Chapitre 1-3 - 2024

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— Et là, il a fait une étrange remarque au sujet du temps qui gonfle comme une baudruche sous l’attente ou qui, à l’inverse rétrécit dans l’effervescence de la vie. Quelle blague, lui ai-je répondu, ces expressions sur le temps : de longues minutes, ou des minutes trop courtes. La durée d’une minute est de 60 secondes, pas une de plus, pas une de moins.

Il s’est penché en avant. Nos voisins aussi.

— J’avais tort... Que s’était-il donc passé cette nuit-là ? Étais-je somnambule ? C’est alors que j’ai réalisé que j’étais habillé. Je suis allé à la fenêtre et j’ai soulevé le rideau occultant. La rue était encombrée de véhicules. Inquiet, j’ai regardé l’heure à nouveau. C’était le soir.

Les voyageurs ont levé les yeux au ciel. Encore une histoire vaseuse, sans queue ni tête. Mais le sourire en coin de Ferdinand présageait une surprise.

— J’avais tout simplement oublié la journée. Elle s’était écoulée dans le sablier de l’attente de mes retrouvailles avec la femme de mon cœur. J’avais traversé douze heures dans une constante inattention entre réunion dans l’ennui, déjeuner dans l’indifférence et visite d’une usine avec détachement...

Les voyageurs ont pincé les lèvres dans une moue perplexe.

— S’il n’y avait pas eu cet instant d’assoupissement qui a soufflé sur cette journée écrite à l’encre sympathique, la portée des paroles du serveur se serait évanouie dans l’oubli. Je devais me rendre à l’évidence : l’attente étire le temps de façon aléatoire et rétracte le passé comme un accordéon. Cette aventure en est la preuve.

Nous étions presque arrivés à Padoue.

— Quand la femme de mon cœur est apparue dans le hall de l’hôtel, et qu’elle m’a souri. J’ai crié : Stop, je veux que le temps s’arrête.

Les voyageurs bougeaient dans le compartiment. Le train était entré en gare.

— Alors ? Éclair ou éternité ? a-t-il dit en se levant.

J’ai baissé les yeux sur mon livre sans répondre. Alors, il a posé une main sur mon épaule.

— Venez avec moi voir Chronos.

— Non, j’ai répondu en le repoussant.

J’avais des souvenirs à noyer.

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