Jour 19 : Crête

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 Cette année, c'est l'année de tous les défis. Après tout, à vingt ans, rien n'est impossible n'est-ce pas ? Et cet automne, je compte bien parcourir les trente-trois kilomètres des crêtes des Vosges. Pour certains, je sais que c'est limite une promenade de santé, mais pour moi qui suis un grand timide et un petit sportif, me mêler à la foule et marcher autant, c'est plus compliqué que ça en a l'air.

 C'est mon père qui m'a incité à le faire. Il l'a fait l'an dernier, à l'âge de quarante-cinq ans et il compte bien le refaire avec moi cette année. J'ai dit oui juste pour passer un moment seul avec mon papa. D'habitude, il est plus avec mes soeurs ou mon frère aîné, avec qui il a plus de points communs. Je sais que c'est pas top d'être jaloux, encore plus quand il s'agit de son propre sang, mais j'ai besoin de partager quelque chose d'unique avec mon héros. Besoin qu'il voit en moi plus que ce garçon introverti, geek et premier de classe.

 Parcourir ces crêtes, c'est aussi prendre ma revanche sur mes camarades qui ont fait de ma scolarité un enfer. Toujours moqué, toujours choisi en dernier en sport, toujours critiqué... Ils verront qu'avoir un cerveau n'est pas incompatible avec le fait d'avoir des muscles et de savoir s'en servir.

 Personne ne sait que je me suis mis au sport. Depuis le premier janvier, je suis inscrit à la salle de musculation près de chez moi. Ma famille pense que je vais à la bibliothèque et je me suis bien gardé de les contredire. Je me cache toujours sous des vêtements amples, alors ils n'ont pas encore vu à quel point mon corps à changé, à quel point je suis musclé. Mon coach sait depuis le début que je veux faire ce parcours qui fait partie du GR5. Il m'a entraîné en conséquence, en plus de faire en sorte que j'aie une musculature harmonieuse.

 J'ai hâte de découvrir ces paysages de montagne, de marcher le coeur léger, de me prouver que j'en suis capable aussi. Mon père nous a raconté que les crêtes des Vosges sont magnifiques. Que les terrains s'enchaînent sans se ressembler. Qu'on y traverse toute la diversité du massif, forêts, chaumes, pierriers... Que l'herbe chatouille les mollets, que les pierres roulent sous les chaussures, que les arbres murmurent des paroles d'encouragement...

 Plus que quelques jours avant le départ. D'y penser, j'ai le coeur qui bat la chamade. J'ai vraiment peur de la foule. Quand je vais à la salle, c'est vraiment aux horaires les moins fréquentés. Là nous serons plus d'une cinquantaine. Heureusement, je sais que papa veillera sur moi (maman l'a obligé à promettre même si je suis un grand garçon) et en me focalisant sur les paysages ça devrait aller. J'ai aussi peur de ce que dira mon père en découvrant ma musculature. J'espère qu'il sera fier de moi. Fier que je me dépasse, fier que je fasse cette marche, fier que je sois son fils.

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