Je suis devant mon café, l’esprit embrouillé par 10 000 pensées.

- Tu vas le boire froid ton café si tu continues à faire de l’œil à la boite de sucre. Me lance mon père qui s’installe en face de moi.

- Salut.

- Sale nuit ?

- Non je cogite c’est tout. J’ai été voir Marielle à son taf hier.

- Oh et ça s’est passé comment ?

- Elle n’était pas là, j’ai laissé mon numéro pour qu’elle me rappelle.

- Et tu te sens comment ?

- J’en sais rien.

Le pire c’est que c’est vrai, y a cette gosse qui m’a foutu les tripes en vrac, je n’ai pas arrêté d’avoir sa chanson en tête en plus. Après une bonne douche, quelques appels je décide de retourner là bas. Je sais pas pourquoi mais j’ai besoin d’y retourner et cette fois ci ce n’est pas pour Marielle. J’embraye, je file faire quelques achats puis je vais me garer devant le centre. Lorsque j’arrive je tombe sur la même fille que la veille qui me sourit cette fois ci.

- Je vous manquais déjà ? Me lance-t-elle.

- Ecoutez, je…j’ai pensé que ça pourrait être utile ? J’ai pris des jouets, des trucs de coloriages, des feutres, y a aussi des petits instruments de musique, enfin voilà c’est pour les gosses. J’ai encore 5 cartons dans ma caisse donc si je peux vous emprunter les fumeurs dehors pour vous ramener ça, ça serait cool.

- Mais…c’est génial, merci beaucoup Mickaël. Bilal et Theo vous allez aider pour vider la voiture du Monsieur. Allez !!!!

Les ados soufflent mais obéissent. On rentre les cartons et je file deux cartouches de clopes à la femme.

- Je sais que vous avez des fumeurs, et qu’ils n’ont pas de tune, et comme c’est interdit je suppose de financer ce genre de chose, bah je vous les offre à vous les clopes.

- Je…je ne sais pas quoi dire sincèrement.

- C’est que dalle.

- Vous avez quelque chose à faire là ? Me demande-t-elle

- Euh non pas spécialement.

- Alors je peux vous demander de m’aider à ranger du coup tout ça ?

- Ah mais ouais bien sur. Dites-moi où je dois mettre ça.

- Au fait, moi c’est Lisa. Et on peut, peut –être se tutoyer, non ?

- Euh ouais stu veux.

Alors que je l’aide à tout ranger, on entend un bruit de porte et une voix gueularde brailler.

- Où est ma gosse !!! Putain Patricia si je te trouve jte tue !!! Hurle-t-il

Sans réfléchir on fonce dans le hall et on se retrouve face à un type qui doit faire 100 tonnes.

- Monsieur Kail, vous ne pouvez pas voir Patricia. Le juge vous a interdit de l’approcher. Dit Lisa

- Je veux ma gosse et tu vas me la trouver !!!

Le mec est enragé et pourtant Lisa fait face. J’ai grave du respect pour elle sauf que le mec est trop agressif et j’interviens.

- Eh mec, calme toi, viens on va dehors et on discute mais là t’es en train de faire baliser les gosses, viens avec moi.

- T’es qui toi !!! Encore un enfoiré d’éducateur !!!

- Non mec je suis personne maintenant on sort.

- Ta gueule !!! Lâche-t-il en me collant une droite qui me fout à terre.

Là c’est trop !!! J’attrape le mec et lui mets un chassé qui le fout dehors. Il s’étale par terre et me regarde haineux.

- Fils de pute !!! Crache-t-il

- Jte déconseille de faire ça, je t’assure que tu le regretteras amèrement.

- Tu ne me fais pas peur !!!

Il se lève et tente de m’en recoller une mais récolte mon poing dans son estomac. Il recule puis tente de se jeter de nouveau sur moi. J’attrape son bras, et le fous par terre, le genou sur sa nuque.

- Tu bouges et jte dévisse la tête, tu choisis, tu remontes dans ta caisse ou jte brise la nuque.

- C’est…c’est bon.

- Me la joue pas à l’envers mec, sinon jte déboite les deux genoux.

- C’est bon je me tire.

Je relâche ma prise et le mec se casse. Lorsque je me retourne, je vois plein de petits visages collés à la fenêtre et on m’applaudit. Je ricane comme un con alors que ma mâchoire me fait quand même mal.

- O…K. T’es pas un gentil toi. Me lance Lisa

- Je suis gentil avec ceux qui le méritent.

- Ouais bah en attendant toi tu mérites qu’on te soigne ton entaille, il ne t’a pas raté.

- C’est que dalle t’inquiète.

- Ah non non moi je ne prends pas la responsabilité que ça s’infecte. Suis moi on va à l’infirmerie.

Je suis escorté par des Pimousses de tout âge. Lorsque je rentre dans l’infirmerie, Lisa demande aux enfants de retourner jouer. Elle commence à me nettoyer et je lui demande qui était ce type.

- C’est le père d’une des filles, il l’a violée et mise enceinte, du coup elle est placée chez nous le temps d’avoir son bébé mais lui veut la récupérer.

- J’aurais du lui briser la nuque.

- Et t’aurais fini en prison et Marielle m’aurait probablement tuée. Non je t’assure t’as bien fait de juste le maîtriser.

Marielle l’aurait tuée…Intéressant ça. Donc elle connait notre relation. Mais la porte s’ouvre et une femme tient dans ses bras une petite aux cheveux ondulés.

T’as un vrai problème avec les cheveux toi

Ma petite pianiste !!! Pourquoi elle pleure !!!! Non non elle ne doit pas pleurer, arrêtez ça c’est insupportable !!!

Ok je confirme t’as un problème et pas qu’avec les cheveux.

- Nous avons un gros chagrin. Dit la femme

La petite sanglote contre la femme et mon cœur se serre à m’en faire mal.

- Eh beh Jennie qu’est ce qui se passe ma chérie ? Demande Lisa

- Maman me manque.

- Oh mais elle va bientôt revenir.

- J’ai mal au ventre.

- Tu veux rester te reposer un peu ici ?

- Oui.

La petite va s’allonger dans le lit et se tourne vers le mur en reniflant. Lisa range le matériel de soin et je m’avance vers la petite fille comme aimanté.

- Salut, je peux ? Dis-je

Elle se retourne et ses yeux sont rougis par ses larmes. Elle me fait oui et je m’assois au bord de son lit. Elle ne me lâche pas des yeux et moi non plus. Y a une connexion qui se fait entre elle et moi que je n’explique pas.

- Tu sais quand j’étais petit, mon papa me manquait aussi beaucoup. Dis-je

- Pourquoi il n’était pas là ?

- Il travaillait beaucoup.

- Tu étais triste toi aussi ?

- Oui très. J’avais l’impression d’être perdu quand il n’était pas là. Toute ma vie j’ai eu cette tristesse en moi. Et puis un jour j’ai rencontré quelqu’un qui m’a aidé à ne plus avoir peur d’être seul et a calmé mes angoisses.

- Comment elle a fait ?

- Elle m’a donné une mèche de ses cheveux. Depuis je la garde toujours sur moi. Elle est magique. Tiens, je te la confie, tu verras tu te sentiras moins seule.

- Merci. Dis, comment tu t’appelles ?

- Mickaël.

- Mickaël, tu veux bien rester avec moi s’il te plait ?

Mon cœur bondit de joie. Je regarde Lisa qui me fait signe que je peux rester avec elle. On discute un peu, elle me confie avoir commencé le piano lorsqu’elle avait 3 ans, que c’était presque facile pour elle d’en jouer et qu’elle adore chanter.

- Tu t’es fais quoi à la joue ? Me demande-t-elle en posant sa petite main dessus.

Ouffff elle n’a rien vu de ma bagarre.

- Je suis tombé.

- Tu mens mal tu sais.

Je suis obligé de rire là. Cette gosse est géniale. Pas de mytho alors.

- Ok, tu veux la vérité, je viens de mettre un mec dehors car il allait embêter une fille d’ici.

- Ça fait mal ?

- Ça va.

Elle me sourit puis me fait une place pour que je puisse me poser sur le lit. Cette gosse est que générosité.

- Je suis fatiguée. Dit-elle en se posant contre moi.

J’ai le cœur qui bat tellement vite que je dois frôler l’infarctus. Lisa me regarde et sourit. La petite tient toujours la mèche de cheveux dans sa petite main pendant que la mienne caresse ses boucles soyeuses.

- On dirait bien qu’elle t’a adopté. Me lance Lisa en me faisant un clin d’œil.

Et si moi je l’adoptais.

Tu ne peux pas, faut être marié.

Ce n’est pas le plus dur ça.

Elle a une mère pour info !

Qui n’est pas foutu d’être là quand sa gosse en a besoin !

Tu débloque complètement.

Bah je t’emmerde.

- Pourquoi t’as des dessins ? Me lance sa petite voix éveillée

- Parce que je trouve ça joli.

- Ce n’est pas interdit de dessiner sur toi ?

- Et bien quand t’es petit oui mais pas quand t’es grand.

- Bah moi je suis une grande j’ai 6 ans et je sais lire et écrire un petit peu.

- Encore plus grande.

- Grande comme la maison !!!

Je suis mort de rire devant son coté enfantin.

- T’as quel âge ? Me demande-t-elle en se redressant.

- 27 ans.

Je regarde son joli sourire et ses yeux d’un bleu perçant rempli d’innocence.

- T’as des enfants ? Me demande-t-elle.

- Non.

- T’as une amoureuse ?

Ouais mais je l’ai tej y a 6 ans.

- Non.

- Pourquoi ?

Mais c’est quoi cet interrogatoire !

C’est une gosse curieuse.

- Parce que je ne l’ai pas trouvée encore.

Retrouvée plutôt.

- Et bien si tu veux, je veux bien être ton amoureuse moi.

Cette gosse m’éclate.

- Ce n’est pas possible princesse je suis bien trop vieux pour toi.

Elle réfléchit et compte sur ses longs doigts.

- Hannn t’as tout ça !!!

- Et ouais.

- T’es vieux !!!

Et bim dans ta gueule

- Mais t’es trop beau quand même.

Et bim dans ta gueule conscience.

Gnagnagna

- Bon c’est pas que je m’ennuie avec toi Jennie mais va falloir que je rentre chez moi.

- Ohhh. Dit-elle déçue.

- Eh, rappelle toi que t’as la mèche magique.

Elle me sourit puis de ses petits bras encerclent mon cou pour me faire un câlin. Je vais crever par autant d’amour. Je la serre contre moi ayant besoin moi aussi de cet acte si bouleversant.

- Tu reviendras hein ?

- Ouais.

- Promis ?

- Promis princesse.

- Bon miss Jennie, y a la douche à prendre. Lui lance Lisa qui n’a rien loupé de la conversation.

La petite se détache de moi et me colle un bisou sur la joue.

- A bientôt Mickaël.

- A bientôt Jennie.

Alors qu’elle me fait au revoir de la main, j’ai qu’une envie c’est de la rattraper pour ne plus jamais la laisser. Je rentre chez moi et passe la nuit à dessiner les plans de ma maison. Ma main dessine sans s’arrêter, tout est désormais clair dans ma tête.