Jour 3 : bottes

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 Dix fois que je passe devant cette boutique. Dix fois que je bave, littéralement, devant cette paire de bottes. Je craque rarement pour des vêtements ou des chaussures, mais là, comment ne pas les vouloir ?

 Depuis des années que je suis fan du Château ambulant et que je prépare le cosplay de Sophie, il faut que je tombe sur la paire de bottes qu'il me manque, au détour d'une rue, à un prix beaucoup trop important pour ma bourse.

 Blanches, avec un petit talon, des lacets noirs, et partant en pointe vers l'avant. Elles arrivent à mi-mollet, sont en cuir véritable (d'où le prix), et semblent m'appeler. "Achète nous, achète nous... Nous sommes celles qu'il te faut, regarde, nous sommes à ta pointure..." AAAaaargh je deviens folle. J'en suis à me demander pendant combien de temps je mangerai des pâtes à la margrine (le beurre c'est trop cher) si je devais craquer.

 Bip bip bip, bip bip bip. Je sursaute. Mon téléphone sonne. C'est Chris, un bon pote à moi que je connais depuis le lycée et que je vois quelques fois dans l'année, quand il a le temps, bourreau de travail qu'il est.

  • Qu'est-ce que tu fous ? Je t'attends au resto moi !
  • Oh mince ! Désolée ! Je suis en route, j'ai pas vu que je traînais autant...
  • T'as repéré un bouquin c'est ça ?
  • Non. Pas cette fois. C'est une paire de bottes.
  • Toi ? Tu craques sur une paire de godasses ?
  • Bah ce sont celles idéales pour mon cosplay.
  • Et t'es à la caisse, d'où le fait que je poireaute comme un abruti ?
  • Même pas. J'ai honte Chris, désolée. J'arrive !
  • Si t'es pas à la caisse, tu fous quoi ?
  • Des calculs... Mais laisse tomber, si je les prends j'en ai pour des mois de pâtes à la margarine et c'est hors de question de bousiller mes intestins pour une paire de chaussures.
  • Prends les en photo. Si ça se trouve tu les trouveras pour moins cher sur le net.
  • Pas bête ! Bon je raccroche et je sprinte. Je suis là dans deux minutes !

 Je prends la photo et je cours pour atteindre le chinois deux rues plus loin. Pendant le repas, Chris demande à voir la photo, histoire de comprendre ce qui m'a retardée et l'a fait patienter dans le froid. Vu sa tête, je dois passer pour une folle. C'est vrai que pour une personne qui n'est pas aussi fan que moi de ce Ghibli, ce n'est qu'une paire de bottes toute simple. Mais pour moi... Bref, j'arrête d'y penser et je me concentre sur le moment présent. Je ne sais pas quand je reverrai mon pote après aujourd'hui.

 Sur le chemin de mon appartement, Chris me dit d'avancer, qu'il me rejoint, qu'il a un coup de fil à passer pour le travail. Il bosse trop. C'est déjà un miracle qu'il ait tenu le temps du repas. Après, diriger une entreprise, c'est forcément prenant.

 Le revoilà, enfin je crois, c'est sa silhouette mais il n'avait pas de sac à la main avant. Bah, je dois confondre, je me gèle sur place au pied de mon immeuble. Comme je viens d'emménager, j'ai préféré l'attendre pour ne pas qu'il rate l'entrée. Du coup, je dois avoir des hallucinations. Ou pas, c'est bien lui. Il me tend le sac. Je n'ose pas regarder... Et pourtant. Je lui saute au cou et le remercie infiniment ! Ce fou m'a offert le graal ! Enfin les bottes ! Enfin, vous m'avez comprise... Japan Expo, me voilà !! Y trouverai-je mon Hauru ??

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