20. Câlin virtuel réparateur
Alken
J'ai à peine raccroché avec mon ex-femme que je reçois un appel de Joy. Je vois qu'elle a essayé plusieurs fois de m'appeler depuis le début de soirée mais mon téléphone était en mode silencieux et je n'ai pas vu les notifications. Je me demande ce qu'elle peut avoir à me dire qui soit si urgent. Inquiet, je balaie l'écran de mon doigt et vois son image apparaître.
Elle porte sa petite nuisette noire sexy et se trouve visiblement dans sa chambre. Je me demande dans un premier temps si c'est juste parce qu'elle est trop excitée qu'elle m'a appelé tant de fois, mais quelque chose dans son regard me ramène vite à la réalité. Il s'est passé un évènement qui semble la bouleverser.
— Bonjour, ma Puce. Ça va ? On dirait que tu as vu un fantôme… Si c'est le cas, j'espère qu'il en a profité pour te mater un peu car tu es toujours aussi belle.
— Ton fils est passé chez moi et… Bon sang, Alken, il a balancé à Théo pour nous, me dit-elle, la voix chevrotante.
— Quoi ? Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Il veut juste tout raconter à son mec ou quoi ? m’emporté-je, vraiment surpris de l'attitude de mon fils.
— Je… C’est plutôt compliqué entre eux et il n’a pas apprécié que je lui dise un truc, du coup, il m’a balancé ça… Bref, c’est pas le problème. Enfin, c’est pas le pire. Bon sang, Théo me déteste, Alken, il ne veut plus me parler…
— Oh, je suis désolé, ma Chérie. Il t'en veut parce que tu ne lui as rien dit pendant tout ce temps ?
Je constate qu'elle sanglote en serrant un nounours dans ses bras. Même dans cet état, je la trouve belle et sexy et j'adorerais être à la place de la peluche.
— Bien sûr qu’il m’en veut. Comme toi. Bon sang, est-ce que je suis si horrible que ça ? J’ai juste voulu préserver chacun de vous, et voulu me préserver, et… Merde, j’en ai marre de tous ces secrets.
— C'est vrai que ça ne fait pas plaisir d'apprendre que tu nous as caché des choses, Joy, ça donne vraiment l'impression que tu ne nous fais pas confiance même si je réalise un peu après coup que tu n'avais pas vraiment le choix. Laisse donc un peu de temps à Théo pour encaisser la nouvelle. Ça devrait s'arranger rapidement entre vous.
— Tu comprends pas, Alken, avec Théo on ne s’est jamais disputé aussi brutalement ! Je… Bon sang, soupire-t-elle, je voulais faire au mieux pour tout le monde, je voulais… Tu me manques, Alken, tellement…
— Je suis désolé de te mettre dans cette situation, ma Chérie. Les secrets de ma famille te mettent vraiment en difficulté. Pourquoi tu n'essaies pas d'aller lui parler ? De lui expliquer les choses ? Sinon, il va ruminer toute la nuit, non ?
— Il a fermé la porte de sa chambre à clé et m’a dit d’aller me faire voir quand j’ai frappé à sa porte. Il est vraiment furax et blessé… Je voulais pas le blesser, moi, comme je ne voulais pas te blesser non plus. Tout ça me dépasse...
— Je ne sais pas quoi te dire, Joy. Que ça va passer ? Tu vois, moi, ça va mieux. J'ai réfléchi, j'ai compris, je crois, et on se parle à nouveau. Avec lui, ce sera pareil, je suis sûr. Fais-lui un petit mot que tu glisses sous sa porte…
— C’est vrai ? Tu ne m’en veux plus ? Bon sang, ce que j’aimerais que tu sois là, murmure-t-elle, toute triste. On ne se voit plus en ce moment, c’est dur…
Je ne réponds pas tout de suite mais l'observe en silence. Sa fragilité la rend encore plus désirable et ce n'est pas ce sein qui apparaît sous la nuisette échancrée qui m'aide à me calmer. Elle ne sait pas à quel point elle a raison quand elle dit que c'est dur...
— Oh, ma Chérie. Tu sais bien que je ne pourrai jamais t'en vouloir. Moi aussi, j'aimerais être là, à la place de ton nounours. Te prendre dans mes bras pour te réconforter. Je t'aime, Joy. Et je suis là.
— Non, t’es pas là, et j’ai que ce vieux truc pour avoir un câlin, soupire-t-elle en balançant sa peluche. Pourquoi tout n’est pas plus simple, sérieusement ? J’en ai marre qu’on galère pour tout, moi. Je veux juste vivre tout ça tranquillement, c’est pas demander la Lune quand même.
Et merde. Maintenant qu'elle a envoyé valser son nounours, j'ai une vue imprenable sur son décolleté vertigineux. Comment je fais pour me concentrer, moi ?
— Il faut qu'on soit patient, ma Belle. Dans un peu plus d'un an, on sera libre de vivre notre amour comme on le souhaite. Et je peux t'assurer que si je n'avais pas une représentation demain après-midi, je serais déjà dans le train pour venir te retrouver. J'espère que tu vas savoir patienter et ne pas vouloir tout arrêter parce que ce n'est pas simple…
— Non, bien sûr que non, je ne veux pas tout arrêter ! Je voudrais juste que tout soit plus facile, ou revenir en arrière pour faire les choses différemment avec Théo, soupire-t-elle en s’allongeant sur le côté, entraînant son téléphone avec elle. Tu dois me prendre pour une gamine qui fait son petit caprice… Je suis désolée.
Quand je vois comment sa nuisette se retrouve coincée entre ses seins si bien galbés, ce n'est pas pour une gamine que je la prends, mais pour la femme que je désire et avec qui ça fait trop longtemps que je n'ai pas fait l'amour. J'essaie tant bien que mal de maîtriser l'excitation qu'elle me fait ressentir.
— On ne peut pas revenir sur le passé, Joy. Pense plutôt à l'avenir. A demain soir par exemple. Je viendrai te chercher après ton service au bar. Et on verra si je réussis mieux que ton nounours à te redonner un peu le moral.Tu es trop belle pour rester triste comme ça.
— Parce que si j’étais moche, je pourrais rester triste ? rit-elle doucement.
— Parce que si tu étais moche, je ne serais pas en train de bander en te regardant, ma Chérie, avoué-je en souriant.
— Tu ne penses vraiment qu’à ça, Alken, marmonne-t-elle en tirant la couette sur elle. Je ne sais pas comment je dois le prendre si tu me parles de cul même quand je suis sérieuse et que je n’ai pas envie de ça.
— Désolé, ma Chérie. J'essaie juste de te changer un peu les idées. Par contre, c'est vrai que la nuisette, ça ne fonctionnera pas avec Théo. Il va falloir trouver une autre idée pour lui. J'essaierai de lui parler si tu veux…
— Pour lui dire quoi ? Que je mens comme je respire ? Non merci, ça va aller, soupire Joy. Comment s’est passée ta représentation ? Tout va bien à la Capitale ?
— Oui, tout va bien. Le spectacle est toujours un vrai succès. On a parlé de toi au repas, ce soir. Tu plais beaucoup à mes collègues danseurs. Je crois qu'ils aimeraient bien te connaître plus en profondeur… Et ce soir, j'ai aussi été appelé par Elizabeth. Elle n'accepte pas vraiment que Kenzo soit différent…
— Pardon, mais ton ex-femme est une coincée… Et comment je suis arrivée sur le tapis pendant votre dîner ? Pourquoi vous parlez de moi ? Je préférerais qu’on parle de moi pour mes talents de danseuse plutôt que parce que ma tronche leur plaît. Enfin, je suis même pas sûre que ce soit ma tête qui plaise.
Je souris car elle a vu juste. Je pense que ce qui a marqué mes collègues, ce sont ses courbes pour lesquelles n’importe quel homme normalement constitué ferait n’importe quoi. Mais ces courbes sont à moi comme ce joli minois qui a vraiment l’air tout triste.
— J’expliquais comment je me suis senti un peu floué suite au voyage à Cuba et c’est là que ton nom est ressorti, expliqué-je en la regardant tendrement. Et ils m’ont tous demandé comment j’avais fait pour résister à l’envie de te sauter dessus. Donc, c’est vrai, on n’a pas parlé de ton talent de danseuse, mais je suis sûr qu’ils seraient tous intéressés pour avoir la chance que j’ai eue de faire un concours avec toi. Non seulement, tu es sublime mais en plus, tu révèles encore plus ton partenaire. Vivement la prochaine opportunité que l’on aura de danser à deux, ma Puce.
— Tu cherches à me remonter le moral, là ? sourit-elle. Merci, Alken… Ça valait le coup de t’appeler dix fois pour finalement t’avoir au téléphone.
— Je suis content que ça te remonte le moral, mais je te disais juste ce que je pense. Tu es une formidable danseuse, tu sais. Pour ce qui est de la discussion que j’ai eue avec les autres, j’ai aussi appris qu’Olivier était bi. Je compte l’inviter à venir nous rendre visite à Lille. Je pense que ça pourrait faire du bien à Kenzo de discuter avec lui. Tu en penses quoi ?
— Oui, ça peut être pas mal, en effet. Comment tu vis cette découverte ? Enfin, je veux dire, outre le fait que ça t’ait été caché…
Je souris car elle sait que c’est un sujet sensible, mais l’attention qu’elle y met dans sa voix et la douceur avec laquelle elle me le demande font fondre mon cœur.
— Franchement, même si je suis surpris, ça ne me dérange pas plus que ça. Il couche bien avec qui il veut. Par contre, tu me disais qu’il y avait des soucis avec Théo… Et comme je le vois uniquement avec Émilie ces derniers temps, je me dis qu’il doit se conduire comme un goujat et pas comme un gentleman, mon fils. Je pensais l’avoir mieux éduqué que ça.
— Il se cherche, se découvre, c’est pas facile pour lui… Mais effectivement, Théo est un dommage collatéral. Il est amoureux de ton fils et je crois que c’est réciproque. Sauf que Kenzo veut profiter de la vie. Il est tout jeune, c’est compréhensible aussi. Enfin bon, c’est un sacré schmilblick, tout ça.
— Tu parles comme une petite vieille, me moqué-je, alors que tu ne l’es pas beaucoup plus que lui, ma jeune amoureuse. C’est moi qui t’influence comme ça ? En tous cas, dans les dommages collatéraux, je crois que l’on peut te compter aussi vu comment tu étais au début de notre conversation. J’aime pas te voir comme ça, Joy. Tu prends tout trop à cœur. Il faut te protéger aussi, ma Chérie.
— C’est parce que je prends tout à cœur que je danse bien, Alken, rit-elle. Et puis, quand j’aime les gens, je ne peux pas m’en empêcher. J’adore ton fils et ça m’ennuie qu’il soit perdu comme ça. J’aime mon coloc et on a traversé plein de choses ensemble alors ça me fiche la trouille de ne plus l’avoir auprès de moi. Et je t’aime, toi, et je déteste quand on se fâche.
—Vivement qu’on se réconcilie sur l’oreiller alors, souris-je machiavéliquement. Peut-être que ça me donnera encore envie de te fâcher, qui sait ?
— C’est pas drôle, Monsieur O’Brien, sourit Joy. Surtout que c’est pas comme si on en faisait pas déjà, des bêtises sur l’oreiller. Pas besoin de se fâcher pour s’aimer, Prof !
— Je t’aime, Joy. Plus que tout. Je peux te laisser dormir, désormais ? Tu as retrouvé assez le moral pour ne plus pleurer ? Promis, je t’appelle demain pour voir si tu as fait de beaux rêves.
— Oui, oui, ça va aller. J’espère que Théo ne fera pas n’importe quoi avec l’info, mais je pense qu’il va garder ça pour lui malgré tout… Bonne nuit mon Cœur. Tu me manques.
— Bonne nuit, Femme de mes rêves. Ne t’inquiète pas pour Théo, c’est ton ami, il ne fera rien contre nous. A demain, au réveil ! Je t’aime !
Lorsque je raccroche, j’ai le sourire aux lèvres. Est-ce que je lui en veux toujours pour m’avoir menti et caché des choses ? Oui, un peu. Mais tout ça n’est rien à côté de l’amour que je lui porte. Quand elle se montre si fragile, quand elle s’expose autant, toutes mes barrières cèdent et je ne peux ressentir qu’une chose pour elle : l’Amour avec un grand “A”.
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