Chapitre 1-4 - 2024
Voir Venise et mourir, voilà ce que j’ai pensé en découvrant cette ville pour la première fois. Tout y est fabuleux. On entre dans un autre espace-temps – Tiens Ferdinand, n’a pas tout à fait tort – pas de voitures, des murs qui plongent dans l’eau, un dédale de ruelles, une place qui se laisse submerger par les eaux.
Un merveilleux bouleversement s’était emparé de moi jusqu’au moment fatidique où le séjour s’est transformé en tragédie. J’aurais dû voir un signe de mauvais augure lorsque le monte-charge de l’hôtel a failli m’écraser. Mes hurlements n’avaient guère affolé le personnel de l’hôtel.
À notre retour à Paris, le bel Adrien a fait sa valise pour de bon et m’a plantée là.
Soigner le mal par le mal, telle était ma devise quand j’ai décidé de refaire ce voyage. Je voulais revivre exactement les trois jours qui ont mené à ma rupture avec Adrien et écraser ces souvenirs par d’autres tout frais et tout beaux.
Dans la même chambre, les tentures pourpre, le couvre-lit pourpre, les coussins pourpre, et la tapisserie à rayures pourpre m’ont donné envie de vomir dès que j’ai ouvert la porte. Mais il fallait que j’en passe par là. Je me suis jetée sur le lit et j’ai lancé ma playlist spéciale Adrien. « Je voulais qu’elle m’appelle Venise. Quelle drôle d’idée. » « Je donne ce que peux ».
J’ai déambulé dans les rues. Venise a terriblement changé. Elle pue l’amour avec tous ces amoureux qui se font prendre en photo par les gondoliers, verre de champagne à la main. J’ai vite constaté que manger seule, me promener seule, dormir seule, ne créerait pas de nouveaux souvenirs. Les moments que j’ai passés avec Adrien dans cette ville avaient pris tout l’espace. Ce pèlerinage était en train de s’avérer le plus douloureux voyage intérieur de ma vie. Chaque pierre, chaque coin de rue, chaque statue me renvoyait des images de mon ancien amour. J’ai inondé de larmes les restes d’Adrien. Il fallait que je parte.
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