Chapitre 20.4
Dans la tête d'Oscar.
Je suis rentré à l'appart à pied finalement, la tête à l'envers. Je ne sais même pas comment j'ai fait le trajet. Raquel m'a demandé avec dédain « Ça y est, t'as signé ton truc ? » « Oui. » « Tu veux toujours pas rediscuter de l'accueillir ici plutôt que dans ton bled, ton gosse ? » « Non. Et il s'appelle Andreas. ». Elle a soupiré. Raquel ne supportait plus Oviedo. Elle me tannait pour vendre la maison, et acheter un grand appart ici à Barcelone. Je songeais qu'Alix m'avait proposé la même chose, mais la mort dans l'âme, elle. Raquel m'en parlait avec enthousiasme. Je trouvais ça insupportable. J'étais plus que décidé à ne jamais me séparer de la maison oviédane.
Le soir, Raquel a voulu faire l'amour. Je n'en avais pas envie. Elle a entrepris de me donner envie. Physiquement, ça a fonctionné. Mentalement, je me sentais complètement éclaté. On l'a fait, et j'ai détesté ce qu'on a fait. Elle, elle a eu l'air satisfaite. Elle s'est endormie paisiblement. Je l'ai observée un moment, puis n'y tenant plus, je suis sorti du lit. Je n'avais jamais autant détesté faire l'amour. J'en étais dégoûté. Je réfléchissais à quand est-ce que j'avais aimé pour la dernière fois. Plus je cherchais, plus la vérité qui se dégageait m’oppressait. Avais-je seulement aimé une fois tenir Raquel dans mes bras ?
Je devais chasser cette constatation stupide de mon esprit. Je me sentais lourd, je me sentais à l'étroit dans mes vêtements, et dans mon corps, et dans cet appartement, et dans cette ville, et dans cette vie. Rien ne m'allait. Il fallait que j'évacue. Et j’avais beaucoup, beaucoup trop de choses à évacuer. J'ai mis mes chaussures, et je suis allé courir. J'ai couru une heure trente. Je suis rentré lessivé, épuisé, et enfin vide. Il était quatre heures passé. Raquel n'avait pas bougé.
Quelque temps plus tard, Alix m'a effectivement présenté son nouveau mec. Je l'ai instantanément détesté. J'ai essayé de ne rien en montrer. J'ai essayé d'être poli et courtois, mais c'était dur. Il avait une allure pédante détestable, il posait ses mains détestables sur elle sans arrêt, il lui parlait mal, et il n'avait pas l'intention d'être pote avec moi de toute évidence. Ça tombait bien, moi non plus. Je faisais la constatation que l'autre grande bécasse avait, une fois de plus, raison : ce mec n'était pas pour Alix. Mais je ne lui en dirais rien : ce serait franchement gonflé de ma part d'émettre un veto sur la façon dont Alix tentait de refaire sa vie. Raquel m'avait demandé au téléphone comment ça s'était passé. « Il est sympa » avais-je menti. « Cool ! J'espère que ça la détendra un peu de se faire sauter ». J'avais enragé de sa réponse. J'avais eu envie de violence, même. « Ne parle plus jamais d'Alix comme ça. » « Oh ça va, c'était pour rire. Toi aussi t'aurais bien besoin qu'on te détende, dis donc. Rentre à Barcelone, je vais m'occuper de toi ! ». C'était la dernière chose dont j'avais envie. J'en suis presque allé vomir.
❝
something about you is warm and sedusive,
and when you're with me you're cold and abusive
i knew from the second we met,
you are a dangerous flame
you are a dangerous flame
there's no end to the fall
you keep on getting better,
i keep forgetting
there's no love in the end
i hope you will come
i keep on losing feathers,
i keep forgetting
there's no love in the end
no love in the end
no love in the end
no love in the end
❞
A dangerous thing - AURORA, 2022
Annotations