Vivement ce soir!

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13 janvier 1669, trois heures de l’après-midi, Paris.

Margaux souriait en contemplant le visage de Pétronille, sa sœur cadette, qui était assise sur le rebord de la fenêtre de leur petit appartement qui donnait sur la rue. La jeune fille était en train de dire quelque chose mais Margaux qui était perdue dans ses pensées n’y faisait pas attention. Cela faisait très longtemps qu’elle n’avait pas ressenti un tel sentiment de joie et de gratitude d’avoir vu le jour en ce monde.

En effet, la vie n’avait pas toujours été tendre avec la jeune femme et sa sœur. Alors qu’elles n’étaient âgées respectivement que de douze ans et deux ans, leurs parents étaient décédés de la maladie. Elles avaient à peine eu le temps de comprendre ce qu’il s’était passé que la sœur de leur mère les avait recueillies. Cependant, celle-ci qui avait déjà quatre bouches à nourrir en plus de son époux s’était empressée d’enrôler Margaux en tant que bonne dans une maison afin qu’elle apprît le métier et qu’elle ramenât de l’argent pour payer les frais que les deux orphelines lui coûtaient.

Cette expérience avait été bénéfique pour Margaux, elle avait appris à lire et à écrire dans la première maison où elle avait travaillé car sa maîtresse souhaitait que tout son personnel soit lettré afin de rendre jalouse les dames qui venaient lui rendre visite pour avoir son approbation.

Alors qu’elle n’avait que seize ans, elle fit la rencontre d’Armand Lavandier, son futur époux, qui était de vingt ans son aîné chez Mme Louise, une veuve qui avait perdu la vue et qui l’avait engagée pour qu’elle lui lût les lettres envoyées par son fils. Ce n’était que bien plus tard que Margaux avait fait le lien entre le jeune homme qui tentait maladroitement de lui faire la cour et celui qui écrivait régulièrement des mots rassurants à sa mère. Cependant cela n’avait en rien changé la réponse qu’elle continuait à lui donner inlassablement depuis leur première rencontre : « non. »

La même année, Pétronille avait attrapé un gros rhume après avoir passé une nuit entière enfermée dans la cave de la maison de leur tante par leurs cousins qui pensaient que cela lui donnerait une bonne leçon. La sœur de leur mère avait refusé de les aider à payer le traitement nécessaire pour la guérir. Margaux n’avait aucune économie car la totalité de son salaire revenait à sa tante qui ne se gênait pas à l’utiliser pour enrichir son mari.

La situation s’était détériorée très rapidement, la fièvre de la fillette était montée sans crier garde, elle avait même commencé à avoir des hallucinations de leurs parents. C’était tout ce dont Margaux avait eu besoin pour prendre sa décision. Elle était partie à la rencontre du jeune Lavandier et lui avait dit qu’elle accepterait de l’épouser à la condition qu’il l’aidât à sauver sa benjamine. Il n’avait pas hésité et heureusement pour Pétronille car elle avait mis du temps à se remettre de la maladie. Aujourd’hui encore il lui arrivait d’avoir des douleurs dans la poitrine quand l’air était trop humide ou froid.

Après avoir épousé Armand Lavandier, les deux sœurs avaient quitté le domicile de leur tante pour emménager dans la maison du nouveau mari de Margaux. Il savait pertinemment qu’elle ne l’avait pas épousé par amour mais par besoin. Il lui fit la promesse lors de leur emménagement de prendre soin d’elle et de sa sœur pour le reste de sa vie. Margaux n’était pas dupe et savait parfaitement qu’elle ne pourrait pas échapper au devoir conjugal mais si sa cadette était en sécurité et en bonne santé, elle était prête à tout affronter pour son bien.

Devenue Madame Lavandier, Margaux n’avait plus eu à travailler en tant que bonne, elle pouvait désormais se contenter de passer ses journées à profiter de sa nouvelle vie avec sa sœur. Armand traitait Pétronille comme sa propre fille et n’hésitait pas à la gâter au grand dam de sa sœur aînée. Les années passèrent, Pétronille s’épanouissait. Mais ce n’était pas le cas de Margaux. Son époux désirait un héritier ou plusieurs mais ce n’était pas son cas. Cependant, elle n’avait pas le choix, et très rapidement elle était tombée enceinte, Pétronille était aux anges. Alors qu’elle commençait à se faire à l’idée de devenir mère, elle sentit une violente douleur dans son abdomen et la belle robe qu’elle portait ce jour-là se tinta d’un rouge pourpre qui marqua la première de toute la série de fausses couches qui allaient suivre.

Margaux fit six fausses couches sur les six années qui suivirent son mariage avec Armand. Elle réussit à donner naissance à une petite fille qui mourut une semaine après sa naissance. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase et l’esprit de Margaux se brisa devant ce nouvel échec. Elle supplia son mari d’abandonner l’idée. Que s’il refusait, elle n’hésiterait pas à mettre fin à ses jours car il la tuait à petit feu. L’idée de perdre son épouse lui semblait inenvisageable et il accepta de laisser tomber, se focalisant sur Pétronille et la reconnaissant comme son héritière légitime.

Grâce à Pétronille, Margaux réussit à retrouver la volonté de se battre pour vivre. Elle avait seulement vingt-deux ans, elle était encore jeune et en bonne santé. Sans demander l’avis de son mari, elle avait postulé pour travailler chez le marquis Deloy après avoir vu une annonce dans le journal de recherche de personnel. Cela faisait maintenant quatre ans qu’elle travaillait chez ce jeune trentenaire.

Son mari était décédé l’année dernière à la suite de la campagne menée par le roi Soleil contre le royaume d’Espagne pour récupérer la dot de la reine. Elle avait vendu la maison dans laquelle elles avaient vécu pendant les dix dernières années pour acheter un appartement qui se trouvait à une dizaine de minutes à pied de son lieu de travail. Aujourd’hui, c’était l’anniversaire de Pétronille et malgré tout ce qu’elles avaient traversé ensemble, Margaux ne pouvait pas être plus heureuse que de la voir célébrer ses seize ans.

— … Jasper a tout pour plaire ! Il est tellement beau ! Et il a des yeux magnifiques, ils sont si clairs que je ne peux m’empêcher d’être absorbée par leur intensité. Au premier abord, il semble assez sévère mais derrière sa carapace se cache un cœur plein de tendresse. Oh, Margaux ! Si tu lisais les mots qu’il m’écrit ! Ceux ne sont plus des mots mais des baisers qu’il dépose sur le papier pour me crier son amour. Car il m’aime et je l’aime ! Il peut avoir toutes les femmes qu’il souhaite mais c’est moi qu’il a choisi ! Te rends-tu compte ? Margaux ? Margaux ??? Tu ne m’écoutes pas !

Pétronille fixait Margaux avec un regard désapprobateur. Celle-ci se contentait de cligner des yeux comme pour revenir dans le moment. Pétronille avait beau avoir grandi, c’était toujours une enfant et elle ne supportait pas qu’on ne lui prête pas attention.

— Excuse-moi, commença son aînée en croisant son regard, j’avais la tête ailleurs.

— J’ai remarqué, répliqua sa cadette qui ne comptait pas se laisser amadouer avec de simples excuses, tu ne m’écoutais pas. C’est mon anniversaire aujourd’hui mais je ne semble pas être le centre de tes pensées. Je me demande bien ce qui peut être bien plus important que moi pour occuper tes pensées ?

Margaux n’eut pas le temps de comprendre la question posée par sa sœur car un rire étouffé attira son attention. Perdue dans ses pensées, elle avait oublié qu’elles n’étaient pas seules dans le petit appartement. Jean se tenait à quelques pas d’elle, une main sur la bouche pour tenter de taire le rire que la remarque de Pétronille avait fait naitre chez lui. Cela faisait quatre ans qu’il se connaissait. Tout comme elle, il travaillait pour le marquis Deloy. Il avait été d’un grand soutien lors de son arrivée chez le marquis et ils étaient vite devenu des amis inséparables. Il était venu aider les sœurs Lavandier à faire le ménage et préparer le repas du soir où deux autres amis devaient les rejoindre pour célébrer l’anniversaire de Pétronille.

— Jeeeeeeaaaaaaannnn, pourquoi es-tu si méchant avec moi ? Demanda la jeune fille en feignant d’être blessée par sa réaction. Pourquoi tu ne te montres gentil qu’avec Margaux ? C’est un jour spécial aujourd’hui, tu ne voudrais pas faire un effort ?

— Je passe déjà le balai pendant que tu restes assise à nous casser les oreilles avec ton Jasper par ci, ton Jasper par-là, si ce n’est pas un effort alors je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre ? Répondit-il avec un sourire moqueur.

— Tu es juste jaloux parce que tu es toujours célibataire à ton âge, répliqua-t-elle en lui tirant la langue et en s’éloignant de la fenêtre pour éviter le coup de balai qu’il donnait dans sa direction.

— Je ne comprends pas ce qu’il trouve ton Japser à une pareille langue de vipère, remarqua-t-il en la suivant du regard. Il est au courant au moins ou tu lui as sorti tes yeux de biches et c’était fini ?

— Il n’y a que sur toi que ça n’a pas d’effet mais pour répondre à ta question il est au courant et c’est même une des raisons pour lesquelles il m’aime. Parce qu’il a l’esprit ouvert et ne craint pas qu’on lui dise la vérité comparer à certaine personne que je connais, continua-t-elle en se cachant derrière Margaux qui n’avait pas bougé de sa chaise depuis le début de cette conversation.

— Je présume que c’était de Jasper dont tu me parlais tout à l’heure, dit l’aînée des Lavandier pour détendre l’atmosphère et attirer l’attention de sa sœur sur un sujet qui la passionnait.

Jean poussa un soupir désespéré en apercevant la lueur qui venait de naître dans les yeux de la jeune fille à la mention de son prétendant. Il profita du fait que son attention était portée sur quelqu’un d’autre pour l’observer en détail. Pétronille était une magnifique jeune fille d’à peine seize ans. Elle possédait un visage au trait harmonieux, une bouche pleine avec des lèvres roses qui se tintaient de rouge lorsqu’elle les mordillait en réfléchissant, des yeux qui pétillaient encore d’innocence. De belles boucles brunes venaient encadrer ce visage à l’aspect enfantin.

S’il ne l’avait pas connu, peut-être serait-il tombé sous son charme comme les nombreux hommes qui avaient eu l’occasion de croiser sa route. D’habitude, ses prétendants se lassaient assez rapidement d’elle en découvrant que derrière son apparence angélique se cachait en réalité une jeune fille affirmée et qui ne craignait pas de froisser les autres. Cependant Jasper était différent. Cela faisait maintenant six mois qu’il avait commencé à la courtiser. La jeune fille, au début sceptique devant tant d'attention venant d'un homme riche, avait hésité sur la façon de se comporter avec lui. Six mois plus tard et elle ne parlait plus que de lui à qui voulait l'entendre.

Cependant l'apparence de ce mystérieux Jasper demeurait toujours inconnue de ceux qui côtoyaient la jeune fille. La semaine dernière, il lui avait demandé de passer la soirée de son anniversaire avec lui car il avait quelque chose d'important à lui dire. Quelque chose qu'il ne pouvait plus se permettre plus longtemps de ne pas lui avouer. La jeune fille, lui avait demandé de lui laisser quelques jours pour répondre à sa demande. Après une longue discussion avec Margaux, elle avait fini par accepter sa proposition à la condition qu'il vint la chercher vers vingt et une heures et la ramenât à minuit à son logement.

— Jasper est fabuleux ! Il est intelligent, prévenant, amusant, passionnant, rom—

— Peut être que je suis toujours célibataire, remarqua Jean en levant un sourcil pour montrer son incrédulité, mais je ne courre pas après quelqu’un qui n’existe pas. Je ne connais personne qui remplisse toutes ces qualités.

— Evidemment qu’il existe ! Répliqua la jeune fille avec conviction. Je ne tomberai jamais amoureuse d’une chimère ! Et tu te trompes, ajouta-t-elle avec douceur, il y a plusieurs personnes qui possèdent ces qualités mais tu es trop aveugle pour les observer.

— Calmez-vous tous les deux, intervint Margaux qui s’était placée entre sa sœur et le jeune homme pour éviter que le conflit ne s’envenime. Je comprends le point de vue de Jean, dit-elle en se tournant pour faire face à sa sœur, tu nous parles de Jasper depuis plus de six mois mais nous ne l’avons jamais rencontré. Nous sommes juste inquiets pour toi, nous ne voulons pas qu’il t’arrive malheur. Tu peux comprendre cela, n’est-ce pas, Pétronille ?

Jean qui se tenait derrière Margaux lança un regard dans la direction de la jeune fille afin de jauger sa réaction. Seulement quelques minutes plus tôt, elle était prête à se battre avec lui pour lui prouver son point mais maintenant la tension était retombée et avait quitté ses épaules laissant derrière elle la petite fille qu’il avait eu la chance de rencontrer quatre ans plus tôt. Il détendit les traits de son visage pour montrer l’affection qu’il avait pour la jeune fille et s’approcha d’elle.

— Ne fais pas cette tête, fillette, commença-t-il en lui déposant une main sur la tête pour lui caresser les cheveux, où tu risques de devenir laide. Voilà, c’est mieux, je te reconnais bien là, ajouta-t-il lors qu’elle tenta de le pousser en réponse à la remarque qu’il avait faite. Comme l’a dit ta sœur, nous nous inquiétions pour toi Pétronille. Nous voulons juste savoir qui est ce fameux prétendant.

— Vous n’avez pas à vous inquiéter pour moi, répondit-elle avec honnêteté, vous avez déjà rencontré Jasper à de multiples reprises sans vous en rendre compte. Et vous ne m’avez dit que du bien de lui.

— Quand ça ? Demanda Margaux.

— Où ça ? Ajouta Jean.

— Chez le marquis Deloy. Vous le croisez pratiquement tous les jours.

— Quelqu’un que nous croisons tous les jours…

— Qui est riche…

— Et pour qui nous avons de l’estime…

Pétronille esquissa un sourire. Elle voyait dans le froncement de leurs fronts et l'étincelle naissante dans leurs yeux qu'ils commençaient à comprendre. Doucement, les propos tenus par la jeune fille ses six derniers mois et le savoir nouveau qu'ils avaient croisé le chemin de cet homme mystérieux chaque jour passé à travailler chez le marquis s'assemblaient pour former une réponse à la question qu'ils s'étaient posés pendant tout ce temps : Qui était-il ?

— Ne me dis pas... commença Margaux.

— Que ton Jasper... continua Jean avec une sueur sur le front.

— C'est le chevalier de Tronçais ??? Finirent-ils en cœur.

Le chevalier de Tronçais était le fils cadet du comte de Tronçais, un militaire haut gradé qui avait montré sa valeur sous le règne de Louis XIII. Ses frères aînés, les vicomte et baron de Tronçais, avaient tous les deux suivis l'exemple de leur père et étaient entrés dans l'armée où ils avaient gravi les échelons jusqu'à être promus sous-lieutenant à la suite du conflit qui avaient eu lieu l'année précédente. Ils avaient épousé les filles de familles appartenant à la noblesse d'épée afin d'assoir leur influence dans ce milieu. Le comte s'enorgueillissait du succès de ses aînés, tout en ignorant l'existence de son cadet qu'il considérait être le fruit d'une affaire que sa femme avait dû avoir lors d'une de ses absences.

En effet, le chevalier de Tronçais avait refusé de suivre l'exemple de son père et de ses frères. Il avait préféré reprendre la place occupée par le père de sa mère, le marquis de Vigny, qui était membre de la noblesse de robe. Le comte de Tronçais avait pris cette décision comme un affront et avait tenté d'enrôler son fils de force dans l'armée. La comtesse de Tronçais, en apprenant les intentions de son mari, avait envoyé une missive à son père pour lui demander d'emmener le jeune homme avec lui afin de lui enseigner le fonctionnement de sa position pour qu'il puisse prendre sa place un jour en tant qu'héritier de la maison de Vigny. Le marquis avait accepté la demande de sa fille et avait pris le chevalier sous son aile. Il avait été surpris devant l'efficacité du jeune homme et avait fini par lui céder sa position au bout d'un an d'apprentissage.

Tout le monde n'avait d'yeux que pour lui après le départ à la retraite du marquis. C'était un jeune homme très charismatique qui avait hérité des traits fins et de la peau laiteuse de sa mère, des yeux verts de son père et de la chevelure blonde du marquis de Vigny. C'était une personne ouverte d'esprit, il traitait les gens de la même façon, peu importe qu'ils fassent partie de la noblesse ou du peuple, il réussissait toujours à trouver quelque chose pour mettre en valeur une personne. Pour cette raison, il avait de nombreux admirateurs.

Il était connu pour ne jamais refuser les avances qu'on pouvait lui faire, c'est de cette façon qu'il était devenu un ami intime du marquis Deloy qui avait le même âge que lui. Les deux jeunes hommes souhaitaient profiter de leur jeunesse le plus longtemps possible et ils ne s'interdisaient aucun plaisir quel qu'il soit. Cela aurait pu ternir la réputation du jeune homme mais ce ne fut pas le cas car celui-ci avait annoncé lors d'un bal masqué que lorsqu'il trouverait le véritable amour, peu importe son sexe, il cesserait de faire tout cela pour se concentrer sur la personne qui aurait dérobé son cœur.

— Maintenant que j'y pense, c'est vrai que ça fait un moment que nous n'avons pas entendu de ragots le concernant, commenta Margaux.

— C'est vrai que tout le monde se demande ce qu'il lui arrive, ajouta Jean. Mais je ne sais plus depuis combien de temps...

Tous les deux se tournèrent dans la direction de Pétronille, attendant une quelconque confirmation de leurs propos mais celle-ci restait silencieuse. C’était bien la première fois qu’elle n’avait rien à dire sur un sujet, elle qui n’hésitait pas d’ordinaire à faire connaître son avis dans n’importe quelle conversation. Son silence aurait pu avoir bien des significations mais le sourire discret presque tendre sur ses lèvres ne pouvait être qu’une affirmation pour les deux autres qui commencèrent à débattre de plus belle sur cette possibilité. Ils étaient au courant que Jasper n’était pas le véritable nom de son prétendant et qu’il s’agissait d’un petit surnom que Pétronille lui avait donné.

Ce soir, ils auraient la confirmation de son identité lorsqu’il viendrait récupérer la jeune fille. Ils entendirent les cloches sonnées cinq heures. Margaux poussa un juron en se rendant compte que rien n’était encore prêt pour la soirée à venir et elle s’empressa d’attraper Jean pour qu’il l’aidât à finir les préparatifs pendant qu’elle envoyait Pétronille chez le marquis Deloy pour qu’elle y retrouvât Léon et Anne qui venaient de terminer leur journée de travail afin de les ramener pour préparer le repas en son honneur. La jeune fille s’empressa de récupérer un courrier qui se trouvait à côté de sa paillasse avant de s’éclipser vers sa nouvelle destination.

Vingt minutes plus tard et elle se tenait dans la cour de la demeure du marquis. Elle regarda autour d’elle vérifiant que personne n’était présent pour voir ce qu’elle s’apprêtait à faire. Réalisant que la voie était libre elle s’empressa dans le jardin à l’arrière de la maison où se trouvait un puit abandonné. Elle s’accroupit devant le puits et creusa légèrement la terre à son niveau. Ses doigts rencontrèrent le métal d’une petite boite assez grande pour contenir une lettre. Elle l’ouvrit et découvrit qu’elle contenait déjà un courrier. Elle laissa échapper un petit gloussement d’excitation. Il n’avait pas été capable d’attendre sa réponse, il lui avait déjà écrit une autre lettre. La jeune fille s’empara de la missive et la remplaça par celle qu’elle avait rédigé. Elle remit la boite en terre et glissa le feuillet dans sa manche, elle le lirait plus tard lorsqu’elle aurait un peu de temps.

Une fois certaine que rien ne sortait de l’ordinaire et que personne ne trouverait leur cachette. Elle s’empressa de retourner à l’avant de la maison. Elle fut juste assez rapide pour arriver au moment où Léon et Anne la rejoignaient. Alors qu’elle quittait la demeure avec ses deux amis, elle sentit un regard posé sur elle. Elle ne put contenir sa joie. Elle ne se retourna pas mais elle savait qu’il la suivait de ses yeux cristallins, il était incapable de l’ignorer, même dans cette situation. Il l’aimait donc vraiment. Elle sentit un sentiment chaud se répandre dans sa poitrine. « Vivement ce soir, » pensa-t-elle alors qu’elle disparaissait de son champ de vision.

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