Chapitre 15
- John ? Mon dieu John ! Pourquoi votre intendante ne peut vous soigner ?
Il grogna dans son délire fiévreux. Je crus reconnaître mon prénom dans les grommellements qui sortirent de sa bouche. Je posais ma main sur son front brûlant.
- John, il faut faire baisser la fièvre. Je vais vous faire couler un bain tiède pour faire descendre la température.
Je regardais autour de moi et trouvai sans difficulté la salle de bain attenante. La baignoire était immense et surtout avec un système pour installer une personne non valide. Je mis l'eau à couler, m'assurais que la température soit un peu en dessous de 37 degrés. Quand je revins auprès de John, il avait cette fois les yeux ouverts. Bon point pour moi, j'avais besoin de son aide pour le mettre dans son fauteuil puis dans la chaise à lever du bain.
- John, c'est moi Bella. Je vais vous aider à vous asseoir.
Il comprit ce que je voulais et s'appuyant et se tenant à moi, il parvint à se mettre sur son fauteuil. Je le poussais vers la salle de bain. La baignoire était suffisamment remplie, je lui ôtai son tee-shirt et hésitai à en faire de même avec son caleçon. Finalement je le lui laissais. Si j'avais été à sa place j'aurai apprécié de garder mes sous-vêtements. La manœuvre pour le faire entrer dans la baignoire ne fut pas simple et plus d'une fois je crus qu'il allait tomber. Il frissonna quand il entra en contact avec l'eau. Tous ces déplacements l'avaient épuisé, il luttait pour rester éveillé. Je craignais qu'il ne s'endorme dans le bain et qu'il glisse. Je ne savais que faire. Il faudrait que je puisse le maintenir. Je ne voyais pas trente-six manières. Je me dévêtis rapidement sous l'œil épuisé de mon patron :
- Désolée pour le striptease maladroit, mais vous n'êtes pas en état d'en profiter de toute façon !
Je restais en sous-vêtements et me glissais derrière lui. Nous avions largement assez de place. Il posa sa tête sur mon épaule et j'encadrais son buste avec mes jambes. Je lui pris une main et entrepris de le masser. Je connaissais quelques points de réflexologie qui sauraient l'apaiser. Son souffle se calma progressivement et sa température baissa. Il pivota sa tête de manière à poser son nez contre mon cou.
- Merci Bella, chuchota John contre ma peau me faisant vibrer.
- De rien John, je ne suis même pas sûre d'avoir fait ce qu'il fallait vraiment. Êtes-vous malade ? J'aurais peut-être dû appeler les secours !
Il bougea la tête de droite à gauche.
- Non, c'est ma maladie. Après de gros efforts ou trop de stress, mon corps se rebelle. Il devient un ennemi pour lui-même.
- Vous...
- Tu. Tutoie-moi Bella.
- Tu n'as pas de traitement pour soulager cela ?
- Si, mais quand la crise arrive il n'y a rien à faire à part attendre que cela passe.
- Tu trembles. Tu as froid ?
- Un peu.
Je posai ma main sur son front. Il paraissait moins chaud. Je sortis alors de l'eau, me couvris d'un peignoir et entrepris de le lever. Il semblait plus alerte, bien que les mouvements semblaient le faire souffrir. Il contractait sa mâchoire si dure que je ne pouvais imaginer à quel point cela lui faisait mal. Je me dépêchai alors et le couvris rapidement de serviettes tièdes pour le réchauffer. Sa proximité me faisait frissonner. Prise dans l'action je ne m'étais pas rendue compte de l'intimité de mes gestes et de l'effet de nos corps et nos souffles si proches.
Je lui séchais les cheveux et je l'entendis alors grogner.
- Je te fais mal ? Ça ne va pas ?
- Non ça ne va pas. Je suis tellement faible que je ne peux même pas profiter des merveilles que j'ai sous les yeux.
Je suivis son regard et je me rendis compte que ma posture et l'entrebâillement du peignoir lui offraient le spectacle de mes seins dans la lingerie blanche rendue transparente par l'eau. Je rougis et me grattais la gorge mal à l'aise.
- Désolé Bella.
- Tu n'as pas à l'être. Je suis contente que tu aies assez confiance en moi pour me demander de l'aide.
Il posa son front sur le mien et soupira :
- Ce n'est pas comme ça que j'aurais voulu te séduire. Tu me vois dans un des pires moments de ma maladie.
- N'aie pas peur de te montrer tel que tu es. Tu me plais comme ça : sincère et honnête. Bon dis-moi où te trouver des vêtements propres tu vas attraper froid comme ça.
Il me guida dans son immense dressing et me montra les tiroirs qui pouvaient m'être utiles.
- Prends ce qu'il faut pour toi, tu ne vas pas rester avec tes sous-vêtements mouillés.
Le moment le plus difficile fut de lui ôter son caleçon mouillé pour lui en remettre un sec. Bon il fut gentleman et me demanda juste de le monter à ses genoux, il fit ensuite le reste. Bien que j'avais évité de lorgner sur son entrejambe, j'avais pu constater une bosse plutôt conséquente sous le tissu. Je rougis, encore. Une fois tous les deux changés je nous réinstallais dans son lit. Il se blottit dans mes bras. Je passais mes doigts dans ses cheveux et le berçais tranquillement. Je ne sais comment mais nous nous assoupîmes tous les deux. Les deux nuits précédentes, trop courtes eurent raison de moi et je m'endormis assez profondément. Ce furent des baisers dans le cou qui me tirèrent du sommeil. Des mains parcouraient mon ventre et ma taille sans jamais aller dans les zones plus intimes.
Mes yeux papillonnèrent et je vis la tignasse brune de mon patron. Il releva la tête, souriant.
- Bien dormi bellissima Bella ?
- Oui j'étais fatiguée je crois. Et toi ? Comment te sens-tu ?
- Beaucoup mieux. Et puis j'ai faim.
Il grogna cette dernière phrase contre la peau de mon épaule qu'il mordit ensuite. Son geste m'excita et me fit rire. Je repris pour le taquiner :
- De quoi as-tu faim ?
- De toi. Mais je ne suis pas assez en forme pour m'occuper de toi. Je n'ai pas mangé depuis deux jours, il me faut d'abord de la nourriture avant de consommer tes célestes appâts.
Je pouffais comme une ado et me levais pour l'aider à en faire autant. Je retrouvais le John séducteur et plein d'humour. J'étais rassurée : il allait mieux. Il était plus de vingt-et-une heures quand nous nous retrouvâmes dans sa cuisine ultra moderne. Il pouvait se débrouiller seul avec beaucoup d'aisance. C'était fascinant de le voir s'affairer dans cet espace.
- Installe-toi. Je vais voir ce que nous a laissé Hilda.
Voyant ma mine circonspecte, il ajouta :
- Mon intendante. Ah ! Voilà ! Lasagnes d'épinards ou tian de légumes ?
- Lasagnes !
- C'est parti !
Il sortit le plat du frigo et le mit au four. Il me passa les assiettes et les couverts. Il nous servit de l'eau pétillante et nous trinquâmes avec amusement. C'était un moment simple et agréable.
- Tu vis seul ici ?
Il acquiesça en buvant.
- Hilda travaille ici dans les moments de la journée où j'ai besoin d'elle. Sam me sert de chauffeur. Martha aide Hilda pour le ménage et les courses.
- Tu reçois beaucoup ?
- Pas tellement, j'ai un cercle d'amis assez restreint. Je n'ai jamais invité de femme ici si c'est ta question. Tu es la première.
Je m'empourprais, il avait su me percer à jour. Il me restait cependant une question : pouvait-il avoir des rapports avec les femmes ? Où couchait-il avec elles ? Il ne devait pas les sélectionner selon qu'elle habite un lieu adapté.
- Je vois les rouages de ton cerveau. Je vais dans un club select pour rencontrer des femmes ayant envie de coucher avec moi. Tu es la première que je choisis vraiment.
- Tu veux coucher avec moi ?
La question m'échappa. J'appréhendais la réponse. Je ne savais pas ce que je voulais vraiment mais je sentais que sa réponse serait déterminante.
- Oui et tellement plus encore.
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