Chapitre 24

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Je me posais mille questions. Que faisait mon frère chez John ? Il avait l'air de bien le connaître. Et il savait pour le club. Bon sang dans quoi étais-je tombée ? Un fort sentiment de trahison se logea dans ma gorge. Mes yeux se chargèrent d'eau sans pourtant laisser échapper une seule larme.

J'envoyai alors un message à John. Je ne voulais plus de secret, de fausse identité.

Quand tu auras fini avec mon frère, tu voudras bien m'expliquer ? Appelle-moi.

Je passais la plus horrible des nuits. Il ne rappela pas, l'aube pointait ses premiers rayons et je n'avais ni dormi ni eu de réponse de John. J'hésitais à ne pas aller travailler, surtout quand je vis le zombi cerné qui me faisait face dans le miroir. Mais si John ne venait pas à moi, je le confronterais au bureau. Je pris une bonne douche bien chaude pour dénouer mes muscles las. Je n'avais pas vraiment l'énergie pour me battre aujourd'hui, mais je comptais tout de même en faire baver à John. Je n'admettais pas qu'il m'ignore de cette façon surtout en sachant que j’avais entendu le début de la conversation avec mon frère. Je choisis de mettre une jupe de tailleur qui mettait en valeur mes fesses, taille haute il affinait ma silhouette. Je pris un soutien-gorge en dentelle diaphane qui laissait apercevoir mes tétons. J'ajoutai un chemisier en soie, légèrement transparent à la lumière. Je défis un bouton de plus que d'habitude. Il allait en baver.

J'arrivais au travail en conquistador, étrangement je n'étais plus transparente, je revendiquais haut et fort ma féminité, et tous ceux que je croisais que ce soit homme ou femme, me regardèrent. Je reçus même quelques compliments. Je déposai mes affaires à mon poste et filai au bureau de John. Celui-ci était vide. J'avisai sa secrétaire qui paraissait au bord de la panique :

- Que se passe-t-il ? Où est John ?

Les larmes aux yeux elle répondit :

- Si je le savais cela m'arrangerait. Il est absent sans n’avoir prévenu ni donné de consigne. Le téléphone ne fait que sonner et ...

- Annule ses rendez-vous de la journée, décale-les si c'est possible. Je me charge de le retrouver, je te préviens dès que j'en sais plus.

Elle hocha la tête et sembla retrouver la maîtrise d'elle-même. Elle avait juste besoin qu'on lui dise quoi faire. Je lui demandais si elle pouvait se charger de répondre à mon poste si j'avais un quelconque appel, puisque je devais m'absenter pour retrouver le boss. Elle acquiesça et répondit à l'appel qui venait de faire sonner son téléphone. Je fis le chemin inverse, récupérant mes affaires au passage. Je sortis mon téléphone et appelai John. Mon appel résonna dans le vide. Je repensais à sa crise et craignais qu'il fut seul chez lui en mauvaise posture. Je tentais d'avoir Stella. Elle me répondit rapidement avec son enthousiasme habituel.

- Que me vaut le plaisir Bella ?

- Tu as eu des nouvelles de John récemment ?

- Pas depuis hier après-midi pourquoi ?

Sa voix devint plus inquiète.

- Il n'est pas au bureau et ne répond pas au téléphone. Je file chez lui.

- Ok je vais essayer de mon côté. Tiens-moi au courant.

Je raccrochai rapidement et jurai après John. Au volant de ma voiture, je mis le kit main-libre et appelai mon frère.

- Bella ! Quelle surprise de t'avoir au téléphone.

Sa voix trahissait de la nervosité. Le fourbe avait quelque chose à se reprocher, mais ce n'était pas le moment de mettre les choses au clair. Ce n'était pas le genre de John de faire le mort comme ça.

- Diego, est-ce que tu as des nouvelles de John ? Il était comment quand tu l'as laissé ?

- De quoi tu parles Bella ? Je ne ...

- Arrête de faire l'innocent je vous ai entendu, j'étais en ligne avec John quand tu es arrivé.

- Alors tu sais ce qu'il en est.

- Non, je ne sais pas Diego et j'ai bien l'intention de te faire cracher le morceau, mais là John n'est pas au bureau sans avoir prévenu et il ne répond pas au téléphone. Je suis inquiète.

- Tu tiens vraiment à lui alors.

- Oui Diego, il me plaît, je me sens bien avec lui.

- J'ai bien vu que tu étais différente depuis quelques temps, plus sûre de toi, plus souriante aussi...

- Où est John, Diego ?

- Je ne sais pas je l'ai quitté trente minutes après être arrivé, il allait bien, en tout cas physiquement. Je crois qu'il a été un peu ébranlé par ce que je lui ai dit.

- Que lui as-tu dit ?

- Je ...

- Diego crache le morceau !

- Je suis au courant pour les pratiques un peu... spéciales de son club et je refuse que tu y ailles. Il n'avait pas le droit de te ...

- De me quoi Diego ? De me rendre heureuse ? de m'aider à m'épanouir ? à aimer mon corps ? à m'ouvrir aux autres ?

- Hum... ok. Je comprends j'ai merdé, je n'aurais pas dû intervenir. Mais je peux t'assurer qu'il allait bien quand je suis reparti.

- Je te laisse, j'arrive chez lui.

- Eh ! Bella ? dit-il alors que j'allais couper la communication. Tu me tiens au courant d'accord ?

- Ok Diego. A plus tard.

J'étais surprise par le changement d'attitude de mon frère, il était si froid et désintéressé de ce que je pouvais vivre. Je me rendais compte que ce n'étais qu'une façade. Il était impliqué, s'inquiétait pour moi, mais au lieu de me parler, il prenait des décisions pour moi, malmenant mes petits-amis, enquêtant sur mes proches. Il ne savait pas comment s'occuper de sa petite-sœur en fait. Il avait oublié que j'étais une femme depuis un bout de temps et que mes choix m'appartenaient. Je faisais certainement des erreurs, mais il devait me laisser les faire pour que je puisse grandir et m'épanouir, que je sache ce qui était important pour moi, ce que je voulais vraiment.

Je passais la grille de chez John et fut accueillie par son intendante.

- Bonjour miss Bella. Que nous vaut votre visite ?

- John est ici ?

- Monsieur Johanson est sorti ce matin très tôt. Il était parti avant que je n'arrive.

- Je n'arrive pas à le joindre sur son téléphone portable et il n'est pas au bureau. personne ne l'a vu depuis hier soir.

- Il a oublié son téléphone dans l'entrée, mais il est bien parti avec ses papiers. Il a dû prendre un taxi, car la voiture est toujours là. Je n'en sais pas plus. Je suis désolée mademoiselle.

- Ce n'est rien. Merci à vous de m'avoir répondu.

Je fis demi-tour et montai en voiture. Je ne savais pas où aller ? Le club ? Chez moi ?

- Bon sang ! Où es-tu passé John !?

Comme pour répondre à cette question la pluie se mit à tomber. Un rideau d'eau lui boucha la vue. Impuissante, inquiète, les larmes qui menaçaient depuis la veille coulèrent sur mes joues. J'étais perdue, je ne savais que faire. J'avisais l'heure : onze heures. J'attendis que l'averse se calme et je repartis, sans but d'abord, puis, prise d'une inspiration soudaine, je fis demi-tour. Malheureusement, ma manœuvre ne fut pas maîtrisée, l'eau ayant diminué l'adhérence, mes pneus glissèrent sur l'asphalte, ma voiture tourbillonna me brassant dans tous les sens, et fut arrêtée par deux phares et un klaxon qui percuta le côté passager. Une douleur fulgurante me prit dans le dos et ma tête cogna contre la vitre, m'assommant. Les ténèbres m'emportèrent.

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