Chapitre 2
Je regardais cette grande brune aux cheveux légèrement ondulés. Elle était belle dans cette robe de cocktail qui mettait en avant sa poitrine et sa cambrure. Le satin violet réhaussait ses yeux noisette. Elle était sexy aussi avec la jupe fendue jusqu'à mi cuisse et le décolleté dans le dos retenu par une chaînette dorée. Je me tournai alors vers la styliste et la félicitai.
— Cette robe est parfaite, je m'y sens vraiment bien.
— Elle s'adapte parfaitement à votre silhouette et met en valeur vos atouts.
Je soupçonnais la styliste de mon frère d'être attirée par moi. Je me faisais peut-être des idées mais elle avait laissé ses mains s'attarder sur ma poitrine et mes fesses au delà du normal. Je me sentais d'autant plus sexy qu'elle m'avait fait ôter mes sous-vêtements prétextant que la finesse du tissu ne souffrait aucune démarcation. Je lui souris et fus flattée de voir la convoitise dans ses yeux verts. Si je n'étais pas si pressée par le temps je me serais laissée tenter. Pas que j'aimais les femmes mais plutôt le sexe peu importe son genre. Elle dut voir mon hésitation car elle me sourit et déposa un baiser tout près de mes lèvres juste avant de s'éclipser. Je ne vis que plus tard le mot qu'elle m'avait laissé avec son numéro de téléphone. Un simple "Appelle-moi" signé de son nom sucré : Candy. Je souris et le rangeai précieusement. Cela pourrait être utile un soir où j'aurais envie d'expérimenter le sexe saphique. Je pris le temps de me laver, me bichonner sous toutes les coutures. Ces galas avaient beau être d'un ennui mortel, je n'étais pas à l'abri de rencontrer un mâle qui puisse me satisfaire. Je secouais la tête dépitée devant mon manque de volonté. Huit jours d'abstinence et je me préparais à me jeter sur le premier mec à la virilité suffisante.
Comme convenu, mon frère vint me chercher. Il était superbe dans son costume Armani gris anthracite. Il avait un petit bleu violet, assorti à ma robe. Je m'installai à ses côtés. Il me salua rapidement me demandant comment j'allais avant de replonger son nez dans son téléphone sans même écouter ma réponse. Quand je me souciais encore de mon frère je m'amusais à lui raconter n'importe quoi et il acquiesçait à tout. Je ricanais toute seule. Aujourd'hui son inintérêt me vexait et je me sentais passablement humiliée. Alors je faisais de même, regardant pour ma part la vue de la ville par la vitre de la voiture.
Comme n'importe quelle grande soirée des photographes nous attendaient à l'entrée et nous prirent à parti pour glaner quelques clichés. Je jouais le jeu comme Diego l'avait exigé et je me laissais guider jusque dans le grand hall de l'hôtel où se déroulait le gala. Tout n'était que luxe et lumière. Je devais convenir que le faste du lieu en imposait. Il y avait déjà beaucoup de monde d'arrivé et les conversations hypocrites allaient bon train. Diego nous prit une coupe sur le plateau d'un serveur passant par là et me fit promettre que ce serait la seule que je boirais ce soir. Bon sang je n'avais pas quinze ans !
Il nous guida à travers la pièce s'arrêtant pour saluer telle ou telle célébrité ou bien pour taquiner quelque concurrent. Je jouais mon rôle de potiche à la perfection et lorsque nous passâmes à table, il me souffla qu'il était content de moi. Youpi !
Nous étions une dizaine autour de la table, un couple était déjà installé quand nous nous assîmes à notre tour. La jeune femme me complimenta sur ma tenue m'avouant qu'elle était jalouse de me voir dans la robe de la dernière collection d'un styliste en vogue. Je remerciais intérieurement mon frère et sa styliste de m'avoir vêtue. Je lui renvoyais le compliment qu'elle accepta volontiers. Son compagnon ne m'avait pas lâché du regard suivant notre conversation. Je jetais un oeil sur lui de temps à autre. Il dégageait une aura séductrice impressionnante. J'enviais Emy, sa compagne. Il incarnait la virilité et le sex-appeal. Et je ne l'avais vu qu'assis et vêtu d'un costume austère. Je rougis quand je pensais que j'aimerais le voir nu. Indifférent à ce qu'il se passait, mon frère quant à lui envoyait un message à sa femme.
La table se compléta petit à petit. Emy adressa la parole à chaque invité avec un compliment pour les dames. Elle se conduisait comme une parfaite hôtesse. J'appris au fil de la conversation qu'elle était l'organisatrice du gala. Elle s'éclipsa d'ailleurs plusieurs fois pour saluer telle ou telle personne importante. Elle fut la seule à m'adresser la parole. L'homme quant à lui arrêta de me fixer mais me jetait de temps à autre un coup d'œil appréciatif au vue de son sourire en coin. Finalement, l'ennui prit le pas sur l'accueil chaleureux d'Emy et une furieuse envie de fermer les yeux me prit. Je m'excusais alors et filais aux toilettes pour me rafraîchir. Mon frère m'en voudrait si je piquais du nez dans mon assiette.
Alors que je faisais mes petites affaires, deux personnes entrèrent, elles ne vérifièrent pas qu'elles étaient seules avant de se jeter l'une sur l'autre si j'en croyais les deux paires de chaussures que j'apercevais sous la porte. La femme portait des chaussures noires vernies à semelle rouge avec des talons aiguilles vertigineux. L'homme quant à lui portait des souliers de marque, noires et stylées. Je remarquai cependant qu'un lacet était rouge. Je l'entendis grogner :
— Ces talons te font des jambes de fou, je rêve de te prendre avec, complètement nue.
La dame gloussa, ce n'était pas très glamour selon moi, mais bon je n'étais pas sensée assister à ça. Je vis le pantalon du monsieur descendre sur ses chevilles.
— Tu avais prévu ton coup, tu n'as même pas mis de caleçon.
— Toujours prêt pour toi ma belle.
La jeune femme s'agenouilla et fit probablement une fellation. L'homme l'encourageait et la flattait. Je dus admettre que la situation bien qu'incongrue, m'excitait quelque peu.
— Retourne-toi chérie je veux me vider dans ta chatte.
J'entendis le bruit d'un emballage que l'on déchire et la pochette d'une capote grande taille tomba devant ma porte. La dame se retourna et s'appuya contre la porte des toilettes où je me trouvais. C'en suivit une suite de coups de butoir et de râles. Jusqu'à ce que l'extase cueille les deux amants. Ils se rhabillèrent tout en s'embrassant si j'en jugeais les bruits. J'eus peur de me faire prendre quand l'homme passa son bras sous ma porte pour attraper l'emballage du préservatif qui avait glissé dans ma cabine. J'eus le réflexe de lever les pieds. J'avais envie de rire et me mordis les lèvres pour me retenir. Finalement ils quittèrent les lieux et je pus me laisser aller. Quel revirement de situation ! Je n'avais plus sommeil ni envie de partir. Je n'avais qu'une envie maintenant : retrouver les propriétaires de ces chaussures !
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