Une tragique découverte
Quelle horreur ! Sous mes yeux bleus exorbités s'étale une scène épouvantable ! Cinq corps sans vie jonchent le sol de la pièce à vivre. Leurs yeux, grand ouverts, sont à présent pâles, leurs regards vides, mais les traits de leurs visages sont figés dans une expression de terreur ! Il y a des giclures de sang sur les murs et des flaques du même fluide tâchent le sol, mais elles ne sont pas rouges, elles virent plutôt vers le brun. Ils sont donc morts depuis longtemps.
Malgré ce spectacle inattendu et macabre, je parviens à me reprendre assez vite. Après tout, c'est loin d'être la première fois que je vois des scènes d'une telle horreur ! J'ai même assisté à des spectacles bien plus choquants !
Je me tourne vers Livaï, il observe la scène, mais son visage ne laisse apparaitre aucune expression particulière. Seulement, je sais bien qu'au fond, il est tout aussi choqué que moi. Aucun de nous deux ne s'attendait à tomber sur cela en pénétrant dans ce bâtiment.
Le silence pesant est troublé par un léger grincement. Je lève la tête, le bruit vient d'en haut ! Je regarde mon caporal, il m'adresse un hochement de tête. J'ai compris. Nous nous dirigeons avec prudence vers les escaliers. Livaï, par précaution, sort son couteau de poche. Nous montons les marches une par une, en veillant à faire le moins de bruit possible. Mais avec ce vieux plancher de bois grinçant, ce n'est pas une tâche évidente.
Nous arrivons bientôt en haut de l'escalier. Nous nous retrouvons dans un couloir contenant plusieurs portes. Toutes sont entrouvertes, sauf une, au bout du couloir. Nous nous dirigeons donc vers elle, à pas de loups. Une fois arrivés devant, nous nous plaçons chacun d'un côté de la porte. Livaï se pointe du doigt, il a l'intention d'entrer en premier dans la pièce. Je m'inquiète pour lui, mais d'un autre côté, je crois en lui, je sais qu'il saura se débrouiller, quelle que soit la situation, comme il l'a toujours fait jusque là. Sans compter que je serai là pour l'aider si nécessaire. Je hoche donc la tête pour lui indiquer que j'ai compris et que je suis son choix. Il pose sa main sur la poignée de la porte et l'ouvre, sans se mettre à découvert.
Nous attendons quelques secondes, mais il ne se produit rien. Alors nous risquons tous deux notre tête à l'intérieur et, ne voyant rien à première vue, nous entrons, tout en restant sur nos gardes.
La pièce est meublée d'un lit, d'une petite table et de plusieurs chaises. Dans un de ses coins se tient une armoire. Je me dirige vers cette dernière et l'ouvre avec précaution, prête à bondir en arrière si j'y trouve le moindre danger.
C'est alors que je le vois. Blotti dans un coin de l'armoire est recroquevillé un petit garçon. Ses cheveux blonds, tout emmêlés, tombant sur ses frêles épaules et ses yeux verts. Son regard exprime un mélange de peur et de surprise. Je suis si étonnée de cette rencontre que je reste bouche bée devant l'armoire, fixant cet enfant sans rien dire.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi est ce que tu ne bouges plus ? Que vois-tu ?
La voix du caporal-chef Livaï, derrière moi, me sort de cet état second. Je me tourne vers lui et l'informe :
- Il y a un enfant ici.
- Quoi ? Un gamin ? Ici ? Laisse-moi voir !
Je me mets légèrement sur le côté pour le laisser voir le contenu de l'armoire. Il s'approche donc et observe l'enfant pendant quelques secondes, avant de lui demander :
- Qu'as-tu dans les mains ?
L'enfant cache alors ses mains derrière son dos, tout en regardant Livaï avec méfiance. Ce dernier insiste :
- Je n'ai pas l'intention de te voler. Je veux juste savoir ce que tu as dans les mains.
Le petit garçon sort une main de derrière son dos et pointe le couteau que Livaï tient toujours dans la main droite. Ce dernier dit :
- J'ai compris. Je vais poser ce couteau pour te prouver que je n'ai aucune intention de te faire du mal. Mais ensuite, il faudra que tu me montres ce que tu caches derrière ton dos. On est d'accord ?
Le jeune blond réfléchit quelques secondes avant de hocher la tête pour exprimer son accord. Le caporal-chef pose alors son couteau sur la table et s'en éloigne avant de se tourner à nouveau vers l'enfant :
- Tu vois ? J'ai posé le couteau. À toi, maintenant, montre moi ce qu'il y a derrière ton dos.
Le garçon sort sa main droite de derrière son dos pour révéler . . . un couteau ! Un couteau taché de sang . . .
J'ai un mouvement instinctif de recul, mais mon caporal ne scille pas. Il déclare simplement :
- Tu l'as déjà utilisé, n'est-ce pas ?
L'enfant ne dit rien, il n'en a pas besoin, la phrase du caporal-chef est plus un constat qu'une question.
- Ne t'inquiète pas, le rassure Livaï, tu n'auras pas besoin de t'en servir contre nous. Nous n'avons aucune mauvaise intention à ton égard.
- Nous voulons juste t'aider, ajouté-je d'une voix douce en m'accroupissant pour me mettre à son niveau.
Je tends ma main droite vers lui, en souriant, pour le rassurer. Il hésite quelques secondes, avant de tendre timidement sa main, avec précaution, et de la poser sur la mienne. Je referme doucement mes doigts sur sa paume et me redresse. Nous sommes à présent côte à côte, main dans la main.
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