Chapitre 2
Il est 7h30 quand les marmots débarquent dans la chambre. Un peu plus de 6 ans déjà que Karine et John n’ont plus de grasse-matinée, un peu plus de 6 ans que Léa est née, embellissant leurs journées, raccourcissant leurs nuits. Les enfants se mettent à sauter sur le lit, Karine décide de se lever et de laisser John, à moitié endormi, en prise avec ses chers chérubins.
« Debout ! Debout ! Debout ! Crie les enfants déchainés.
— Mmh… Grrr… Grogne le papa.
— Debout ! Debout ! Debout ! Continuent-ils, inlassablement, tout en sautant sur le lit.
— Groar ! Je vais vous MANGER ! Niark Niark Niark ! »
Une bagarre bonne enfant démarre sur le lit. Deux diaboliques enfants contre le géant mangeur de petits garçons et de petites filles. Vaincu, le géant doit déclarer forfait. Tout le monde se lève pour se rendre à la cuisine et prendre un petit-déjeuner copieux. Demain John fera des crêpes, mais pour ce matin, il n’a pas eu le temps de préparer la pâte. Il aime bien gâter ses enfants, et soulager sa femme de ce genre de tâches le week-end. C’est vrai qu’en semaine il n’est guère présent. Il a conscience de beaucoup sacrifier pour son travail.
Mais ce matin il n’est pas question de penser à la semaine passée. L’objectif est de se détendre et s’amuser en famille. Il faut profiter que les températures sont encore agréables, cet après-midi sera consacré au repos et aux activités d’intérieur, au frais.
Le parc se situe à cinq minutes de la maison. C’est d’ailleurs le critère déterminant dans le choix de cette petite maison de banlieue. Un parc arboré, permettant des promenades à l’ombre et en sécurité loin des voitures et autres véhicules de toutes sortes. Seuls les jeunes enfants sont autorisés à utiliser vélo, trottinettes ou rollers. L’arrosage intensif étant interdit depuis quelques années maintenant, l’herbe est déjà jaunie. Nous ne sommes pourtant qu’en mai. Les chênes verts, amandiers, marronniers se succèdent. Certains n’ont pas survécu à l’hiver, après des années de chocs thermiques et de manque d’eau. De nouvelles espèces, plus adaptées au niveau climat, font leur apparition afin de couvrir les zones délaissées par des arbres inadaptés. On n’y peut rien pense John.
Assis sur un banc, Karine et John regardent leurs enfants s’égailler sur les jeux. Léa tente de convaincre son petit frère d’entamer l’escalade d’un jeu trop grand pour lui. Finalement, elle préfère le laisser seul pour rejoindre le toboggan des « grands ». Karine pose sa tête sur l’épaule de John, il lui caresse doucement la tête. Heureusement qu’il y a ces quelques moments de complicité pour oublier la semaine de travail et oublier tous les soucis. Ces adultes amoureux regardent leurs enfants avec envie, ils aimeraient rire de tout et ne pas penser à l’avenir. Juste profiter du moment présent et s’amuser de choses simples.
Une fois le parc traversé, Karine et John décident de passer devant les quelques commerces de la ville. À côté d’une boutique de souvenirs, un marchand de glace.
« Attends Karine, je vais voir si je trouve un truc à l’intérieur. Prends-leur une glace.
— Oh oui ! Une glace ! Clame en cœur les deux enfants.
— Une glace à cette heure ? Ce n’est pas raisonnable. Et en plus on va bientôt manger. Répond sévèrement Karine.
— Ooooh… S’exclament, déçus, Léa et Axel.
— Faisons une exception, pour cette fois. Histoire que je passe pour le meilleur père du monde. Et puis il fait chaud… Négocie John.
— Et moi je passe pour la mère rabat-joie. Allez les enfants, vous voulez quoi ? Une seule boule par contre ! »
Cinq minutes plus tard John sort du magasin avec un petit objet pendant qu’Axel, Léa et Karine dégustent un cornet de glace.
« Et moi ? Proteste John.
— Toi tu n’avais qu’à être là. Le taquine Karine.
— C’est quoi ça ? Demande Léa en désignant l’objet dans les mains de son père.
— Axel, Léa, approchez-vous, je vais vous montrer. Dit John d’une voix pleine de mystères. »
Accroupi face à ses deux enfants, John dévoile une petite boule avec une petite maison miniature à l’intérieur, entourée de quelques sapins.
« Regardez ! Dit John en secouant la boule. »
De petits grains blancs prennent leur envol et tourbillonnent autour de la minuscule maison.
« Ça c’est de la neige.
— Oh c’est zoli. Répond Axel en zozotant.
— Mais c’est pas froid ! Observe Léa en touchant la boule.
— Effectivement, ce n’est pas de la vraie neige. La vraie c’est un tout petit peu plus gros et quand tu la mets sur la langue, cela ressemble à la glace que vous êtes en train de dévorer. Explique John.
— Il fut un temps où nous pouvions en voir ici, même si c’était rare. Complète Karine.
— Et pourquoi qu’on en voit pas ? S’interroge Axel.
— Parce-que le climat a changé. Répond Karine. Désormais il faut aller dans des pays très froids, au nord. »
Au moment de se remettre en chemin, John remarque une larme sur la joue de son épouse. Il l’essuie discrètement du dos de sa main.
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