Chapitre 4 : Des révélations
« Tu es de bien mauvaise humeur depuis que nous sommes rentrés du camping » releva Pauline.
Nous étions assises à la cafétéria et bien que le soleil surplombait la terrasse, je n’arrivais pas à sourire. Je n’avais pas remis le pieds au café et répondais à peine aux messages qui me parvenaient d’Alice. Si il y avait bien une chose que je détestais le plus c’était le mensonge, mais celui-là encore plus me meurtrissait.
Passer une semaine à ruminer m’avait ouvert les yeux. Au début, je pensais que je n’arrivais pas à accepter son mensonge mais après quelques jours l’évidence m’avait frappée : j’étais jalouse. Jalouse de devoir accepter sa relation avec Martin, jalouse de ne pas être celle qui était à ses côtés. Etrangement, je voulais courir jusqu’à chez elle pour lui demander des explications sur son mensonge. Je pensais qu’on était devenues plus que des amies depuis quelques temps et jamais je n’aurais pensé qu’elle pouvait mentir droit dans les yeux. Et cette incompréhension me rendait folle.
« Bon c’est décidé ! annonça sans prévenir Pauline. Il faut qu’on sorte ce soir ! »
Je refusai au début car je n’avais pas la tête à sortir en ce moment mais devant le regard insistant de Pauline j’acquiesçai sans grande conviction. Elle attrapa son portable, prévint notre cher compère et nous donna rendez-vous à 19H.
***
Thomas nous rejoignit avec les bières et les déposa au centre de la table. J’attrapai la mienne et la bus d’une traite. J’étais bien misérable essayant de noyer mon chagrin dans l’alcool mais j’en avais bien besoin.
La soirée se déroulait sans problèmes jusqu’à ce que je vis Thomas faire de grands signes à une connaissance qui se trouvait dans mon dos. Je tressaillis quand je reconnus l’une des voix.
« Vous aussi vous êtes de sortie ! affirma joyeusement Alice.
— Les vendredis sont toujours une occasion pour aller boire, » répondit Thomas en riant.
Alice sourit et s’assit en face de moi. Un homme qu’on ne connaissait pas la suivit et fit de même. Il avait de magnifiques yeux bleus et avait une carrure assez musclée. Je n’osais pas regarder Alice dans les yeux alors je fis mine de m’intéresser à la décoration du bar. Bien qu’elle discutait joyeusement avec Pauline et Thomas, je pouvais sentir son regard interrogateur sur moi. Ne pouvant plus tenir, j’attrapai ma bière et allai sortir prendre l’air quand elle m’attrapa le bras.
« Je viens avec toi ! »
Ne pouvant pas trouver d’excuses pour la repousser, je me laissai mener et nous arrivâmes assez rapidement dans une des petites ruelles où très peu de personnes ne passait. Elle n’avait pas encore lâché mon bras et je dus le lui faire remarquer pour qu’elle me libère. Elle s’exécuta et s’adossa au mur après avoir sorti un paquet de cigarettes et en alluma une nerveusement. Un silence s’installa entre nous, une en train de fumer et l’autre en train de descendre sa bière.
Bien que j’étais fâchée contre elle, je ne pouvais pas m’empêcher d’observer sa magnifique silhouette. Elle avait quelque chose qui m’attirait et je rougis quand nos yeux se croisèrent. Elle semblait avoir remarqué mon manège car elle éteignit sa cigarette, la jeta dans un petit cendrier de poches et s’approcha de moi.
« J’ai fait quelque chose qui t’a énervée ? demanda-t-elle songeuse.
Les battements de mon coeur commençaient à s’accélérer de plus en plus vite au fur et à mesure qu’elle s’approchait de moi. Je me repris assez rapidement et soutins son regard.
— Je ne savais pas que tu pouvais aussi bien mentir ! lançai-je sans retenue.
Elle semblait ne pas comprendre où je voulais en venir. Ses yeux. Ah, ses yeux qui pouvaient me faire tomber pour elle ne semblaient pas mentir. Je décidai alors de tout lui déballer ce que j’avais sur le coeur.
— Au camping, je vous ai vus avec Martin, éclaircis-je abruptement. Vous étiez en train de vous embrasser et ensuite quand je t’ai demandée si tu sortais avec lui, tu m’as dit que non ! Je me sens trahie !
Elle fronça les sourcils à mes mots. Je devais être bien misérable. Je n’avais aucun droit de son point de vue de lui en vouloir pour un tel acte, mais c’était plus fort que moi.
— Je ne t’ai pas menti, me répondit-elle d’une voix sûre. Je ne sors pas avec lui, affirma-t-elle.
— Tu vas me dire que tu embrasses n’importe qui alors ? surenchéris-je avec force.
Elle semblait décontenancée par la tournure des évènements. Ses yeux montraient qu’elle était en train de réfléchir à toute vitesse. Elle soupira et tourna les talons.
— Attends-moi là ! Je vais chercher nos affaires et on va discuter autre part ! »
Je la regardai disparaître dans la rue principale et me pris la tête dans les mains une fois qu’elle disparut de mon champ de vision. Je ris jaune à moi-même et me mordis violemment la lèvre inférieure de rage. Mes pensées étaient tout en désordre et je n’arrivais pas à me calmer.
***
Alice m’avait emmenée chez elle et avait sortit une excuse aux autres pour pouvoir partir sans éveiller les soupçons. Elle me désigna du doigt le canapé et je m’assis sans demander mon reste. Elle me laissa un moment seule et revint un peu plus tard avec deux tasses de tisanes. J’allai refuser mais elle m’indiqua du regard que je n’avais pas le choix. J’attrapai la tasse et porta le liquide à mes lèvres. Je dois l’avouer mais cette boisson m’apaisa et sembla même calmer les battements de mon coeur.
Amusée, Alice m’observait avec douceur. Je détournai alors les yeux timidement et soufflai.
« Vu que tu es calmée, on va pouvoir discuter tranquillement.
La tristesse avait remplacé ma précédente agitation et une larme apparut au coin de mon oeil droit.
— Mais qu’est-ce qui t’arrive maintenant ? » paniqua Alice.
Je séchai cette larme mais tremblai encore quand je reposai la tasse. Alice semblait perplexe. Aucune d’entre nous ne parlait, on observait juste l’autre comme si on attendait que l’autre brise la glace. Je décidai alors de me lancer, de toute façon, je voulais au fond de moi découvrir la signification de son baiser.
— Tu es amoureuse de lui ?
— De Martin ? Oh que non, sinon on serait déjà en couple, je pense, répondit-elle à moitié amusée et inquiète de ma réaction.
— Alors pourquoi tu l’as embrassé ? demandai-je le coeur serré.
— Parce qu’il faut absolument aimer la personne pour l’embrasser ? me demanda-t-elle surprise.
Je mis un moment avant de lui répondre. N’importe qui aurait répondu qu’on embrassait celui qu’on aimait. J’essayai de déchiffrer le moindre indice de tromperie dans son regard mais rien ne le présageait.
— Alors pourquoi tu l’as embrassé ? la défiai-je du regard.
Je remarquai que son visage s’était détendu.
— Parce que c’est plaisant de se faire embrasser non ? » déclara-t-elle ingénument.
Alors-là, je tombai des nues. Je ne comprenais pas du tout où elle voulait en venir. Au fond de moi, je sentais une jalousie monter. Si elle l’avait embrassé sans l’aimer alors pourquoi pas moi. Sans prévenir, je me levai et m’approchai d’Alice. Nos fronts auraient pu se toucher si je m’étais avancée d’un cm de plus. Elle, ne s’y attendait pas du tout et recula légèrement sous la surprise. Je plongeai alors mes yeux dans les siens. Je voulais résister à la tentation mais la dernière phrase m’avait faite dérailler. J’attrapai alors tendrement le derrière de sa tête et vins coller mes lèvres contre les siennes. Je savais très bien que je n’avais aucun droit, mais je ne pouvais plus m’arrêter et j’allais accepter toutes les conséquences de mon acte égoïste.
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