Chapitre 3 : Camping entre amis

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Cela faisait un mois que j’étais devenue amie avec Alice. Malgré notre écart d’âge, nous nous étions découvertes des passions communes. Je passais donc presque tout mon temps libre au café et le soir, nous sortions souvent prendre un verre. Parfois avec Pauline et Thomas, et parfois seules. J’aimais beaucoup son air insouciant et sa manière de parler. Elle, appréciait mon caractère et ma joie de vivre. Nous étions comme deux soeurs, incapables de se séparer.

Le dernier client venait de passer la porte quand Alice se précipita vers moi, un sourire mystérieux sur le visage.

« Qu’est-ce que tu fais le week-end prochain ?

— On voulait se faire une sortie avec Pauline et Thomas. Pourquoi ?

— Ah oui ? Dommage, je voulais vous inviter à faire du camping avec des amis ! annonça-t-elle, l’air un peu triste.

Étrangement, mon coeur se serra.

— Puisqu’on ne sait toujours pas où aller, je peux leur demander si ça les tente ? »

Je ris car le visage d’Alice venait de se transformer en un visage d’enfant à qui on venait de promettre une surprise. Devant son air réjouit, je m’emparai rapidement de mon portable. Leurs réponses positives m’arrivèrent assez rapidement et nous éclatâmes de joie ensembles.

***

C’est après avoir épuisé et massacré de nos voix tout le répertoire de la vieille musique française que nous arrivâmes au campement. Deux voitures y étaient déjà présentes et nous descendîmes de la voiture d’Alice le coeur léger, prêts à nous amuser. Trois personnes, en train d’installer deux tentes, nous attendaient et nous firent des grands signes de la main.

« Je fais les présentations, à droite Léa et Jules qui sont ensembles depuis le lycée et Martin, un ami d’enfance. Nous nous sommes tous connus à la fac. »

Une fois les présentations et les tentes montées, c’est autour d’une bière que nous nous sommes retrouvés. Les conversations oscillaient entre nos rencontres, nos études et pour certains leur travail et nos loisirs.

« Et si on jouait ? demanda soudainement Martin.

Il alla dénicher une balle de football et nous indiqua du coin de l’oeil le terrain de tennis qui se trouvait à quelques mètres.

— Pourquoi pas, se leva Alice, ça fait longtemps que je n’ai pas joué à ça et j’ai bien besoin de me défouler. »

Ne sachant pas y jouer, je déclinai poliment et préférai observer le jeu. Léa me rejoignit et nous nous ouvrîmes une deuxième bière. Les joueurs prirent place et Alice se retrouva aux côtés de Martin, après avoir tiré les équipes au sort. Bien qu’ils n’étaient que deux, les deux amis avaient une telle complicité de jeu et d’esprit d’équipe que leurs adversaires eurent peine à marquer. Je ne pouvais détacher mes yeux de la silhouette d’Alice. Bien qu’étant moi-même une femme, je la trouvais magnifique et son énergie et sa gaieté me rendaient heureuse. La partie se finit avec des cris et des applaudissements de la part des deux spectatrices et nous tendîmes aux joueurs leur boisson méritée. Quand Martin attrapa par la taille Alice devant moi, je faillis lâcher de surprise la cannette que je tenais. Alice lui lança un regard que je ne compris pas sur le coup et il la relâcha en riant. Il lui chuchota quelque chose dans l’oreille et elle acquit de suite.

Entre les rires et les jeux, la journée se finit sans que l’on puisse une seule fois s’ennuyer. Les plus âgés avaient acheté de quoi faire un barbecue pour le soir et nous prîmes plaisir à le savourer. Puis vint le moment de se coucher et je pris la direction de la tente avec Alice et Pauline tandis que Thomas s’en allait avec Martin.

Il fut assez difficile de s’endormir car nous avions pleins de choses à nous dire mais je me sentis emportée par les bras de Morphée assez rapidement.

***

Le bruit du vent me réveilla et je fus surprise quand je découvris la place d’Alice vide. Après avoir attendu un petit moment son retour, je décidai d’aller la chercher, pensant que ça lui ferait plaisir. La nuit était encore bien présente et je me laissai guider par un faible son de voix que j’entendais, éloigné du campement. Je m’approchai doucement et je pus facilement deviner de loin qui lui tenait compagnie: Martin. C’est donc contrariée que je décidai de les observer, cachée. Je m’accroupis derrière un buisson et tendis l’oreille pour mieux les entendre. De mon point de vue, ils me semblaient très complices, même un peu trop et la scène du match tennis-ballon me revint assez brutalement en mémoire. Je ressentais un désagrément mais je n’arrivais pas à l’expliquer.

« … ils sont gentils ces étudiants, tu les as rencontrés où ?

— Sur mon lieu de travail. Leur faculté est assez proche.

— Tu es très proche de la petite brune non ? demanda-t-il le regard rempli de curiosité.

— On a beaucoup de choses en commun et je m’amuse bien avec elle, oui, répondit-elle avec un grand sourire. Si tu veux savoir, je ne m’ennuie jamais avec elle.

À ces mots, les battements de mon coeur commencèrent à s’accélérer. Ces mots me remplissaient de joie.

— En tout cas, ça fait longtemps que je ne t’avais pas vue aussi heureuse, l’informa Martin malicieusement.

— Jaloux ? demanda-t-elle sournoisement.

Devant mes yeux ébahis, il lui répondit en l’embrassant. Je dus me couvrir la bouche pour ne pas laisser un son en sortir. Alice ne sembla pas surprise et lui rendit même son baiser. Ils sortent ensemble ? me demandai-je. Au fond de moi, je ressentais un étrange malaise et je partis sans demander mon reste pour ne plus observer cette scène qui me faisait tant souffrir.

***

Je n’avais pas bien dormi car j’avais passé la nuit à ressasser la scène à laquelle j’avais assistée. Alice nous déposa devant ma porte et je ne pus m’empêcher de lui poser la question qui me brûlait les lèvres depuis ce matin :

« Alice, tu sors avec Martin ? demandai-je désespérée.

Tous m’observaient avec un drôle de regard. Alice écarquilla d’abord les yeux et explosa de rire.

— Nous n’avons pas ce genre de relation ! Nous sommes juste amis. »

Ses derniers mots me mirent mal à l’aise. Pourquoi mentait-elle ? Il n’y avait aucune raison à mentir. C’est donc le coeur meurtri que je la regardai s’en aller.

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