Chapitre 31

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Finalement, je restais auprès de John un mois entier. La journée, je travaillais avec Judith et la nuit je profitais de la chaleur des bras de mon amoureux. Nous étions bien. Loin de tous les soucis de la ville et du quotidien, dans notre bulle. Malheureusement, nous savions que cela ne durerait pas éternellement, John avait une entreprise à faire tourner et, bien qu'il déléguait beaucoup de choses à ses directeurs, il ne pouvait échapper à ses responsabilités. Par ailleurs, Diego me tannait pour que je vienne voir ma nièce. Nous décidâmes alors qu'il était temps de clore cette jolie parenthèse.

— Tu as tout ? me demanda pour la cinquième fois Judith.

— Oui, c'est bon et puis si j'ai oublié quelque chose, ce ne sera pas perdu.

Je lui souris et ouvris les bras pour l'embrasser. Elle allait me manquer. C'était elle que j'aurais aimé mettre dans mes bagages. Nous nous fîmes mille promesses : celle de garder contact, celle de se revoir très vite, celle de ne pas s'oublier...

Le trajet du retour fut à la fois long et trop court. Long car j'étais véritablement partie à l'autre bout du pays et court car plus nous nous rapprochions de notre destination plus je sentais cette boule m'obstruer la gorge. Étais-je prête à retrouver ma vie d'avant ? Je n'en avais pas envie. Il n'y avait que John que je voulais garder et mon frère bien sûr mais je ne voulais plus vivre ce quotidien monotone. Dans la boutique de Judith, au milieu des fleurs j'avais découvert le plaisir de chaque journée différente, celui de faire du Beau. Je voulais remplir ma vie de belles choses. Pas de choses qui s'achètent, non : des sourires, des regards, des gestes amicaux et tendres. Je voulais vivre des petits riens qui embellissent la vie. J'en fis part à John :

— Chéri ?

— Hum ?

— Tu sais, je ne vais pas retourner travailler dans l'entreprise.

— Comme tu veux Bella. Je voyais bien que ton ancien poste ne te rendait pas heureuse. Si tu veux Stella pourra reprendre ton bilan de compétences.

— Non, je sais ce que j'ai envie de faire, j'ai adoré vendre des fleurs, faire des bouquets.

Il hocha la tête, un léger sourire sur les lèvres. Il me caressa la joue ses yeux tendres posés sur moi. Il me déposa un baiser léger sur les lèvres et me glissa à l'oreille :

— Tout ce que tu veux mon amour.

Rassurée, je demandai à John si nous pouvions passer par mon appartement, que je puisse récupérer quelques affaires avant que l'on aille chez lui. A cette demande, je vis ses yeux briller d'une étrange émotion, inquiète je l'interrogeai :

— Quelque chose ne va pas ?

— Tout va plus que bien bellissima Bella. Je suis heureux que tu n'envisages pas d'autres endroits que chez moi pour passer les prochains jours. J'avais un peu peur que tu veuilles rentrer chez toi.

— John, chez moi c'est avec toi maintenant. Si je suis incertaine pour beaucoup de choses, celle-là est une vraie certitude.

Il attrapa ma nuque et plaqua ses lèvres sur les miennes. Son baiser était brûlant, empressé et passionné. Essoufflés, nous arrêtâmes notre échange, posant nos fronts l'un contre l'autre.

— Si tu savais à quel point je t'aime, Bella et que tu me rends heureux. Je ne pensais pas que l'on pouvait ressentir des émotions aussi fortes.

Je ne répondis rien, émue par ses mots. La voiture s'arrêta et le chauffeur nous informa que nous étions arrivés. Je quittais John quelques minutes. Il me fit accompagner par son chauffeur pour porter mes affaires. Alors que j'arrivais sur le palier, je remarquai de la lumière sous ma porte. Je fis signe au chauffeur de John, qui comprit ce que je lui montrai. Il passa devant moi et toqua chez moi. Je me demandais qui pouvait bien s'être introduit dans mon appartement. Peu de personne avait la clé, la porte ne semblait pas fracturée. Mon cœur s'accéléra quand enfin on vint ouvrir. Je ne vis pas tout de suite la personne, masquée par la carrure du chauffeur.

— Oui ? C'est pourquoi ?

Sans attendre, je poussai le corps de mon garde du corps et fonçai dans les bras d'Auréline.

— Bella ?

— Aurel ! Ça fait tellement longtemps ? Que fais-tu là ? J'ai eu une sacrée frousse !

Elle rit :

— Hey doucement Bella !

— C'est qui ? entendis-je venant du salon.

Aurel répondit à Julia, la propriétaire de la voix. Sans attendre, Aurel s'effaça pour nous laisser entrer.

— John n'est pas avec toi ?

Julia fit les gros yeux à Aurel :

— Tu te souviens que l'appart est au quatrième sans ascenseur et que John est en fauteuil ?

— Ah oui ! Désolée, j'avais oublié ! Comment vas-tu Bella ? Je crois que tu as pleins de choses à nous raconter !

— Je vous retourne la pareille les filles ! Que faites-vous là ?

— Oh ! c'est notre nouveau rituel depuis que tu es partie et quand Aurel est dans le coin, on se fait une soirée ciné chez toi.

Je levais les yeux au ciel, il n'y avait qu'elles pour inventer ce genre de chose.

— Je... John m'attend en bas. On peut se voir demain ?

Aurel grimaça :

— Je décolle pour Miami à la première heure demain. Je ne reviens pas avant un mois.

— Ok, je descends prévenir John que je reste ce soir avec vous, il faut qu'on parle. J'ai beau être fatiguée, j'ai vraiment envie de rester.

Elles hochèrent la tête et sans attendre je fis demi-tour. Je vis bien que John était contrarié, il se retenait de me dire qu'il ne voulait pas me laisser. Mais je lui certifiais que je pouvais le rejoindre dans la nuit s'il me laissait son chauffeur. Je lui proposais même qu'on le monte chez moi.

— Ce n'est pas facile pour moi de te laisser, je ne sais pas si j'arriverais à dormir, mais tu es libre Bella et si tu as besoin de passer du temps avec tes amies, je le comprends et je l'accepte.

— Je t'aime John. Tu es un homme merveilleux. J'ai vraiment de la chance de t'avoir dans ma vie.

Je me blottis dans ses bras et l'embrassai à en perdre haleine. J'essayais de le rassurer. Nous ne serions séparés que quelques heures.

— Si tu veux vraiment rentrer, appelle-moi je t'enverrais mon chauffeur.

Je remontai et retrouvai mes amies. Elles avaient ajouté un verre et quelques encas. Je me rafraîchis et les rejoignis.

— Bon, alors ! Raconte-nous tout !

Nous passâmes une partie de la nuit à échanger sur mon aventure à l'autre bout du pays, en reprenant au moment de l'accident. Ce que j'aimais avec mes amies c'était qu'elles ne s'offusquaient pas de mon long silence. Je les retrouvais comme si nous nous étions quittées la veille. Elles rirent et pleurèrent avec moi. Elles s'excusèrent aussi d'avoir contribué au plan de John pour me séduire. Elles se justifièrent en me disant qu'elles pensaient que c'était une bonne chose et que j'aurais su le repousser s'il ne correspondait pas à mes attentes. Je vis alors ma rencontre avec John sous une autre perspective. Certes, il avait manigancé les choses pour que je le suive mais j'ai toujours été libre de dire non.

Tard dans la nuit, les filles s'étaient endormies. Je regardais le plafond ne trouvant pas mon sommeil. John me manquait. J'étais irrémédiablement amoureuse de cet homme au point de ne plus pouvoir dormir sans lui... S'il s'était agi d'une autre que moi, j'aurais trouvé cela pathétique. Sans faire de bruit, j'appelai John. Il répondit aussitôt :

— Ça va ?

— Je n'arrive pas à dormir.

— Je t'envoie la voiture. Attends mon message avant de descendre.

Moins d'une heure plus tard, je me blottissais dans les bras de mon amant. Je soupirais de bien-être, ce qui fit rire John. Finalement, le sommeil nous cueillit sans tarder.

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