Ce soir, avec les copains, on s'est dit que ce serait cool de partir en randonnée dans un coin qu'on n'a pas encore visité mais dont on entend souvent parler. De ce que j'ai compris, il y aurait une grotte où se réfugier en cas de pépin, une belle cascade d'où coule une rivière pleine de truites, une belle végétation et surtout du calme.

 J'avoue que j'ai pas tout suivi, j'ai un peu bu et surtout je suis assez énervée contre mon ex. Cet abruti n'a rien trouvé de mieux que de débarquer à mon boulot pour essayer de me reconquérir après que je l'ai trouvé le pantalon sur les chevilles, ma collègue à genoux en train de le satisfaire avec sa bouche. Selon lui c'était un accident. Bah bien sûr ! Elle a glissé, s'est rattrapée à son pantalon qui a glissé et elle s'est retrouvée avec son sexe au fond de la gorge... Le pire, c'est que lorsque j'ai, très sarcastiquement, avancé cette théorie, il l'a validée, presque soulagé d'avoir une explication qui lui semblait rationnelle. C'est donc vrai que lorsque leur cerveau du bas est bien irrigué, celui du haut est déconnecté.

 Bref, cette rando, c'est ce qu'il me faut. Je ne réfléchis pas plus loin ce soir et je retourne m'amuser avec ma bande de potes que je connais depuis le lycée. On a fait les quatre cent coups ensemble et c'est pas près de s'arrêter !

 Quelques heures ont passé, je suis seule dans ma chambre et je commence à préparer mon sac à dos. Je ne dois surtout rien oublier ! La dernière fois, il me manquait mon inhalateur et on s'est également très vite retrouvé à court de papier toilette, la faute à Dimitri qui avait fait tomber le stock dans le lac alors qu'il était bourré. Je me suis alors jurée d'en avoir de côté, au cas où, pour les prochaines excursions.

 La trousse de toilette avec le strict nécessaire, check. La trousse de soins avec mon inhalateur et double réserve de pansements, check. Quelques fringues de rechange dans l'espèce de bassine en tissu imperméable qui nous permet de récupérer de l'eau pour ensuite faire notre linge ou cuisiner, check. De la nourriture qui provient d'un site spécialisé dans la survie au cas où on n'ariverait pas à choper du poisson, check (de toute façon, on aura aussi une glacière avec à boire et à manger qu'on portera à plusieurs et en relais). Trois rouleaux de PQ, des alumettes et mon sac de couchage, check. Ma tente, check aussi. Mon chargeur solaire avec ma liseuse (faut pas déconner, je veux ma dose de Ena L. moi !), mon portable et une lampe torche, check. Je crois que j'ai tout. Quoique, il reste un peu de place (faut dire que j'ai un sac à dos de compète), autant glisser mon couteau suisse, un oreiller gonflable (on ne rigole pas avec le confort) et mon doudou.

 Il faudra aussi penser à prendre le réchaud, une grille de babecue et un wok avec, histoire de cuire le riz, le poisson et tout ce qu'on va manger de manière décente. Oh et l'espèce de boule composée de deux saladiers qui renferme des assiettes, gobelets et couverts qui nous suit en camping depuis si longtemps que je ne suis même pas sûre que ça se trouve encore en boutique...

 Je regarde avec nostalgie ce sac à dos qui aura vu tant de choses à travers les ans. Les randos plus ou moins ratées, différents paysages à travers l'Europe, les pleurs et les fous rires (ça me fait penser que j'ai failli oublier de prendre des mouchoirs... et du savon de Marseille pour la vaisselle et la lessive, on part quand-même une semaine), et même les fiançailles de Thomas et Elise qui sortaient ensemble depuis la seconde. Il est un peu élimé (le sac, pas Thomas), rappiécé par endroits, plein de petits mots écrits par mes amis au tip-ex (je n'arrive plus à en lire la moitié au moins), mais c'est mon sac à dos et je n'en changerai que le jour où il sera totalement inutilisable.