes amis, que le véritable trésor est en nous. C'est notre capacité à nous étonner, à nous émerveiller, à sans cesse réinventer notre regard. Car tant que nous saurons voir la beauté du monde, nous ne serons jamais pauvres ni démunis. »

Et c'est sur ces mots que nos compagnons s'endormirent, le cœur léger et l'âme en paix. Le plus beau restait à venir.