Chapitre 2 - Le carnet noir

4 minutes de lecture

Dans la cuisine, une faible lumière jaunâtre éclairait les murs tapissés d'un papier peint fané, dont les motifs floraux semblaient appartenir à une autre époque. Une odeur de cire ancienne flotttait dans l'air, mélangée à celle, plus récente, de la soupe que Viviane avait préparée plus tôt. Le tic-tac monotone de l'horloge accrochée au mur rythmait le silence, accompagné des craquements sporadiques du parquet sous les rafales de vent.

Léa était assise à la table de la cuisine, un livre ouvert devant elle, mais ses yeux fixaient la page sans vraiment la lire. Son esprit vagabondait, tentant de trouver un sens au comportement de plus en plus étrange de Josh. Depuis quelque temps, il passait de longues heures enfermé dans sa chambre, sortait parfois tard le soir sans prévenir, et évitait ses questions. Ce n'était pas dans ses habitudes. Depuis la mort de leur parents, il avaient toujours été soudés, comme deux morceaux d'un même puzzle brisé. Alors pourquoi avait-elle l'impression qu'il s'éloignait ?

Elle entendit des pas lourds dans l'escalier, Josh descendait, un sac en bandoulière sur l'épaule. Ses cheveux en désordre et son regard sombre donnaient l'impression qu'il n'avait pas dormi.

  • Tu vas où ? demanda Léa, essayant de ne pas paraître trop intrusive.
  • Juste prendre l'air, répondit-il en ajustant son sac
  • A cette heure-ci ? Il est presque neuf heures.

Josh s'arrêta, hésitant, comme s'il cherchait un réponse plausible. Puis il haussa les épaules.

  • J'ai besoin de réfléchir. Ne t'inquiète pas, je ne serai pas long.

Mais elle s'inquiétait. Chaque fibre de son corps lui criait que quelque chose n'allait pas.

  • Josh... tu sais que tu peux me parler hein ? murmura-t-elle, espérant qu'il lâcherait enfin ce qu'il gardait pour lui.

Il lui adressa un sourire forcé.

  • Je sais, Léa. Mais c'est rien, je te jure.

Avant qu'elle ne puisse répondre, il était parti, laissant la porte d'entrée claquer derrière lui. Ce bruit résonna dans toute la maison, un écho sourd qui semblait marquer une distance grandissante entre eux.

Léa resta plantée là un long moment, fixant la porte comme si elle allait souvrir à nouveau. Mais le silence de la maison lui fit comprendre qu'elle était seule, encore une fois.
Elle monta à l'étage, poussée par une inquiétude qu'elle n'arrivait pas à ignorer. La chambre de Josh était dans un désordre inhabituel. Le lit était défait, des vêtements traînaient sur le sol, et son bureau était encombré de papiers froissées. Une légère odeur de bois humide impregnait l'air, mêlée à celle, plus familière, de son après-shampoing.

Elle hésita, mal à l'aise à l'idée de fouiller dans ses affaires, mais sa curiosité - ou plutôt son inquiétude - prit le dessus. Sous une pile de livres, un carnet noir attira son attention. Il était partiellement dissimulé, comme si Josh avait voulu le cacher sans y parvenir.

Léa le prit entre ses mains et l'ouvrit, son coeur battant à tout rompre. Les pages étaient remplies de notes griffonnées à la hâte, des phrases fragmentées et des dessins étranges. Parmi les mots à peine lisibles, un détail attira son attention : un nom, écrit en lettre capitales et souligné plusieurs fois.

"CLARA M."

Léa fronça les sourcils. Elle ne conaissait aucune Clara, et ce nom n'évoquait rien en rapport avec Josh ou leurs parents. Qui était-elle ? Et pourquoi son frère semblait-il obsédé par elle ? Plus bas sur la page, une autre mention retient son attention :

"Rue des cerisiers, 23h."

Un frisson la parcourut. Cette adresse se trouvait à l'autre bout de la ville, dans un quartier qu'elle ne connaissait pas. Pourquoi Josh y allait-il ? Et pourquoi à une heure aussi tardive ?

Plus tard dans la nuit, alors qu'elle était allongée dans son lit, Léa ne pouvait s'empêcher de penser à cette Clara M. Une partie d'elle voulait tout raconter à leur tante, mais elle savait que ça n'aiderait pas. Tante Viviane ferait probablement une remarque douce mais inutile, quelque chose comme : "Josh a juste besoin de temps."

Non, elle devait comprendre par elle-même.

Elle jeta un coup d'oeil à son téléphone. 22h15. Elle avait encore un peu de temps.

Sa décision était prise.

Léa enfila rapidement un jean et une veste chaude. Elle attrapa la lampe torche qu'elle gardait dans un tiroir de son bureau, ainsi que son téléphone. La maison était plongée dans un silence complet. Tante Viviane devait dormir depuis longtemps, et seul le craquement occasionnel des poutres brisait l'immobilité ambiante.

En descendant l'escalier, elle prit soin d'éviter les marches qui grinceraient sous son poids. Chaque pas était un test de patience, ses muscles tendus à l'idée de réveiller sa tante et d'avoir à s'expliquer.

La porte d'entrée s'ouvrit sans bruit. une fois dehors, elle inspira profondément l'air nocturne. La ville était presquesilencieuse, à l'exception du lointain grondement d'une voiture. Le ciel était couvert, étouffant la lumière des étoiles.

Avec un dernier regard en direction de la maison, elle se mit en route, serrant le carnet noir dans sa poche. La rue des cerisiers n'était qu'un nom sur une page, mais Léa savait qu'il y avait quelque chose de crucial à y découvrir.

Léa longeait les trottoirs déserts, ses pas résonnant dans le silence de la nuit. La fraîcheur de l'air piquait ses joues, et l'odeur de terre mouillée la suivait à chaque coin de rue. La ville paraissait à la fois familière et étrangement méconnaissable sous le voile nocturne. Les lampadaires projetaient des ombres tremblantes sur le sol, comme des éclats d'un rêve.

Lorsqu'elle atteignit enfin la rue des Cerisiers, une adrénaline nouvelle la submergea. Elle jeta un coup d'oeil au carnet une dernière fois pour vérifier l'adresse. 23h approchait. Tout semblait calme, trop calme.
La maison indiquée était ancienne, avec une façade en pierre usée par le temps. Les fenêtres étaient obscures, mais une faible lumières vacillait derrière les rideaux du rez-de-chaussée. Léa sentit son coeur s'accélérer.

Que trouverait-elle ici ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Laury Hopp ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0