Bus
Dans le bus, je suis assis contre la fenêtre. Le paysage défile contre ma joue épuisée. Rue, boulevard, rue, rond-point, feux-rouge, arrêt. Une femme s'assied à côté de moi : il n'y a pas d'autre siège disponible. D'abord, sa cuisse touche la mienne qui déborde de mon siège. Puis elle se décale en essayant de ne pas avoir l'air dégouté. Mais je le sens, son dégout, il suinte sur moi, jusque sur ma nuque. Comme si j'étais contagieux.
Un autre gros monte à l'arrêt suivant. Il tient un sac d'où s'échappe une odeur de friture. Je vois les autres passagers échanger des regards navrés. Pauvre gars qui s'offre son MacDo annuel. Il bouscule un adolescent, s'excuse, recule et rentre dans une jeune mère et s'excuse encore. Je le regarde rebondir d'excuses en excuses pendant une bonne minute avant de parvenir à se coincer entre le dos d'un siège et une vitre. Il est rouge quand il utilise son téléphone comme une armure contre la honte.
Je détourne le regard avec mépris. L'envie de lui faire avaler ses excuses à coups de jets de pisse brulants m'étrangle. Je bouscule exprès la femme près de moi en descendant à mon arrêt.
Qu'elle crève. Qu'ils crèvent tous.
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