Chapitre 9

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Le soleil déclinait doucement sur la forêt, la remplissant d'une lumière dorée qui semblait nimber chaque feuille d'une aura féerique. Tandis qu'ils cheminaient paisiblement en direction de la clairière aux histoires, la petite fille et ses deux compagnons, Rouquin le renard facétieux et Blairounet le blaireau mélancolique, savouraient la douceur de cette fin de journée.

Soudain, Rouquin s'arrêta net au milieu du sentier, les yeux pétillants d'une lueur espiègle. Se tournant vers la fillette, il demanda avec un large sourire :

« Dis-moi, ma grande, tu crois que ce soir le vieux hibou va encore nous la jouer mystérieux avec ses grands airs et ses énigmes à dormir debout ? »

La petite fille ne put s'empêcher de pouffer de rire en imaginant la scène.

« Oh, tu sais, je suis sûre qu'au fond, il adore ça ! Ça doit le changer de ses longues nuits solitaires à contempler les étoiles...»

Blairounet, qui s'était arrêté à son tour pour humer l'air du soir, ajouta d'un ton rêveur :

« Les étoiles... Comme autant de récits merveilleux qui n'attendent que d'être contés, nuit après nuit, pour consoler nos âmes esseulées...»

Rouquin leva les yeux au ciel d'un air faussement exaspéré, mais son sourire en coin trahissait son affection pour les élans lyriques de son ami.

Lorsqu'ils débouchèrent enfin dans la clairière, une joyeuse agitation y régnait. Tous les habitants de la forêt ou presque semblaient s'être donné rendez-vous pour cette nuit si spéciale. Des lampions multicolores avaient été accrochés aux branches basses, baignant les lieux d'une lumière chaleureuse qui faisait naître des reflets mordorés sur les fourrures et les plumages de l'assemblée.

Au centre de la clairière trônait le vénérable hibou, perché sur une large souche recouverte de mousse. En apercevant les trois amis, il bomba le torse d'un air solennel, resserrant les plis de sa cape argentée.

« Ah, vous voilà, jeunes gens ! Approchez donc, approchez, la nuit des Récits n'attendait plus que vous ! »

Puis, se penchant vers la petite fille, il ajouta sur le ton de la confidence, non sans un clin d'œil espiègle :

« Mais au fait, j'espère que Rouquin n'a pas profité du trajet pour te conter quelques-uns de ses fameux bobards, hein ? Tu sais qu'avec lui, il faut toujours faire la part du conte et de la réalité ! »

La fillette réprima un fou rire tandis que le renard, feignant l'indignation, s'exclamait d'un ton grandiloquent :

« Moi, colporter des sornettes ? Que nenni, mon bon Archimède ! Ou devrais-je dire... Attila ? »

Cette fois, ce fut au tour du hibou d'avoir l'air embarrassé, tandis qu'un murmure amusé parcourait l'assemblée. Se raclant la gorge pour se donner une contenance, il déclara d'une voix qu'il espérait ferme :

« Hum, merci de cette remarque, mon jeune ami à la langue trop bien pendue... Mais si nous en revenions plutôt à l'objet de cette soirée, hmm ? »

Rouquin, satisfait de sa petite diversion, acquiesça d'un signe de tête malicieux. Puis il alla s'installer confortablement au pied d'un grand chêne, bientôt rejoint par Blairounet et la petite fille qui se pelotonnèrent à ses côtés.

Une fois que chacun eut trouvé sa place, le hibou s'éclaircit solennellement la gorge, puis déclara d'une voix profonde :

« Mes chers amis, en ce soir de pleine lune, nous voici rassemblés pour perpétrer l'antique tradition de la nuit des Récits. Depuis la nuit des temps, c'est par le partage des histoires transmises de génération en génération que notre communauté se soude et que nos rêves prennent vie. Puisse la magie des mots nous transporter, le temps d'une veillée, vers des contrées merveilleuses... »

Sur ces paroles, il invita d'un signe de tête le premier conteur à prendre la parole. C'était un jeune lapereau, qui trépignait d'impatience à l'idée de narrer son récit.

« C'est l'histoire de mon grand-père », commença-t-il d'une voix fébrile, « le jour où il a parié qu'il serait capable d'avaler plus de carottes que son propre poids ! Imaginez un peu la scène : un lapin bedonnant, la truffe frémissante et les bajoues déjà pleines à craquer, qui s'empiffre sans discontinued carottes du matin au soir, jusqu'à ce que... »

Le lapereau poursuivit ainsi pendant de longues minutes, détaillant avec force mimiques et facéties les exploits de son aïeul glouton. La petite fille, d'abord amusée, sentait ses paupières s'alourdir au fil du récit. Elle avait beau lutter, sa tête devenait lourde et ses pensées brumeuses. Juste avant de sombrer dans une douce torpeur, blottie entre ses deux amis, elle eut le temps d'entendre Rouquin marmonner d'un ton ironique :

« Eh ben, elle promet d'être longue, cette nuit des récits... Si Jeannot Lapin nous la joue déjà épopée héroïque avec papy Pantagruel, qu'est-ce que ça va être quand le vieux blaireau va se mettre à philosopher sur le sens caché des rêves de carottes... »

Un bruit sourd de bourrade amicale lui répondit, tandis que Blairounet répliquait d'un ton faussement vexé :

« Dis donc, sale goujat, je t'interdis de profaner la poésie avec tes sarcasmes à deux sous ! »

« Chut, les garçons », souffla une voix douce comme du velours, « vous allez réveiller la petite... »

Tandis qu'ils se chamaillaient gentiment, la fillette sombrait dans un sommeil paisible, un sourire aux lèvres, bercée par la chaleur de leur affection.

Toute la nuit, les récits s'égrenèrent ainsi dans la clairière, tantôt drôles, tantôt émouvants, parfois mystérieux ou grinçants. Il y eut l'histoire d'une belette intrépide qui sauva son ami écureuil des griffes d'une horde de rats sanguinaires, la comptine douce-amère d'une fée éprise d'un mortel, le récit fascinant d'un voyage au-delà des montagnes brumeuses, dans un pays où les arbres parlaient et où les rivières chantaient.

La petite fille dormait toujours à poings fermés, lovée entre Rouquin et Blairounet qui veillaient tendrement sur son sommeil. Pourtant, au plus profond de ses rêves, elle voyait défiler les images merveilleuses évoquées par les contes, comme si les mots eux-mêmes trouvaient vie dans son esprit apaisé.

Vint alors le tour de Rouquin de prendre la parole. Se raclant la gorge d'un air théâtral, il se lança dans une histoire abracadabrantesque, pleine de péripéties loufoques et de rebondissements improbables.

« C'était par une nuit d'orage », commença-t-il d'une voix qui se voulait mystérieuse, « une de ces nuits où même les ombres semblent prendre vie. Je m'étais réfugié dans mon terrier douillet, rêvant de gâteaux au miel et de délices sucrés, quand soudain... Un bruit terrifiant me tira de mon sommeil ! Quelque chose grattait à l'entrée de mon antre, comme doté de mille griffes acérées... »

Le renard poursuivit ainsi pendant de longues minutes, décrivant avec moult détails et effets de manche sa terreur grandissante face à l'abominable créature qui s'approchait inexorablement.

« Je bandai alors mes muscles et sortis les crocs, prêt à affronter le monstre dans un combat épique dont on parlerait encore dans mille ans... quand soudain, à la lueur d'un éclair, je découvris l'affreuse vérité. L'immonde créature qui avait failli me faire mourir de peur... c'était un simple lombric égaré sur mon paillasson ! »

Un éclat de rire secoua l'assemblée tandis que Rouquin, feignant la honte, se cachait le museau dans ses pattes. Blairounet, hilare, lui administra une bourrade amicale.

« Sacré farceur, va ! Tu ne changeras jamais... Mais avoue que tu as un peu forcé sur les effets dramatiques, cette fois ! »

« Bah », répliqua le renard avec un clin d'œil, « il faut bien ça pour maintenir son public en haleine ! Et puis, qui n'a jamais frémi devant la menace terrible du ver de terre carnivore, hein ? »

Les rires fusèrent de plus belle, réveillant presque la fillette qui se retourna en grommelant, un vague sourire aux lèvres.

Quand le calme revint enfin, ce fut au tour de Blairounet de conter son récit. D'une voix douce et un peu rauque, il entonna ce qui ressemblait à un long poème en prose, une ode mystérieuse et envoûtante qui parlait du temps qui passe et de l'amour qui demeure, de la beauté cachée des choses simples et de l'espoir qui renaît à chaque printemps.

Au fil des strophes, un silence ému s'abattit sur l'assemblée. Même Rouquin, d'ordinaire si prompt à la facétie, se laissa emporter par la mélancolie douce-amère des mots de son ami. Lorsque Blairounet acheva son récit, nombre de museaux étaient humides de larmes et tous les regards brillaient d'une lueur attendrie.

Après un long moment de silence recueilli, une voix fluette s'éleva soudain. C'était une toute jeune lapine, dont les oreilles frémissaient d'émotion.

« Et la petite fille ? Est-ce qu'elle n'a pas une histoire à nous raconter, elle aussi ? » demanda-t-elle timidement.

Tous les regards se tournèrent alors vers l'enfant endormie, dont le visage paisible reflétait la douce lueur des lampions. Tendrement, Rouquin lui caressa les cheveux pour la réveiller en douceur.

« Hé, ma grande... C'est à ton tour, on dirait bien. Tu te sens de nous conter une petite histoire ? » murmura-t-il à son oreille.

Clignant des yeux, encore toute ensommeillée, la fillette se redressa lentement. Elle promena un instant son regard émerveillé sur l'assemblée suspendue à ses lèvres, comme si elle peinait encore à réaliser qu'elle ne rêvait pas. Puis, après s'être raclé doucement la gorge, elle se lança d'une voix claire :

« Il était une fois, dans une forêt lointaine, un petit écureuil qui rêvait de voler. Chaque jour, il observait les oiseaux qui virevoltaient dans le ciel et se languissait de les rejoindre, là-haut, par-delà la cime des arbres. »

« Mais les autres écureuils se moquaient de lui », enchaîna-t-elle en prenant une voix nasillarde. « 'Voyons, Pirouet, sois raisonnable ! Les écureuils ne sont pas faits pour avoir des ailes !' De désespoir, le petit Pirouet alla se réfugier au sommet du plus haut chêne de la forêt. »

La petite fille fit une pause, prenant le temps de balayer l'assemblée du regard. Tous l'écoutaient religieusement, suspendus à ses lèvres.

« C'est alors qu'un éclair déchira le ciel et que retentit un coup de tonnerre assourdissant », s'exclama-t-elle, faisant sursauter son auditoire. « Et devinez ce qui apparut devant le petit écureuil ? Une bonne fée, gracieuse et lumineuse comme un rayon de lune ! »

« 'Gentil Pirouet', dit la fée d'une voix mélodieuse, 'ton vœu le plus cher sera exaucé. Mais prends garde : comme tout cadeau des fées, il aura un prix.' Sur ces mots, elle fit apparaître dans un tourbillon d'étoiles deux magnifiques ailes aux reflets d'arc-en-ciel, qu'elle fixa sur le dos du petit écureuil ébahi. »

La fillette mima la scène, ouvrant de grands yeux émerveillés et battant des bras comme pour s'envoler.

« Ivre de bonheur, Pirouet s'éleva aussitôt dans les airs, virevoltant parmi les oiseaux stupéfaits. 'Regardez !', piaillaient-ils, 'Un écureuil qui vole !' Mais bientôt, tout à la griserie de son nouveau pouvoir, Pirouet oublia ses amis écureuils et se perdit dans l'immensité du ciel. »

La petite fille prit une mine chagrine, imitant la tristesse des amis de Pirouet.

« 'Il nous a abandonnés', soupiraient-ils. 'Dire qu'avant, on partageait tout : les noisettes, les jeux, les fous rires...'. En les entendant, Pirouet se sentit honteux et comprit qu'il avait fait une terrible erreur. Le prix à payer pour ses ailes était beaucoup trop lourd... »

« Alors, il retourna voir la fée et, avec ses excuses les plus sincères, lui rendit son cadeau. 'J'ai été stupide', reconnut-il humblement. 'J'ai cru qu'avoir des ailes comblerait tous mes désirs. Mais rien ne vaut l'amitié de ceux qu'on aime.' Touchée par sa sagesse, la fée le félicita et souffla : 'Tu as compris l'essentiel, petit écureuil. Chéris tes amis, chéris ta propre nature, et ton cœur volera plus haut que tous les oiseaux du ciel...' »

Sur ces mots, la petite fille s'inclina doucement, signifiant que son histoire était terminée. Pendant quelques instants, le silence régna dans la clairière, chacun méditant sur la portée du conte et les questions profondes qu'il soulevait.

Soudain, une voix bourrue s'éleva. C'était un vieux sanglier à l'air revêche, dont les yeux perçants brillaient d'une lueur inquisitrice sous ses sourcils en broussaille.

« Tout ça, c'est bien joli », grogna-t-il, « mais au fond, qu'est-ce que ça veut dire ? Que nous devrions renoncer à nos rêves, sous prétexte que notre nature nous impose des limites arbitraires ? »

La petite fille planta son regard dans celui du sanglier et répondit calmement :

« Je crois que mon histoire nous invite à chercher notre vérité intérieure. Pirouet a compris que son véritable bonheur résidait dans le lien qui l'unissait aux siens, au-delà de ses rêves de vol. »

Elle balaya l'assemblée du regard avant de poursuivre :

« Nos rêves ont un prix, et c'est à nous de décider si nous sommes prêts à le payer. Mais l'essentiel est de savoir ce qui donne un sens à notre existence : la réalisation à tout prix de nos chimères, ou l'harmonie qui naît de l'écoute de notre cœur. »

Le vieux sanglier inclina la tête avec respect.

« Tes paroles sont un puits de vérité, petite. Puissent-elles guider nos pas sur le chemin de l'existence. »

La petite fille lui sourit, tandis que chacun méditait ses paroles, y trouvant un écho de son propre cheminement intérieur.

Le hibou Archimède prit alors la parole :

« Cette enfant soulève des questions essentielles. Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour réaliser nos rêves ? Et si le véritable accomplissement résidait dans l'acceptation sereine de ce que nous sommes ? »

Une jeune biche intervint timidement :

« Peut-être que le plus important est de trouver un équilibre entre nos aspirations et notre nature profonde, sans sacrifier l'une à l'autre... »

La discussion se poursuivit ainsi, chacun apportant sa pierre à l'édifice d'une réflexion collective sur le sens de l'existence et la quête du bonheur.

Au cœur de ce bouillonnement d'idées, la petite fille demeurait pensive, prenant conscience du pouvoir des histoires pour élever les âmes et les cœurs. Avec ses mots simples, elle avait su toucher à l'universel, éveillant en chacun la flamme d'une sagesse intuitive trop souvent étouffée sous la cendre des certitudes toutes faites.

Rouquin se redressa soudain, une lueur malicieuse dans le regard.

« Tiens, ça me fait penser à ce drôle de sage qu'on a croisé l'autre jour ! Un vieil homme tout ratatiné, avec une barbichette en pointe et des yeux qui semblaient transpercer votre âme... »

Le hibou Archimède se pencha vers lui, soudain très intéressé.

« Ah oui ? Et que vous a-t-il dit, ce fameux sage ? »

Rouquin prit un air faussement détaché, savourant d'avance son petit effet.

« Oh, un truc comme quoi la vie n'a aucun sens, qu'on s'agite pour rien et que tout est voué au néant. Plutôt gai comme discours, hein ? »

Blairounet tressaillit, l'air soudain alarmé.

« Rouquin, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de répéter ce genre de choses... Ce sage avait l'air tellement amer, tellement désabusé... »

Le hibou intervint d'une voix grave, le regard soudain perçant.

« Mes jeunes amis, méfiez-vous de ce genre de discours. Ce sage dont vous parlez semble avoir sombré dans le piège du désenchantement. Croire que rien n'a de sens, c'est renoncer à chercher sa propre voie, sa propre lumière... »

Rouquin fit la moue, peu convaincu.

« Pfff, encore un sermon moralisateur ! Non mais sans blague, si même les sages se mettent à déprimer, où va-t-on ? »

Blairounet lui lança un regard de reproche.

« Enfin, Rouquin ! Un peu de sérieux ! Moi je pense qu'Archimède a raison. On ne peut pas se laisser abattre à la première difficulté, sinon autant renoncer tout de suite ! »

Le renard répliqua d'un ton moqueur :

« Mais oui, c'est ça ! Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu ! Non mais sérieusement, à quoi bon se voiler la face ? La vie est dure, cruelle et injuste. Alors tant qu'à faire, mieux vaut en profiter un max tant qu'on est là, non ? »

Indigné, le blaireau s'emporta :

« Espèce de sale égoïste ! Tu ne penses qu'à ton petit plaisir immédiat ! Et les autres, alors ? Et les valeurs, les idéaux ? Tu crois vraiment qu'on peut vivre sans y croire un minimum ? »

La dispute menaçait de s'envenimer quand soudain, la petite fille éleva la voix, les yeux brillants d'une sagesse inhabituelle.

« Rouquin, Blairounet, écoutez-moi. Je crois que vous avez tort tous les deux. Bien sûr que la vie est parfois dure et cruelle. Mais c'est justement à nous de lui donner un sens, par nos choix, nos rêves, nos actions... »

Les deux compères se figèrent, soudain penauds.

« Elle a raison », marmonna Rouquin. « On s'est un peu emballés, sur ce coup-là... »

Blairounet acquiesça, l'air contrit.

« Oui, pardon ma grande. Des fois, on oublie l'essentiel... »

La fillette leur sourit avec tendresse.

« Vous savez, c'est comme dans mon histoire avec l'écureuil. On a tous en nous cette petite voix qui nous pousse à croire, à espérer, à nous dépasser. Il suffit d'avoir le courage de l'écouter... »

Ému, Archimède hocha lentement la tête.

« Voilà une belle leçon de sagesse, ma petite. Tu as su trouver les mots justes. »

Puis, se tournant vers l'assemblée, il déclama d'une voix de basse profonde :

« Mes amis, gravez ces paroles dans vos cœurs. Le sens de la vie n'est pas un grand mystère caché : il est en chacun de vous, dans la force de vos rêves et la lumière de votre âme. Ne laissez personne vous en détourner... »

Et puis, il continua à l’adresse des trois compagnons.

« Ce sage que vous avez rencontré... Peut-être n'était-il pas celui que vous croyez. On murmure qu'il erre de par les bois, distillant ses paroles empoisonnées dans le cœur des créatures égarées. Mais d'aucuns prétendent qu'un autre sage, bien plus ancien et secret, se cacherait lui aussi au plus profond de la forêt... »

Les yeux d'Archimède étincelèrent d'une lueur étrange.

« Nul ne peut dire ce que cet être mystérieux réserve à ceux qui croiseraient sa route... Mais une chose est sûre : les réponses qu'il apporte ne sont jamais celles que l'on croit. Alors ouvrez l'œil... et gardez espoir. Qui sait de quoi demain sera fait ? »

Sur cette ultime leçon, le vieux hibou inclina solennellement la tête et, d'un puissant battement d'ailes, s'envola dans les premières lueurs de l'aube, bientôt avalé par la brume matinale.

Un long silence méditatif s'abattit sur la clairière. Puis Rouquin, fidèle à lui-même, avec la délicatesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine :

« Eh ben, mes aïeux ! Ça c'est ce que j'appelle une nuit des Récits ! De l'aventure, du rire, de l'émotion... et un hibou qui se la joue Sphinx avant de se tirer en mode dramaturge mélodrame ! Y'a pas à dire, on s'ennuie jamais avec vous ! »

« Rouquin ! » s'indigna Blairounet, lui flanquant un coup de coude dans les côtes. « Un peu de tenue, veux-tu ! C'est un sujet sensible ! »

Mais la petite fille éclata d'un rire frais et spontané, qui détendit aussitôt l'atmosphère. Essuyant une larme au coin de l'œil, elle déclara :

« En voilà une belle conclusion à cette nuit ! Une pincée de rire, une bonne dose de sagesse... et une maxime à méditer pour la route ! »

Se tournant vers Rouquin, elle ajouta avec un clin d'œil :

« Sans oublier un zeste d'humour douteux pour relever le tout ! »

Le renard bomba fièrement le torse et claironna :

« Eh ouais, faut bien mettre son grain de sel, dans la grande soupe de l'existence ! Et un renard dans votre besace, c'est le piment qui rehausse la saveur de la vie ! »

Sur cette maxime improvisée, ponctuée par les rires et les hourras, la joyeuse assemblée se dispersa lentement, le cœur et l'esprit remplis de rêves, de questions et de douce mélancolie.

La petite fille resta un long moment blottie entre Rouquin et Blairounet, savourant la quiétude de ce petit matin pas comme les autres. Puis, rayonnante d'une énergie nouvelle, elle bondit sur ses pieds et les entraîna à sa suite, prêts à vivre de nouvelles aventures à raconter à la prochaine nuit.

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