Toujours intrigué par cette histoire, Nolwan ne se priva pas de la raconter à ses amis à l'heure du déjeuner. Ces derniers ne se privèrent pas non plus de manifester leur mécontentement également :

- C'est incroyable ! S'exclama Jérémy. Normalement les professeurs n'ont pas le droit de s'immiscer ainsi dans la vie privée des élèves !

- Je suis bien d'accord, renchérit Karin qui finissait son assiette de patte. Tu crois qu'il t'observe ?

- J'en sais rien, répondit Nolwan qui tenait fermement son couteau dans ses mains. Mais j'espère pas ! En plus son regard était flippant. On aurait dit un psychopathe qui guettait une occasion de manifester sa folie !

Après un court moment de silence, Jérémy regarda autour de lui. Nolwan et Karin avaient l'air préoccupés mais ne voulaient visiblement pas faire part de leurs inquiétudes. Jérémy prit donc les devants et toussota un peu pour s'éclaircir la voix :

- Bon ! Fit-il en haussant le ton. Et si on arrêtait de faire semblant et qu'on se disait clairement les choses !

- Se dire quoi ? Dit Nolwan en relevant la tête l'air de rien.

- Je t'en pris Nolwan... Dit Jérémy avec lassitude. L'enlèvement, les dimensionnels, une mystérieuse organisation qui veut te faire la peau pour je ne sais quelle raison. Ou tes pouvoirs... Tu vas quand même pas me dire que t'as déjà oublié tout ça ?

- Baisse d'un ton... Lui souffla Nolwan en s'assurant que personnes dans la cantine ne les avaient entendus. Mais qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ?

- Je vois bien que ça te préoccupe mais on doit clarifier les choses pour pouvoir tourner la page. Lui répondit Jérémy. Hein Karin ?!

- Ça n'arrive pas souvent, confirma Karin, mais je dois admettre qu'il a raison. On doit en parler.

- Vous voulez en parler ? Très bien ! S'exclama Nolwan avec colère. Pour commencer des hommes venus de je-ne-sais-où nous kidnappent ! Comme si ça ne suffisait pas, nous voilà embarquer dans une course-poursuite malgré nous, à sauter d'un pont de plusieurs dizaine de mètres. J'ai cru que j'allais mourir hein ? Mais nooon, heureusement on a survécu, enfin je dis heureusement mais juste après une voiture tombe du ciel, un des soldats se met à tirer des coups de feu, une fille sortit de nulle part se révèle avoir des pouvoirs de télékinésie et son copains le blondinet pyromane qui nous fait passer d'une voiture à l'autre, Karin se fait menacer mais nos « mystérieux » sauveurs, qui sont en fait deux ados attardés qui prétendent être des dimensionels ou je sais pas quoi, nous sauvent ! Et pour finir ils me, enfin ils « nous » proposent de nous joindre à eux dans une base militaire même pas sécurisée pour combattre des soldats armées jusqu'aux dents alors que les seuls fois où on s'est battus c'est dans des jeux-vidéos !

Après cette longue tirade, Nolwan se rendit compte que tout les élèves les regardaient. Enfin, c'était surtout lui qu'ils regardaient car dans son excès de colère il avait oublié de baisser le volume. Heureusement pour lui, les gens avaient été beaucoup trop absorbés par sa performance pour écouté ce qu'il disait. Aussi après quelques secondes, chacun retournèrent vaquer à leurs occupations et le réfectoire reprit sa ferveur habituelle.

- On est tous dans le même bateau j' te signale ! Rétorqua Jérémy. Nous aussi on y étais !

- Eh bien j'en ai pas l'impression, lui répondit Nolwan d'un ton moins fort cette fois. A t'entendre on dirait que c'est un jeu. C'est nos vies qui sont en jeu, tu te rends compte ! Tu ferais mieux d'arrêter de jouer au gamin immature et de voir la réalité en face !

- Quoi ?! S'énerva Jérémy en se penchant sur la table. Répètes pour voir ?

- Parfaitement ! Répondit Nolwan en se penchant également, face à Jérémy.

- Doucement les gars ! S'interposa Karin. Calmer vous avant que ça dégénère !

- J'ai vu ce genre de situation dans des tas de films ! Poursuivit Jérémy en ignorant Karin. La meilleur solution c'est d'affronter le problème plutôt que de le fuir. C'est comme ça qu' agissent les vrais héros !

- Tu vois ? Riposta Nolwan. C'est de ça dont je te parle. Tu vis dans le fictif, pas étonnant que rien ne te fasse t'effraie. Écoute moi bien, on est PAS dans un film, je ne fuis PAS les problèmes mais je préfère PRÉSERVER les miens en restant en dehors de tout. J'espère juste qu'un jour tu pourras le comprendre et que t'arrêteras de vivre dans ton monde !

- Bon ! CA SUFFIT ! S'imposa Karin. Ce n'est pas avec des disputes qu'on résoudra quoi que ce soit. Je sais que cette histoire vous affectes tous les deux mais ça ne sert à rien de s'entre-déchirer !

Karin se leva alors avec son plateau.

- On ferait mieux de prendre quelques jours de distance pour réfléchir à tout ça.

Nolwan et Jérémy en firent de même.