Je n’oublierai jamais ces trois années passées avec lui. Les trois plus belles années de ma vie. Que pense, d’ailleurs, la jeune moi, de ce long chemin qui l’attend ? Oui, c’était un long, un très long chemin que j’ai parcouru depuis. Des larmes coulent sur mes joues et ne veulent pas s’arrêter alors que cette chambre que je connais si bien n’a pas changé depuis. Genève, la vue imprenable sur la ville, le lac et les montagnes. Comme si tout cela n’était jamais arrivé. « Cela n’a aucune importance », comme il dirait si facilement.

Je ferme les yeux en partie pour calmer ces émotions et sans doute plus pour revivre ces instants si précieux. Inévitablement, je revois leurs visages souriants qui me serrent le cœur. Comme je voudrais à nouveau les avoir auprès de moi. Mais on ne peut pas remonter le temps. C’est ce qui fait le plus mal. Tout me rappelle le passé, tout me rappelle que c’est fini. Mon travail au journal est le même aujourd’hui. Sans eux. Sans lui. Ceux avec qui j’ai partagé de si beaux moments et qui ont en commun de m’avoir laissé un souvenir impérissable.

Aurore la première. Elle n’était pas qu’une simple collègue. Non. Elle était la perfection à l’état pur. Belle, jeune, intelligente, toutes les qualités se mariaient parfaitement à elle. La femme d’affaires par excellence, celle à qui l’on destine une carrière et un avenir radieux. Séduisante, même les femmes craquaient pour elle. Nous étions proches. Elle était en tout point un modèle pour moi, et une rivale.

Clara. Elle était le genre de fille qui se donne à plein cœur dans tout ce qu’elle fait. Une fille très gentille et d’une grande vivacité. Nous aurions pu nous entendre facilement si seulement elle n’était pas également aussi frivole, insouciante, maladroite et sans doute enfantine. Mais il faut bien quelqu’un pour s’occuper d’elle. Et il faut bien se laisser aller parfois. Dans ce domaine, son copain m’y a bien aidée, je dois l’avouer.

Grégoire. C’est à lui que j’ai confié ma précieuse Clara. Un garçon charmant, calme et réfléchi. Quelqu’un de prévenant sur qui on pouvait compter, contrairement à sa chère et tendre. Mais le petit couple ne serait plus le même sans ses moments impulsifs et passionnés. C’est vrai, ils forment un beau couple tous les deux. L’homme idéal pour elle. Et peut-être pour moi aussi, si seulement nous nous étions connus plus tôt.

Garry, le rédacteur en chef, un parmi d’autres. Il a depuis longtemps pris la tête du journal. Je ne sais toujours pas quoi penser de lui et si c’est en bien ou en mal. Mais si je devais être honnête avec moi-même, au moins sur le plan strictement professionnel, il a toujours été à la hauteur des attentes. Égoïste, peut-être. C’est la dernière personne à qui j’ai parlé avant de partir pour Paris, où j’ai refait ma vie.

Et puis il y a lui…