Chapitre 7.1

3 minutes de lecture

Nantes, Septembre 2004.

  • Bonjour, Alix.
  • Bonjour, Monsieur Fontenneau.
  • Appelez-moi Vincent, Alix. Je vous l'ai répété tout l'été.
  • Je note, Monsieur Fontenneau.
  • … Vous avez l'air en forme, aujourd'hui.
  • Merci.
  • Ce chemisier vous va à ravir.
  • J'ai l'impression que quoique vous portiez, vous êtes toujours ravissante, de toute manière.
  • Où déjeunez-vous, ce midi, Alix ? J'aimerais que nous discutions de votre prise de poste et des axes à suivre dans notre collaboration.
  • Il y a un problème avec mon travail, Monsieur Fontenneau ?
  • Absolument pas, charmante Alix. Au contraire : je suis ravi de l'été que nous venons de passer ensemble.
  • Je préférerais que nous en restions à « Mademoiselle Lagadec », s'il vous plaît.
  • Allons, allons. J'essaie de mettre un peu de proximité entre nous. Personne ne peut nier que vous êtes charmante !
  • Vraiment, Monsieur Fontenneau.
  • Bon. Tenez. Les dossiers de la semaine prochaine.
  • Merci.
  • Vous désirez autre chose, Monsieur Fontenneau ?
  • Je désirerais voir votre beau sourire avant de quitter votre bureau, Alix.
  • Eum, Monsieur Fontenneau, voici votre courrier, et vous avez un recommandé à signer.
  • Bien, Anaïs, j'arrive. … Bonne matinée, Alix. À ce midi ?
  • Merci, Monsieur Fontenneau. Bonne matinée également.

  • ALIX ?! Qu'est-ce que c'est que ça ?
  • Quoi donc ?
  • CECI !
  • Il semble qu'il s’agisse de ma lettre de démission, Monsieur Fontenneau.
  • Et pourquoi j'ai ce torchon entre les mains ?
  • Parce que vous venez d'ouvrir l'enveloppe qui le contenait ?
  • Très amusant, Alix ! Et POURQUOI j'ai reçu une enveloppe qui contenait ÇA ?
  • Parce que j'ai l'intention de vous quitter.
  • C'est quoi ce bordel, Alix ? Qu'est-ce qui vous prend ?
  • C'est Mademoiselle Lagadec.
  • Allez, allez, c'est quoi ce chipotage ?
  • Il s'agit de mon nom.
  • Pfff... Alix, je ne compte pas l'accepter. Vous ne pouvez pas quitter le cabinet sur un coup de tête.
  • Vous n'avez pas le droit de me la refuser puisque je suis en CDI.
  • Et quoi alors ? Vous partez comme ça ? Sans rien dire ?
  • Tout à fait, Monsieur Fontenneau. Je n'ai pas à justifier ma décision.
  • … Bien, parfait, PARFAIT ! Eh bien vous devrez tout de même me supporter encore un peu, j'en ai peur. Vous avez un préavis de trois mois.
  • Quarante-huit heures, Monsieur Fontenneau.
  • Quarante-huit heures ?! D'où sortez-vous ça ?
  • Vous aviez tenu à ce que ma période d'essai dure cinq mois. Je suis encore dedans.
  • Mais... Merde. … Écoutez, on peut peut-être discuter ?
  • Je n'en ai pas envie, Monsieur. Ma décision est ferme et définitive. Et vous avez signé le recommandé.
  • On vous a promis mieux ailleurs ? Combien, Alix ?
  • Mademoiselle Lagadec. Je n'ai aucun chiffre ni aucun nom à vous fournir.
  • Tss… Vous faites une erreur, Alix. Une grossière erreur. Je m'en souviendrai. Et je n'ai pas l'intention de vous fournir de lettre de recommandation.
  • Je n'en demande pas.
  • Je ne serai pas tendre avec votre réputation !
  • Je crois que vous serez tout à fait vigilant à ne pas tomber dans la diffamation, Monsieur Fontenneau.
  • Vous avez réponse à tout, Mademoiselle Lagadec ?
  • Je connais la loi. C'est mon travail. Il me semble que c'est également le vôtre.
  • Veuillez à ne pas être insolente, Alix.
  • Il ne me semble pas l'avoir été.
  • C'est limite ! Je suis votre supérieur, et vous me devez le respect indu à ma position.
  • Je...
  • Taisez-vous ! Pfff... et comment je retrouve une collaboratrice en quarante-huit heures, hein ? Vous me foutez dans la merde, Alix !
  • Cette considération n'a pas vraiment pesé dans ma décision.
  • Après tout ce que l'on a fait pour vous ! On vous a fait un rapport de stage élogieux en Master 1, et on vous gardait cette place au chaud depuis un an !
  • Et je vous remercie pour tout cela, Monsieur Fontenneau.
  • Vous savez combien de CV brillants ont circulé dans mes mains, pendant ce temps ?
  • Tant mieux, cela vous aidera certainement à retrouver quelqu'un, finalement !
  • Putain... Vous devriez être à mes pieds !
  • Je crois que vous en rêvez un peu trop, justement.
  • Vous êtes une petite conne, Alix.
  • Des insultes, Monsieur Fontenneau ?
  • … Pour vos quarante-huit prochaines heures, je vous veux à sept heures tapante ici-même, dans MON bureau, et nous travaillerons à boucler la totalité des dossiers que j'avais engagée avec vous.
  • Il y en a beaucoup, Monsieur, je crains fort que...
  • Vous ne sortirez pas de ce bureau tant qu'un seul d'entre eux restera en suspens. Quitte à débaucher à Minuit, Mademoiselle Lagadec.
  • Bien, Monsieur.
  • Ça commence maintenant. Allez chercher vos affaires, et installez vous en face de moi. Je vous veux à l’œil.
  • … J'arrive.
  • Alix ?
  • Oui ?
  • … Sachez bien que je ne vous dis pas le cinquième de ce que je pense de vous.
  • J'en ai pourtant déjà suffisamment entendu, Monsieur Fontenneau.

______

Note de l'autrice : Ce chapitre est un petit exercice de style qui m'a beaucoup amusée : un dialogue sans aucune incise ni aucune trace de narration. C'est marrant de sortir de sa zone de confort ^^ !

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