Jour 4 : Exotique
Cette année 1815 a été bien compliquée pour mes frères et moi. Nos parents sont morts dans l'incendie de notre demeure londonienne, nous forçant à nous retirer dans le manoir lugubre de nos ancêtres. Je conviens que cela semble être une pleurnicherie d'enfant riche : "Oh mon Dieu, il doit vivre dans un lieu rempli d'histoire et où les signes extérieurs de richesse sont visibles à des lieues à la ronde, pauvre petite chose...", pourtant nous détestions réellement cet endroit. C'est pourquoi, dès que nous l'avons pu, nous avons décidé de voyager.
Les Indes étaient par trop connus de l'Angleterre, ainsi, nous avions jeté notre dévolu sur l'Asie et ses mystères. Le voyage fut long et parfois pénible. Le climat changeant de certaines régions du monde nous prit au dépourvu plus d'une fois. La seule chose constante qui nous faisait nous lever le matin, qu'il pleuve, neige, grêle ou fasse une chaleur étouffante, était l'extraordinaire beauté des paysages que nous traversions.
Nous aurions pu faire une partie du trajet en chemin de fer, cette invention si récente qui permettait de gagner du temps sur de longs trajets tout en restant à l'abri, mais nous ne faisions pas confiance à ce cheval cracheur de vapeur qui semblait avoir avalé ses passagers et qui pouvait basculer d'un pont ou dont la locomotive pouvait exploser si elle était mal entretenue. De plus, il n'avait pas encore pu s'étendre partout où nous allions passer. Nous avons donc préféré partir à cheval. Nous avions chacun le notre en qui nous avions toute confiance, plus un destrier supplémentaire pour porter les tentes et les bagages, afin de ne pas surcharger nos montures. Nous gardions sur nous de l'argent liquide en cas de besoin et nos livrets banquaires qui nous permettaient de retirer de l'argent où que nous nous trouvions. C'était bien plus prudent, les voleurs étant légion.
En dehors de notre Angleterre natale, nous avions tout à découvrir et l'exotisme de ce voyage était l'un de ses nombreux attraits. L'architecture, la faune, la flore... nous avions tant à découvrir ! C'est ainsi que je vis mon premier puma, mon premier edelweiss, ma première montagne... Nous avons également souhaité passer par le sud de la France et y avons vu, pour la première fois, des eaux turquoises qui venaient lécher un sable d'or fin qui semblait se languir de la prochaine vague. Après avoir chacun collecté un coquillage en souvenir, nous nous sommes baignés et avons joué tels des enfants à nous éclabousser. Ce fut et reste encore un de mes meilleurs souvenirs de jeunesse.
Après des semaines de voyage plus ou moins cahotiques, nous atteignîmes l'Asie. Nous étions pourtant dans le même pays que la veille, l'Empire Russe, mais nous étions sur un continent différent. Cela nous parût fou ! Mais nous devions continuer avant les grands froids de l'hiver que nous savions rude dans cette partie du monde.
Dans les steppes, le peuple Mongol nous accueillit comme des rois. Nos chevaux leur firent grande impression, mais moins que nous firent leurs maisons qu'ils appellent "Yourte" et qui peut se monter et se démonter au fil de leurs déplacements, ce peuple étant nomade. Les enfants nous regardaient, émerveillés, et même si ce peuple et nous ne parlions pas la même langue ni n'avions la même culture, ils nous permirent de nous joindre à eux pour la nuit et nous offrirent le gîte et le couvert.
Enfin, la Chine nous ouvrit ses frontières. Nous étions épuisés mais heureux. Mon frère aîné, Marshall, y découvrit même le bonheur de trouver une épouse qui lui donnera un fils moins de deux ans plus tard. Il resta vivre dans ce pays, cédant son droit d'aînesse à Georges, mon second frère, de cinq ans plus âgé que moi. Nous passâmes quelques semaines dans cette contrée avant de nous diriger vers les Indes pour y prendre un bateau et rentrer chez nous, sans notre frère, mais avec une multitude de souvenirs et la promesse de Marshall de nous rendre visite avec son épouse dès qu'ils le pourraient.
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