Mes parents m'ont inculqué la passion du voyage. Depuis plus de trente ans, ils explorent des régions inconnues afin de transmettre la bonne parole contenue dans la Bible, à des peuples qui ne connaissent ni ce livre saint, ni Dieu.

 En 1854, ils sont partis pour une région du monde inexplorée encore à ce jour, quelque part en Afrique australe, et je ne devrais pas tarder à aller les rejoindre. Je n'étais pas encore majeure au moment de leur départ, étudiante dans un couvent proche de la ville de Calais, parmi des jeunes filles de la noblesse. Elles ont essayé de m'apprendre à parler et à bouger comme elles, mais je déteste me sentir guindée, enfermée dans des carcans physiques ou mentaux.

 J'ai hâte de m'en aller voir ces lieux que notre imagination peine à nous retranscrire. Dans leurs lettres, mes parents tentent de me décrire les merveilles qu'ils découvrent, les langages des peuples qu'ils croisent, les coutumes ancestrales africaines ainsi que la faune et la flore exotique.

 Quand je pense à toutes ces contrées inexplorées dans le monde, mes jambes fourmillent d'impatience d'y mettre les pieds, de transmettre ma foi, de voir par moi-même toutes ces choses dont j'entends seulement parler depuis ma naissance et de ressentir ce frisson de la découverte.

 Plus que quelques jours et je pourrais enfin préparer mes bagages et prendre le bateau en partance pour l'Afrique. Papa m'a promis qu'il m'attendrait avec maman. Je ne les ai pas vus depuis cinq ans, je n'ai qu'une hâte, leur sauter dans les bras.