Je fus surprise en arrivant au boulot le lendemain. John me demandait de venir le voir dans son bureau dès mon arrivée. Je pris cependant le temps de prendre un café pour chacun de nous en passant. Je toquai à la porte et entrai quand j'en reçus l'autorisation.

- Bonjour Bella. Merci pour le café mais vous n'étiez pas obligée.

- Je le sais bien.

- Ça n'a pas l'air d'aller. Vous avez passé une mauvaise soirée ?

- Non !

Je sentis mes joues rougirent.

- L'étalon que vous m'avez envoyé à assurer, j'ai adoré cette expérience. Je pense que JJ aussi. Je me suis assoupie avant de pouvoir le lui demander.

- Je suis certain qu'il aura apprécié le spectacle. Mais cela n'explique pas votre mine contrariée.

- OH ! C'est mon frère, il m'a encore demandé de l'accompagner à un gala. Nous ne nous entendons pas très bien et le suivre à ce genre d'événements ne m'enchante guère.

- Si je vous disais que nos amis y seront ce soir-là. C'est bien au gala de samedi au Golden Hill ?

- Oui !

Il me redonnait espoir. Je n'allais peut-être pas passer une si mauvaise soirée.

- Qui retrouverons-nous ?

- Stella doit m'accompagner et d'autres habitués.

- JJ sera là ?

- Vous le lui demanderez. Me répondit-il avec un sourire énigmatique. Je songeais que vous aimeriez peut-être participer au spectacle auquel vous avez assisté la dernière fois. Il me semble que cela vous avait émoustillé.

L'idée me plaisait beaucoup. Je ne pouvais nier que je m'étais longtemps imaginée à la place de Stella. Je souris un peu rêveuse.

- Voilà le sourire vous va tellement mieux. Je ferai en sorte que nous nous trouvions à la même table.

- J'en serais très heureuse.

Je ne savais comment interpréter le regard qu'il me portait. Ce n'était pas vraiment désagréable ni dérangeant, mais il dura un peu trop longtemps et me mit mal à l'aise. Je me raclais doucement la gorge ce qui le fit revenir à lui.

- Pardon. Je vous ai fait venir pour tout autre chose, j'ai un important client chinois qui doit venir la semaine prochaine et je souhaiterai établir un contrat qui respecterait nos lois et les leurs.

Il m'expliqua rapidement ce qu'il attendait de moi des termes et de l'objet du contrat. Je pris note et filai me mettre au travail. J'avais hâte de m'y mettre. J'avais une vraie passion pour le droit et si certains trouvaient qu'être juriste était barbant, j'y trouvais une source de plaisir et d'exaltation inépuisable. J'aimais étudier les textes de lois et ceux des pays étrangers savaient satisfaire ma curiosité.

Je pus présenter une première ébauche à John à la fin de la journée. Il me proposa que l'on aille boire un verre afin d'échanger là-dessus. Nous allâmes de l'autre côté de la rue, le bar ne payait pas de mine mais déplaçait les foules : leurs cocktails étaient une tuerie. Quand j'entrai aux côtés de John je me rendis compte que j'avais oublié qu'il était en fauteuil. L'accessibilité était limitée et clairement il galérait. Je fis signe au serveur de venir nous aider. Celui-ci parut surpris et quitta finalement son poste pour venir nous aider. Je poussais le fauteuil tandis que ce dernier libérait le chemin.

- Désolé nous n'avons pas l'habitude de recevoir des personnes en fauteuil.

- C'est vrai que l'accessibilité n'est pas idéale. Répliquai-je pour rester polie.

Je ne voyais pas le visage de John, j'espérais qu'il ne soit pas mal à l'aise ou gêné. Je me fustigeai pour avoir choisi cet endroit pas vraiment adapté pour les fauteuils. On nous installa et alors que je défaisais mon manteau et m'asseyais je sentais le regard de John qui me scrutait intensément. Je levai enfin le visage pour plonger mes yeux dans les siens. Son regard était toujours aussi intense et contrairement à ce que je m'attendais il n'y avait aucune gêne ou agacement. Il semblait amusé et fier. Quand il comprit ma surprise de le voir réagir ainsi, il s'explique :

- Vous savez Bella, j'ai vécu des situations bien plus désagréables. Je n'ai aucune raison de me sentir mal à l'aise. Et vous avez si bien pris ma défense que je ne puis prendre ombrage.

Rassurée, je souris. Je me rendais compte que son opinion sur moi avait de l'importance et j'aimais beaucoup la manière dont il me regardait.

- Je vous propose un jeu, déclara-t-il, je choisis pour vous et vous choisissez pour moi.

J'acquiesçai, je trouvais cela plutôt amusant et puis j'avais en tête le cocktail parfait pour lui.

- Pour vous ma chère, je vais prendre un Sexy Betty. Il doit être aussi délicieux que beau. Comme vous Bellissima.

Il me regarda avec une telle intensité que je rougis comme une tomate. Ce jeu de séduction chez n'importe qui d'autre m'aurait agacé mais chez lui, je devenais une ado gloussante et rougissant. Je me raclai la gorge et lui proposai :

- Pour vous John, je verrais bien un Grand Bleu.

- Pourquoi l'avoir choisi Bella ?

- Pour vos yeux hypnotiques. Je crois que je pourrais m'y perdre parfois.

- J'aime l'idée que vous vous perdiez dans mes yeux autant que j'aimerai me perdre en vous Bella.

Waouh ! Il était direct. Bon il était vrai que nous étions tous les deux membres d'un site pour rencontres coquines, il n'y avait pas de raison pour tourner autour du pot. Il me plaisait beaucoup mais j'avais envie de le connaître et pas seulement sexuellement.

- Désolé mon commentaire était déplacé. Je suis désolé si je vous ai mise mal à l'aise.

Je chassais la main son commentaire.

- Ce n'est pas grave John. Cela me permet de me rendre compte que j'ai envie de vous connaître.

- Vraiment ? Pour devenir ami ?

Je sentais qu’il amenait une carte décisive dans la conversation et je n'avais pas nécessairement envie de le friendzoner. J'avoue qu'il me plaisait aussi et que si l'occasion se présentait je ne me gênerais pas pour en faire mon quatre-heures.

- Pas seulement John. Je ne sais pas encore quel mot mettre dessus. Vous me plaisez et je ne veux pas nous limiter à du sexe ou bien de l'amitié.

Ma réponse sembla lui plaire. Il se détendit et ses yeux se plissèrent avec malice. Il attrapa ma main et y déposa ses lèvres. Son contact m'électrisa. Mon sourire s'agrandit et des papillons volèrent dans mon estomac. Étrange sensation que je n'avais pas ressentie depuis mon béguin d'adolescente pour Marcus, capitaine de l'équipe de foot du collège.

Nos cocktails arrivèrent et nous les partageâmes. Nous échangeâmes sur nos goûts et nous parlâmes de nous, nos enfances quelque peu similaires. Il avait aussi abordé l'accident qui lui avait volé ses jambes. Il avait fait une mauvaise chute au ski, il n'était plus retourné à la montagne et détestait la neige depuis. Il avait appris à vivre avec et puis il avait assez de force pour y arriver, il aurait pu perdre tellement plus ce jour-là. Je serrai mes doigts autour de sa main, compatissante.

Il y eut quelques silences, mais aucun n'était gênant. Nous nous souriions les yeux dans les yeux. Ce moment fut doux et agréable comme le cocktail qu'il m'avait choisi. Nous nous quittâmes sans vraiment parler du contrat, quand je le lui signalai il haussa les épaules et me dit que nous verrions cela le lundi suivant.

- J'ai hâte de te voir demain. Tu portes tellement bien les robes de soirée.

Sa remarque me fit comme un électrochoc : la robe ! Je n'avais rien à me mettre pour le gala !

Je l'embrassai sur la joue et le remerciai rapidement pour le cocktail et filai au plus vite à la maison. Il fallait que je contacte JJ pour qu'il me trouve une robe et Julia pour la coiffure et le maquillage... À moins que je ne demande à la styliste de mon frère, j'avais encore sa carte.