Quoique. Imaginons l'inimaginable : C'est l'histoire d'un homme qui aligne des mots, les uns après les autres, pour en faire tout une histoire. Eh bien l'on en trouvera toujours pour prétendre, à l'exception notable de Georges Perec toutefois, que ce n'est pas "tout une histoire" que fera ainsi notre homme mais bien plutôt "toute une histoire". L'histoire de cet "e" dont toute l'histoire de la grammaire française n'a, somme toute, pas encore fini de décider le sort. Toute chose égale par ailleurs, il convient de reconnaître que ladite grammaire française est, pareille à un champ de bataille de la Grande Guerre, constellée d'une multitude d'abîmes de compléxité insondables. Il incombe cependant à tout auteur de se prononcer - en prenant suffisamment de hauteur pour être à jamais digne de regarder l'Histoire en face - sur le sort qu'il convient de réserver à cet "e" énigmatique. Que l'on m'accorde, donc, cette licence. Et que les oiseaux de mauvais augure se le tiennent pour dit car, avec ou sans eux, je le clame haut et fort : c'est l'histoire d'un homme qui casse des oeufs, les uns après les autres, dans le seul but de constituer une omelette.