Chapitre 3.2

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En sortant de la douche, je le rejoins dans le salon. Oscar pose son téléphone et me sourit.

  • Des nouvelles de ta sœur ?
  • Non. Surtout pas.
  • Vous ne vous entendez pas trop ?
  • Si. Mais... On a six ans de différence, et elle a du mal à réaliser que son « petit frère » est un adulte de vingt-deux ans. C'est une habitude pour elle de débarquer ici sans prévenir : elle dépose un truc dans le frigo sans raison, ou elle emprunte quelque chose, ou juste pour dire bonjour. Je suis content de la voir, hein, c'est pas ça le problème mais : prévenir, bordel, pré-ve-nir. Regarde : elle aurait pu ouvrir la porte pendant que...

 Il se coupe, et rougit légèrement. Il semblerait qu'il ne trouve pas de fin adaptée à cette phrase. L'occasion est bien trop belle, et je me bride à ne pas le piquer de nouveau.

  • Pendant que tu me dis bonne nuit ?
  • … Oui. Voilà. Par exemple.

 Je lui adresse un clin d’œil, et me sers un nouveau café.

  • Un autre ? Tu bois beaucoup de café ?
  • Habile changement de sujet, dis-je en souriant.
  • Euh, non non, pas du tout.
  • On en était donc à...
  • Alix...
  • Ta sœur.

 Il fronce les sourcils, visiblement surpris par ma réplique.

  • Elle débarque sans prévenir pour déposer à dîner dans ton frigo. C'est mignon, en fait, quand on y pense, tu ne trouves pas ? Un peu maladroit, mais... mignon. Oh, attends, ça me fait penser à quelqu'un ?...

 Je le regarde par dessus ma tasse fumante. Il affiche un air coupable, puis je le vois grommeler depuis le canapé. J'étouffe un rire. Définitivement mignon.

  • Et toi ? Tu auras rencontré pas mal de gens de mon entourage au final, et moi je ne connais rien de toi.
  • Je suis fille unique.
  • Ah.
  • Qu'est-ce que je peux te raconter ? Comme je t'avais dit à Barcelone, ma famille est éparpillée en Bretagne, et moi et mes parents vivons à Nantes. Ce n'est presque plus dans la région. Mon cousin aussi vit à Nantes, je suis très proche de lui. J'ai des amis en France, bien sûr, et depuis cette année j'ai aussi des amis à Madrid. Ce sont des gens très normaux, il n'y a pas grand chose à en dire. Ils sont mignons, ils débarquent parfois sans prévenir, et quand ils ont bu, ils sont pénibles.

 Il sourit, se lève et vient vers moi.

  • Tu voudras sortir, ensuite ?
  • Qu'as-tu prévu ?
  • Si tu veux de l'agitation, les festivités continuent à Oviedo. Si tu préfères du calme, j'ai quelques idées de visites.
  • Peu importe, je te suis. C'est toi le chef ! J'obéirai docilement à tout.

 Il me dévisage. Mince, je réalise les multiples sens de ma phrase. Pour une fois, ce n'était pas volontaire !

  • Euh, ça ne concerne que le programme de la journée, bien évidemment. Pour le reste...
  • Ah.
  • Dis donc, tu as l'air déçu ? Tu pensais me faire obéir sur quoi, au juste ?
  • Rien ! Je n'aime pas la place de donneur d'ordre.
  • Je n'en suis pas surprise.
  • Ah oui ?
  • (je m'esclaffe) Sur le bateau, je te cassais notoirement les pieds, et tu n'as même pas osé m'ordonner de déguerpir ! Alors que tu en rêvais, avoue-le ?
  • Il y a... pas mal de choses dont je rêve et que je n'ose pas faire.

 Oh. Alors là, celle-là, je ne l'avais pas vue venir. Alix, récupère la balle au bond, t'as pas le droit de la laisser passer !

  • Et il te faudrait quoi, pour oser ?

 Voilà qu'il me refait son truc de se mordre la joue ! Je vais avoir du mal à rester de marbre, là. Il grimace joliment et se lance :

  • Du courage ? … Au minimum, de la clarté.
  • Si je peux t'aider à éclaircir certaines choses...
  • Peut-être que tu peux, oui.
  • Alors vas-y, je t'écoute. Qu'est-ce que tu rêverais de faire, mais que tu n'oses pas ?
  • Ne pas attendre ce soir pour te redire bonne nuit.

 Han ! C'est si adorablement dit ! Ce mec est définitivement trop mignon. Je contourne le bar et me plante face à lui.

  • Je te propose de me redire bonjour, alors.

 Il ouvre la bouche béatement. Il rosit, même. Je m'approche et l'embrasse. Je l'embrasse, et après une seconde de surprise, il répond présent. Ses mains remontent depuis mes poignets, tout au long de mes bras, effleurent mes épaules et terminent leur chemin de part et d'autre de mon visage. Cette fois-ci, je n'attends pas pour passer mes bras sur ses épaules et m'approcher un peu plus. Alors, à son tour, il m'enlace franchement. Bon sang, c'est tellement enivrant ! Au vu du nombre d'occasions où nous aurions pu nous embrasser, celle-ci se savoure intensément. Je n'ai diablement pas envie d'en rester là, comme hier soir, à ruminer ma frustration. Il a parlé de « pas mal de choses » : du pluriel, donc. Je me retire de son baiser, bien malgré lui : il n'a pas l'air de vouloir me lâcher.

  • Voilà. Hum... Quoi d'autre ?
  • Euh... Je ne suis pas contre l'idée de te déshabiller, à vrai dire.
  • Une demi-heure plus tard ? Alors que j'ai fait l'effort de bien m'apprêter ?
  • Je... suis un peu long à la détente.
  • Hum... c'est une promesse intéressante !

 Il rougit instantanément.

  • Je ne parlais pas du tout de ça !
  • Ah. Bah, dommage, du coup...
  • Non, attends... Rho, Alix, bordel, pourquoi tu me fais ça ?
  • Je te fais quoi ?

 Il ferme les yeux en soufflant fort, puis les rouvre avec un regard déterminé.

  • Écoute, Alix, je vois bien que tu aimes beaucoup me provoquer, et même si ça me bouscule un peu, ça m'amuse en vérité, mais... là, maintenant, quand je réfléchis, je ne suis pas sûr de ce que tu voudrais vraiment.

 Je glousse.

  • Sérieusement ? Comment c'est possible, aussi peu de confiance ?
  • Eh bien... Tu pousses le jeu tellement loin, j'ai un doute sur mes interprétations... Je ne veux pas faire des choses que tu ne souhaites pas, tu comprends ?
  • Tu n'étais pas si premier degré, à Barcelone.
  • Ça n'avait rien à voir... Je n'imaginais pas... Disons que peut-être que les conditions actuelles exigent du premier degré.
  • Ok... Tu as raison. (je me racle la gorge) Eh bien, je suis d'accord pour que tu me déshabilles.
  • Ah. Parfait.
  • C'est même une excellente idée.
  • Bien, bien.
  • Et ensuite... (je prends son visage dans mes mains) Ouvre grandes tes oreilles Oscar : je crève d'envie de faire l'amour avec toi. Sur ce canapé. Premier degré. Est-ce que c'est suffisamment clair ?

 Il me gratifie d'un immense sourire.

  • C'est le programme qui me plaît le plus parmi tout ce que j'avais envisagé...

 Il m'embrasse de nouveau et me fait reculer jusqu'à me basculer sur le canapé.

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