Chapitre 14

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Nos trois compères émergèrent des frondaisons, le pas hésitant mais le cœur gonflé d'espoir. Devant eux s'étendait un paysage dont l'étrangeté le disputait à la fascination : un entrelacs de chemins gris et durs, bordés de hautes structures anguleuses qui semblaient transpercer le ciel.

« Misère de misère... » souffla Blairounet, les yeux écarquillés. « On se croirait dans un monde à l'envers ! Où sont passés les arbres, les ruisseaux, les chants d'oiseaux ? »

Rouquin, l'œil alerte, renifla l'air avec une grimace éloquente. « Pouah ! Ça schlingue le chagrin et la peur à plein nez ! Pas étonnant que les humains aient l'air si malheureux, s'ils vivent dans un endroit pareil... »

Mais la petite fille, bravement, s'avança d'un pas. « Allons, les amis, ne nous laissons pas impressionner par les apparences ! Rappelez-vous les paroles du corbeau : c'est à nous d'apporter un peu de lumière et d'espoir dans ce monde en souffrance. »

Ragaillardis par l'enthousiasme de leur compagne, Blairounet et Rouquin lui emboîtèrent le pas, non sans un dernier regard nostalgique vers la lisière rassurante des bois.

Bientôt, ils débouchèrent sur ce qui ressemblait à une place centrale, vaste étendue d'un gris uniforme d'où partaient des artères secondaires. Partout, des humains allaient et venaient en tous sens, le regard absent, comme prisonniers d'une danse absurde et mécanique.

« Regardez-moi ça » marmonna Rouquin. « On dirait une colonie de fourmis qui auraient perdu la boussole. Ça court dans tous les sens sans but ni raison, en oubliant de lever le nez pour admirer le ciel... »

Au centre de la place trônait une étrange statue de métal, représentant un être humain figé dans une posture d'adoration, les mains tendues vers une énorme pièce de monnaie. Sur le socle était gravée une inscription sibylline : "Au Grand Dieu Argent, Moteur Universel."

Interloqué, Blairounet s'approcha pour déchiffrer ces mots mystérieux. « Grand Dieu Argent... Voilà bien une drôle de divinité ! Qu'a-t-elle donc de si précieux pour mériter pareille vénération ? »

C'est alors qu'une voix moqueuse s'éleva derrière eux :

« Précieux ? Ah, c'est peu de le dire, mon bon Blaireau ! L'argent est le soleil de leur existence, le sang de leur corps social. Sans lui, leur monde s'effondrerait comme un château de cartes ! »

Surpris, nos trois amis se retournèrent vivement. Devant eux se tenait un rat au pelage gris fer, le museau frémissant d'une ironie mordante.

« Permettez que je me présente », poursuivit le rongeur avec un semblant de révérence. « Arsène, philosophe des bas-fonds et observateur privilégié de la grande comédie humaine. Soyez les bienvenus dans mon royaume ! »

La petite fille, intriguée, s'avança d'un pas :

« Votre royaume ? Que voulez-vous dire, seigneur Rat ? Seriez-vous le maître de ce curieux pays ? »

Arsène eut un rire sarcastique, dévoilant ses incisives acérées.

« Le maître ? Oh non, fillette, loin de moi cette prétention ! Je ne suis qu'un humble spectateur, une sentinelle tapie dans l'ombre de leur glorieuse civilisation. Mais à force de les observer jour après jour, j'en suis venu à percer à jour leurs petits travers et leurs grandes illusions... »

Rouquin, la truffe frémissante, ne put s'empêcher d'intervenir :

« Des illusions, dites-vous ? Expliquez-vous, messire Rat, car pour l'instant tout cela est bien nébuleux ! En quoi ces braves humains seraient-ils prisonniers de chimères ? »

Le rat lissa ses moustaches d'un air entendu, savourant par avance son petit effet :

« Ah, mais tout dans leur monde n'est qu'illusion, mon cher renard ! L'illusion du bonheur qu'ils poursuivent à travers leurs possessions, l'illusion de la liberté alors qu'ils sont esclaves de mille carcans invisibles... Mais leur plus grande illusion est sans doute celle du sens, de la raison d'être. »

Il désigna d'un geste ample la statue du Grand Dieu Argent :

« Voyez-vous, en faisant de ce métal clinquant le centre de leur existence, ils se sont eux-mêmes enfermés dans un labyrinthe sans issue. Ils croient tout contrôler, dominer le monde par la seule force de leur volonté et de leurs écus... Mais en vérité, ce sont eux les éternels dominés, condamnés à courir après un mirage qui sans cesse leur échappe ! »

Un long silence accueillit cette sombre tirade, chacun méditant les paroles amères du rat philosophe.

Soudain, un vacarme assourdissant retentit, les faisant sursauter. Là-bas, à l'autre bout de la place, une nuée d'enfants venait d'apparaître, riant et hurlant dans une joyeuse cacophonie. Indifférents aux regards réprobateurs des passants, ils s'élançaient à la poursuite d'un ballon de toile rapiécé, virevoltant avec une grâce espiègle.

L'espace d'un instant, un sourire attendri éclaira le visage d'Arsène. « Ah, l'innocence de l'enfance... La seule chose pure et vraie au sein de cette vaste mascarade. Profitez-en tant qu'il est encore temps, petits fous, car bientôt le moule social fera son œuvre et brisera vos élans... »

Mais déjà la petite fille, emportée par l'enthousiasme, s'élançait dans la mêlée en poussant des cris de joie. « Venez, les amis ! Allons jouer avec eux, laissons l'espièglerie nous emporter ! »

D'abord interloqués, Rouquin et Blairounet échangèrent un regard complice, avant de s'élancer à leur tour dans une course folle. Bientôt, ce fut un tourbillon de rires et d'acrobaties, un instant de grâce au cœur de la grisaille urbaine.

Les enfants, d'abord surpris par ces compagnons de jeu inattendus, les accueillirent bien vite avec des cris de joie. Ensemble, ils inventèrent mille jeux, laissant libre cours à leur imagination et à leur soif de merveilleux.

Pendant ce temps, Arsène les observait à distance, un demi-sourire flottant sur son museau. « Les idiots... Ils croient le monde tout acquis. Mais la vie finira bien par les rattraper, avec son lot de trahisons et de larmes... »

Cependant, au fond de lui, une petite voix s'élevait, presque timidement. Et si le vieux rat se trompait ? Si le rire et la fantaisie n'étaient pas qu'une parenthèse illusoire, mais la clé même d'un monde différent ?

Lorsque nos amis le rejoignirent, essoufflés et hilares, il se surprit à les envier secrètement. Cette fraîcheur, cette légèreté qu'ils dégageaient... Comme un parfum de liberté au cœur du labyrinthe.

« Merci pour ce moment, les amis ! » s'exclama la fillette, les joues roses d'excitation. « Vous ne pouvez pas savoir comme ça fait du bien de se laisser aller, de redevenir un enfant l'espace d'un instant... »

Blairounet, philosophe, approuva d'un hochement de tête : « Tu as raison, ma grande. C'est peut-être ça, au fond, le secret de la vie : garder son âme d'enfant, sa capacité à s'émerveiller de tout, à croire en la beauté du monde envers et contre tout... »

Rouquin, l'œil pétillant de malice, renchérit avec enthousiasme : « Et à transformer le monde en un vaste terrain de jeu ! Parce que franchement, à quoi bon vivre si on ne peut pas s'amuser un peu en chemin ? »

Arsène, troublé malgré lui, se racla la gorge : « Votre insouciance a quelque chose de... rafraîchissant, je dois l'admettre. Mais ne vous y trompez pas, la réalité finira par vous rattraper. Ce monde n'est pas tendre avec les rêveurs et les idéalistes... »

La petite fille se planta devant lui, le regard brillant d'une détermination nouvelle :

« Et si c'était l'inverse, seigneur Rat ? Si c'était à nous de changer la réalité, de lui insuffler un peu de cette magie qui nous fait tant vibrer ? Après tout, le monde appartient à ceux qui osent le rêver différent ! »

Le rat eut un sourire énigmatique, presque attendri :

« Ah, jeunesse... Toujours prompte à refaire l'univers. Mais soit, j'admets que votre fougue a quelque chose de contagieux. Peut-être avez-vous raison, peut-être que rien n'est gravé dans le marbre... En tout cas, je sens que votre passage en ces lieux ne sera pas sans conséquences ! »

Sur cette prédiction sibylline, Arsène prit congé avec une ultime révérence, non sans leur avoir glissé un dernier conseil :

« Si d'aventure le labyrinthe des illusions menace de vous engloutir, n'oubliez jamais que la clé se trouve en vous. C'est dans votre cœur, dans votre capacité à vous émerveiller, que réside le véritable trésor. Alors accrochez-vous à cette étincelle, et ne la laissez jamais s'éteindre... »

Puis il se faufila dans une anfractuosité, se fondant dans les ombres avec un dernier rire sardonique.

Nos compagnons restèrent un long moment silencieux, méditant les paroles du philosophe souterrain. Puis Rouquin, fidèle à lui-même, s'exclama avec une joyeuse bravade :

« Et bien, mes amis, il a du toupet ce rat de bibliothèque ! Nous mettre en garde contre les illusions, alors que lui-même semble prisonnier d'une sacrée désillusion ! »

Blairounet, songeur, nuança d'une voix douce : « Je crois qu'Arsène n'a pas tout à fait tort, Rouquin. Ce monde regorge de mirages et de faux-semblants, qui peuvent facilement nous égarer. Mais il a aussi son lot de merveilles, pour peu qu'on sache les débusquer... »

La fillette, pensive, ajouta avec une tranquille assurance : « Tout est affaire de regard, au fond. Nous avons le choix : nous laisser happer par le labyrinthe, ou bien inventer notre propre chemin, pas après pas, guidés par notre petite musique intérieure... »

Regonflés à bloc par cet échange, nos trois amis reprirent leur périple au cœur de la cité des hommes, bien décidés à semer sur leur passage de petites graines d'émerveillement.

Ainsi, lorsqu'ils croisaient un passant à l'air triste et abattu, ils s'arrangeaient toujours pour lui arracher un sourire, que ce soit par une pirouette de Rouquin, un compliment de Blairounet ou une comptine de la fillette.

Devant une devanture terne et poussiéreuse, ils s'amusaient à mimer la vitrine idéale, débordant de trésors naturels et de fantaisie enfantine. Au détour d'une rue sans charme, ils prenaient un malin plaisir à danser, chanter, ravivant l'espace d'un instant les couleurs d'un monde oublié.

Et peu à peu, par touches discrètes, la magie opérait. Les regards s'illuminaient, les bouches retrouvaient le chemin du sourire, les corps semblaient se délester d'un poids invisible. Comme si l'étincelle revenue, l'espace d'un instant, leur avait redonné goût à la vraie vie, celle qui coule, légère, sous l'écorce des apparences.

Bien sûr, tous ne réagissaient pas avec le même enthousiasme. Certains fronçaient les sourcils, marmonnant dans leur barbe contre ces hurluberlu qui bousculaient leur morne routine. D'autres haussaient les épaules, déjà repris par le tourbillon de leurs préoccupations.

Mais nos amis ne se décourageaient pas, convaincus que chaque geste, chaque rire semé était un pas de plus vers un monde réenchanté. Car ils savaient, au plus profond d'eux-mêmes, que c'était là leur mission, la raison d'être de leur improbable équipée.

« Hé, les copains ! » lança soudain Rouquin, le museau frémissant. « Regardez un peu ce type, là-bas, avec son drôle d'engin sur l'épaule. On dirait qu'il capture des bouts de réalité dans une boîte magique ! »

Intrigués, Blairounet et la petite fille suivirent son regard. À quelques pas d'eux se tenait un curieux personnage, affublé d'une longue écharpe bariolée et d'un couvre-chef extravagant. Entre ses mains, un étrange appareil émettait d'intrigants cliquetis, immortalisant goulûment la moindre parcelle de vie.

Rouquin, malicieux, ne put résister à l'envie d'aller l'asticoter. D'un bond facétieux, il se planta devant l'objectif, prenant une pose avantageuse.

« Hé l'ami ! Tu veux mon meilleur profil ? Prends-moi côté face, c'est là que mon charme naturel s'exprime le mieux ! »

L'homme, d'abord interloqué, ne tarda pas à éclater d'un rire tonitruant. « Sacré renard, va ! Tu ferais un sacré modèle... Allez, fais-moi voir un peu ton joli minois, qu'on immortalise ça ! »

Ravi de se prêter au jeu, Rouquin enchaîna les postures, tandis que ses deux compagnons l'observaient en pouffant de rire. Le curieux personnage mitraillait la scène avec un enthousiasme contagieux, commentant chaque cliché d'une voix chantante.

« Ah, quel tableau ! Un renard farceur, un blaireau rêveur et une enfant philosophe... Voilà un trio peu banal, on se croirait dans un conte ! »

Soudain, il abaissa son appareil et les dévisagea avec une intensité nouvelle, comme s'il cherchait à lire au plus profond de leurs âmes.

« Mais dites-moi... Que viennent donc faire trois créatures de la forêt au cœur de notre labyrinthe urbain ? Seriez-vous en quête de quelque trésor fabuleux ? »

La petite fille lui adressa un sourire lumineux, répondant avec une simplicité désarmante :

« Le plus précieux des trésors, messire : celui de la sagesse et de l'émerveillement. Nous sommes venus réenchanter votre monde, lui rappeler que la vraie richesse est dans les choses simples, celles que l'on ne peut acheter... »

L'homme resta un long moment silencieux, comme soufflé par la profondeur de ces paroles. Puis il s'inclina avec respect, les yeux soudain embués :

« Réenchanter notre monde... Par ma foi, voilà une noble quête ! Je sens que nos chemins devaient se croiser, mes amis. Car voyez-vous, tel est aussi mon humble dessein, à travers mes clichés et mes vagabondages... »

Nos trois compagnons l'écoutaient avec fascination, suspendus à ses lèvres.

« Oh, je sais ce que vous pensez : encore un doux rêveur, un utopiste qui refuse de voir la noirceur du monde ! Mais je reste convaincu que la beauté est partout, pour peu qu'on prenne la peine de la débusquer. C'est le rôle de l'artiste, après tout : révéler l'extraordinaire dans l'ordinaire, la poésie dans le prosaïque... »

Et joignant le geste à la parole, il se mit à faire défiler ses clichés, dévoilant une réalité insoupçonnée. Ici, le sourire édenté mais radieux d'un vieux mendiant. Là, la grâce fugitive d'une fleur s'épanouissant dans une fissure du trottoir. Plus loin, le regard pétillant d'un enfant perdu dans un monde imaginaire, indifférent au vacarme de la rue...

« Vous voyez, mes amis ? La magie est là, tapie dans chaque instant. Libre à nous de la célébrer, de la partager... C'est ainsi que, petit à petit, on redonne un peu de couleur et de rêve à ce monde trop souvent désenchanté. »

Émus aux larmes, Rouquin, Blairounet et la petite fille se pressaient autour du joyeux bonhomme, buvant ses paroles comme un nectar précieux.

« Comme c'est beau, ce que vous dites là ! » s'exclama la fillette, les yeux brillants d'émerveillement. « C'est tellement proche de ce que nous ressentons, de ce que nous essayons de transmettre à notre humble niveau... »

Blairounet, philosophe, approuva d'un hochement de tête : « Vous avez raison, cher ami. La beauté, la poésie sont des armes puissantes pour lutter contre la morosité ambiante. Des phares dans la nuit, qui nous guident vers un ailleurs plus lumineux... »

Rouquin, malicieux, ne put s'empêcher d'ajouter avec un clin d'œil : « Et le rire, alors ? N'oublions pas le rire, ce baume miraculeux qui soigne tous les maux ! Un bon éclat de rire, c'est comme un feu d'artifice dans le cœur : ça illumine tout sur son passage ! »

Le curieux personnage partit d'un grand rire, ébouriffant affectueusement le pelage du facétieux renard. « Je vois que monsieur est un sage ! Oui, le rire est essentiel. Après tout, quel meilleur pied de nez au désenchantement que la joie pure, l'humour libérateur ? »

Puis, se redressant d'un bond, il ajouta avec une lueur espiègle au fond des yeux : « Mais assez bavardé, il est temps de passer à l'action ! Que diriez-vous de m'accompagner dans ma traque du merveilleux ? Ensemble, nous pourrions semer un joyeux bazar dans ce labyrinthe trop sage... Qu'en pensez-vous, aventuriers ? »

La proposition fut accueillie avec des hourras enthousiastes. Et c'est ainsi que nos quatre amis s'élancèrent dans les rues, bien décidés à réveiller la belle au bois dormant enfouie sous le gris quotidien.

Guidés par l'œil malicieux de l'artiste, ils se mirent à débusquer la magie dans chaque recoin, chaque scène anodine. Un rien les faisait s'extasier : la lumière dorée sur un mur décrépi, le reflet d'un visage dans une flaque, une comptine fredonnée par une marchande des quatre saisons...

Et chaque fois, l'homme à l'appareil photo immortalisait l'instant, comme pour en exhausser la grâce fugitive. Puis il interpellait les passants médusés, les invitant à partager son émerveillement :

« Hé, messieurs-dames, venez voir ! La vie est belle, il suffit d'ouvrir les yeux ! Laissez donc un instant vos soucis de côté, et plongez avec nous dans l'extraordinaire de l'ordinaire ! »

D'abord méfiants, les badauds ne tardaient pas à se laisser gagner par l'enthousiasme contagieux du quatuor. Bientôt, des attroupements se formaient, chacun y allant de son anecdote, de sa petite touche de poésie.

« C'est vrai, ça ! Moi, ce que j'aime, c'est le bruit de la pluie sur les toits. Ça me rappelle mon enfance à la campagne, quand je m'endormais bercé par cette douce musique... »

« Et ces odeurs de pain chaud qui s'échappent de la boulangerie ? À chaque fois, c'est comme une madeleine de Proust, un ticket direct pour le pays des merveilles ! »

Attentif à ces confidences, à ces petits riens qui emplissaient les cœurs d'une joie simple, l'homme à l'appareil photo les immortalisait en riant, constituant peu à peu la plus belle collection : celle des éclats de vie et de rêve.

Nos trois compagnons, eux, ne se lassaient pas d'apporter leur petite touche personnelle. Rouquin distillait ses facéties, Blairounet ses réflexions profondes, la petite fille ses chansons venues d'ailleurs.

Lorsque les rires et les sourires fusaient, ils échangeaient des regards brillants de bonheur, conscients d'avoir allumé une petite flamme dans le cœur de ces humains trop souvent désabusés.

Le soir venu, c'est fourbus mais heureux qu'ils prirent congé de l'artiste enchanteur, non sans une kyrielle de promesses et d'accolades émues.

« Merci pour cette leçon de vie, mes amis. Grâce à vous, je sais que je ne suis pas seul à vouloir réenchanter le monde. Continuez à semer votre petit grain de folie, et croyez bien que je ferai de même, à travers mes pérégrinations... »

La petite fille, les larmes aux yeux, le serra longuement dans ses bras : « Merci à vous, pour nous avoir montré que la beauté est une arme de construction massive... Un remède tout puissant contre la grisaille des âmes ! »

Blairounet, ébranlé dans ses certitudes, murmura avec émotion : « Vos mots et vos images m'ont appris que même au cœur du labyrinthe, il existe des Ariane pour nous guider vers la lumière... Des passeurs d'émerveillement, des conteurs de l'indicible... »

Rouquin, incorrigible, conclut d'une pirouette : « Et n'oubliez pas notre devise : un brin de fantaisie dans ce monde de fou, c'est la plus grande sagesse ! Alors lâchez-vous, la vie est une fête dont vous êtes l'invité d'honneur ! »

C'est le cœur réchauffé et l'âme en joie que nos trois amis reprirent leur route, suivis par les vivats et les conseils avisés de l'artiste.

Ils savaient désormais qu'ils n'étaient pas seuls dans leur croisade. Que d'autres, humains ou animaux, partageaient leur rêve d'une réalité transfigurée, d'un quotidien réenchanté.

« Réenchanter le monde... » fredonnait la petite fille, comme une incantation, un mantra porteur d'espoir. « Voilà un beau programme, tout compte fait ! »

Blairounet, songeur, approuvait d'un sourire : « Oui, et tout commence par une étincelle au fond de soi. Cette capacité à s'émerveiller sans cesse, à chérir les petits riens qui colorent le présent... »

Rouquin, guilleret, sautillait en tête de cortège : « Et surtout, ne jamais se prendre au sérieux ! Le monde a tellement besoin de loufoquerie, d'extravagance assumée ! Alors en avant, les amis, répandons la bonne parole à tous vents ! »

Telle une joyeuse procession, ils s'enfonçaient dans le labyrinthe urbain, bien décidés à égarer tous ceux qu'ils croiseraient... Les égarer, oui, mais sur les chemins de la beauté, du rêve et de la fantaisie !

Ainsi s'achevait une journée pas comme les autres, au cœur de cette cité grise où s'était répandue, le temps d'un rayon de soleil, une épidémie d'émerveillement.

La mission ne faisait que commencer pour nos vaillants aventuriers, mais une chose était sûre : le monde ne serait plus jamais comme avant. Car partout où ils passeraient, ils laisseraient dans leur sillage une traînée de paillettes, d'éclats de rire et de regards étoilés.

C'était ça, leur magie à eux. Leur façon bien à eux de réenchanter la vie, envers et contre tout. Un sourire à la fois, un soupçon d'extravagance après l'autre.

Et si d'aventure, le doute ou la lassitude les saisissaient, ils savaient qu'ils pourraient toujours compter les uns sur les autres. Se ressourcer à la chaleur de leur amitié, à la lumière jamais éteinte de leurs rêves partagés.

Rouquin, farceur, résuma leur état d'esprit d'une ultime facétie :

« Hé, les amis, vous connaissez la meilleure façon de réveiller un monde endormi ? Avec un bon coup de pied aux fesses de la morosité ! Alors en avant, et que notre bonne humeur soit contagieuse ! »

Sur cet adage pétillant, ponctué des éclats de rire de ses comparses, notre trio repartit bon pied bon œil, prêt à affronter de nouvelles aventures pleines de poésie et d'imprévus.

La nuit pouvait bien tomber sur la ville, ils étaient désormais les flambeaux incandescents d'un rêve éveillé. Les hérauts d'une réalité plus vaste, plus intense, plus belle.

Maintenant, c'était à eux d'en écrire les chapitres, avec la grâce et l'inventivité des funambules du merveilleux.

Puisse leur magie opérer longtemps, tissant son fil d'or dans la trame de ce monde trop souvent en mal d'enchantement !

Et si d'aventure vous les croisez au coin d'une rue, n'hésitez pas à vous joindre à leur joyeuse farandole...

C'est qu'ils n'attendent que ça, nos incorrigibles rêveurs : que chacun devienne à son tour le héros de sa propre histoire...

L'histoire d'une vie réenchantée, contre vents et marées !

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