Chapitre 1 : Le troupeau

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 Ce premier jour, je m'en souviens. Pas qu'il ait été différent des autres. Ici, la vie vaut à peine un crachat dans la poussière. Je suis entré dans la Cohorte comme on entre dans une tombe : sans illusion, et sans espoir. Une recrue parmi tant d'autres, rassemblée dans ce désert de cendres. Là où même les forts finissent par crever.

 Le soleil frappait durement sur nos têtes, mais je venais d'un endroit où le froid vous glaçait jusqu'à l'os, alors cette chaleur oppressante, c'était presque une nouveauté. Cela ne rendait pas les choses plus supportables. Rien ne l'aurait fait, après tout.

 Je suis né dans une ville où la misère avait gravé des rides profondes sur les visages des vivants, et les morts, eux, avaient déjà tout oublié. Mes parents ? Des anonymes parmi tant d'autres, emportés par les conditions de vie désastreuses bien avant que je ne puisse vraiment comprendre ce qu'était une famille. Ils sont partis comme, avant, dans l'ancien monde, on partait faire une course. Sans promesse de retour. Ça m'a laissé avec la certitude que la vie est un amas de mauvais choix et des pires conséquences. C'est probablement pour cela que j'ai fini ici, enrôlé de force dans cette farce militaire qu'ils appellent la Cohorte... Ce regroupement de bêtes et d'hommes fatigués, cette armée itinérante qui survit par la violence. Moi, je n'y croyais pas. Mais quand vous voyez cette horde de buffles titanesques se déployer sur la plaine, traînant chariots et voiles de fortune... Là, ça devient plus réel. C'est là que vous comprenez que vous êtes pris dans l'engrenage.

 On avait marché des jours, le sol sec soulevait une poussière irritante à chaque pas. Un cadre parfait pour vous briser avant même que la guerre n'ait une chance de le faire. Rien ne nous était dit, nous étions juste un troupeau silencieux suivant cette masse d'hommes à travers des terres désolées. Les regards étaient méfiants, à l'affût du moindre signe de danger. Mais pour moi, l'incertitude de notre situation était un mal plus palpable. Je sentais le doute nous gagner. L'angoisse aussi, ça nous étouffait plus sûrement que la faim ou la soif. Peut-être que c'était ça, l'enseignement. Marche ou crève. Et visiblement, ça rentrait bien dans nos caboches.

 Le Zuun, chef de notre Bataillon, donna un ordre et la centaine d'hommes sous son commandement s'arrêtèrent pour monter un campement. Nous pouvions voir tout autour de nous les autres Bataillons faire de même, au total un millier d'hommes s'affairaient sur la vaste plaine. C'était méthodique, précis. Les chariots étaient disposés en cercle, les animaux étaient regroupés. Les tentes surgissaient du sol comme des champignons après la pluie et des feux commençaient à illuminer l'étendue sauvage qui nous entourait. Je dois dire que c'était là un spectacle impressionnant. Un ballet étrange auquel là d'où je venais je n'avais jamais pu assister. J'en avais entendu parler, certes, mais voir ça de mes propres yeux, c'était quand même quelque chose. Ce qui me semblait être une horde désorganisée était en fait une machine bien huilée.

 Le lendemain, on nous rassembla sur un terrain poussiéreux, sous le regard inquisiteur d'instructeurs plus endurcis par la guerre que par la vie elle-même. On m'avait aligné avec une cinquantaine d'autres bleus. Autour de nous, les anciens de la Cohorte nous observaient comme des charognards attendant qu'un Auroch s'effondre. Ces hommes-là... Ils avaient tout vu. Les combats contre les autres peuples, les embuscades dans les montagnes cendreuses, les tempêtes qui prenaient une vie aussi vite que les guerres. Et sûrement tout un tas de dangers dont on ignorait encore l'existence. Nous, on était juste la chair fraîche. Ils savaient qu'à la première défaillance, ils nous jetteraient comme des carcasses.

 Celui qui commandait cette triste troupe, le Zuun, était responsable d'un Bataillon, cent soldats, eux-mêmes répartis en dizaines. Une Décade qu'ils appellent ça.

 On allait nous assigner à nos unités tutélaires, des Décades vétérantes chargées de superviser notre entraînement. Le Zuun, cette brute épaisse aux dents serrées par la rage, aboyait des ordres sans un brin de respect. Mais pourquoi aurait-il dû en avoir ? Nous n'étions que de la chair à canon, des outils voués à l'abattoir.

 ─ Écoutez sale morveux ! Dix hommes, dix vies, et à leur tête, l'Arban.

 Dès qu'il prononça ce mot, neuf soldats frappèrent leur poitrine et sortirent des rangs. L'un d'eux prit la parole, une voix rauque de vétéran.

 ─ Une Décade, c'est simple, dit-il. Premièrement : trois Aurochs, deux Truches, un chariot pour transporter notre survie. Et deuxièmement : dix types, parmi eux un Arban pour défendre cette survie, ou nous mener à la tombe. Rien de plus, rien de moins. Suffisant pour crever proprement. Et il rigolait, comme si c'était censé nous rassurer.

 Ça ressemble plus à des cercueils ambulants qu'à des unités de combat si vous voulez mon avis.

 Les Décades étaient censées fonctionner comme des unités autonomes au sein d'un Bataillon. Cinquante animaux pour cent hommes, répartis en groupes de dix. Une unité souple, qui bouge comme un seul corps.

 Le vétéran continua, avec cette assurance qui m'irritait déjà.

 ─ Tu t'attaches à ton animal, tu dors avec lui, tu manges ce qu'il te fournit. C'est ton moyen de transport et ta ressource la plus précieuse. S'il crève, tu crèves.

 Je comprenais assez vite que les Aurochs étaient tout pour la Cohorte. Sans eux, on ne serait rien d'autre qu'une bande de sauvages errant à travers ce qu'il reste du monde.

 ─ Et tes camarades ? demanda timidement un homme aligné tout comme moi.

 ─ À quelques détails près la même chose... Tu dors avec eux, vis avec eux et quand le moment arrive, tu meurs à leurs côtés.

 Autour de moi, certaines recrues avaient des étoiles dans les yeux. Ils pensaient à une chance de fuir la merde dans laquelle ils étaient nés, ou à la gloire qu'ils croyaient glaner ici. Des gamins naïfs. La gloire, c'est une saloperie qui se fane au premier coup de lame. Moi, je savais déjà que tout ça finirait mal.

 Le type nous expliqua plus en détail l'organisation de la Cohorte. Des unités de dix, les Décades, dirigées par un Arban. Cent hommes sous un Zuun forment un Bataillon, soit dix Décades. Dix Bataillons font un Secteur, avec comme chef un Mingghan, et pour finir dix Secteurs font une Cohorte. Un total de dix-mille guerriers, le Grand Tumen à leur tête. Et tout ça dans une hiérarchie stricte. Ces chiffres n'étaient plus aussi rigides qu'avant, bien sûr. Mais le respect de l'organisation, lui, restait sacré. Et au final la règle était simple : tu vis pour ta Décade, tu meurs pour elle.

 ─ Ici, on n'a pas de place pour les faibles. On dépend tous de nos frères et sœurs d'armes. Si un faiblit, les autres y passent. reprit un Arban vétéran. Il posa un regard distant sur les chariots qui formaient le campement. Regardez autour de vous. Chaque détail, des tentes, des animaux, jusqu'aux insignes sur nos voiles, raconte une histoire plus ancienne que nous tous. La Cohorte n'est pas seulement une armée, c'est un monde en soi, un héritage, une communauté, une civilisation.

 Un silence s'installa, les recrues étaient pendues à ses lèvres. Il savait parler le bougre.

 ─ Ce monde, il a changé après l'armageddon. Nous ne l'avons jamais connu avant. Mais nous savons. Nous savons que les villes sont tombées, les technologies se sont éteintes et les hommes sont morts par millions. Aujourd'hui, ce qui reste de l'ancien monde, c'est une poignée de ruines et des légendes. Mais nous, la Cohorte, nous avons trouvé une autre voie. Nous ne bâtissons pas de cités. Nous voyageons, nous combattons, et nous vivons des Aurochs qui sont notre richesse et notre force.

 L'homme ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Sa mine, usée par les rudes conditions de vie, était marquée par de profondes rides, des plis et des cicatrices ça et là. Soudain il écarta les bras, comme s'il voulait enlacer le monde. Il expira avec vigueur dans un râle guttural, un son rauque, court et mystérieux. Puis ses traits se détendirent, s'effacèrent presque un instant, et une sorte de sourire égaya discrètement son expression.

 ─ Nous sommes libres. Nous survivons là où d'autres se sont effondrés. Pour cela nous suivons des règles strictes et une organisation rigoureuse.

 Libres ? Mon cul. Tour à tour les neufs Arbans continuèrent à nous marteler leur propagande, à expliquer maladroitement leur mode de fonctionnement que je n’essayais même pas d’assimiler.

 ─ Chaque soldat doit maîtriser son rôle. Mais ne vous faites pas d'illusions. La Cohorte n'a qu'une seule loi : la survie du groupe avant tout. Vous, vous êtes remplaçables.

 Rien de surprenant si vous voulez mon avis. Les autres recrues se regardaient, personne n'osait parler.

 ─ C'est bien, vous apprenez vite ! claironna un vétéran avec un sourire de satisfaction. Vous avez déjà vu des Décades passer ? Chaque homme, chaque femme, chaque animal a son rôle. Vous faites pas partie de l'élite, pas encore. Vous êtes ici pour porter des armes, suer sous le soleil, dormir à même la poussière. Vous suivez vos supérieurs sans poser de questions, parce que dehors, les questions elles vous tuent plus vite que les lames.

 Silence pesant. Bon sang qu'il était déprimant celui-là. Et voilà qu'il continue.

 ─ Tu sais pourquoi on fait ça ? demanda-t-il, en plongeant ses yeux pleins de défi dans ceux d'une pauvre bleusaille. Le gamin fixa le sol. Pourquoi on se bat ? Pourquoi on s'entraîne comme du bétail ?

 Il n'attendait aucune réponse. Je crois qu'il aime simplement s'écouter parler.

 ─ On se bat parce qu'on n'a pas le choix, morveux. Parce que dans ce monde, la paix c'est un rêve du passé, et la survie, c'est tout ce qui compte. Vous apprendrez vite, comme nous tous.

 Il parlait encore, mais je n'écoutais plus. J'avais compris l'essentiel : on n'était que des pions dans cette grande machine. Remplaçables. Inutiles. La Cohorte n'est pas noble. C'est une machine de guerre, tout est hiérarchisé, tout est calculé. Chaque homme a une place, chaque animal une fonction. Mais s'il y a une chose qui ne se calcule pas c'est bien la mort. Elle frappe sans prévenir. Et ici, dans la Cohorte, elle frappe souvent.

 Fin des bavardages, les vétérans nous séparèrent en groupes de dix et on fut tous assignés à des Décades différentes. Je me suis retrouvé avec une poignée de types qui semblaient tout aussi paumés que moi. Chacun traînait derrière lui une histoire, un passé qu'il essayait d'oublier. Je savais que c'était dans ces histoires que les tensions allaient naître. Chacun était là pour survivre. Mais combien d'entre eux allaient tout sacrifier pour y parvenir ?

 Il y avait Skjaldor, un homme à l'allure massive, bourru avec une cicatrice profonde qui barrait la moitié de son visage, et Kyel, une jeune femme aussi froide que les hivers de ce foutu désert. Mais c'est une autre femme qui captait mon attention, elle avait un regard perçant, comme si elle voyait au-delà des illusions que la Cohorte tentait de nous vendre.

 « Ce n'est qu'une question de temps avant que l'un de nous ne crève, » avait-elle dit en nous jaugeant tous du regard. « Et je peux vous assurer que moi, Isadora "Mingghi" Marquette, ne suit pas de ceux qui crèvent ! »

 Cette assurance, quelle arrogance. Je lui aurais bien ri au nez mais aucun doute que la vie se chargerait de le faire à ma place. Néanmoins elle avait raison. Dans ce monde on est tous à la merci de quelque chose de plus grand, de plus dangereux.

 On était dix, assis en cercle, sous ce ciel plombé. La poussière et le vent nous assaillaient, mais l'Arban vétéran, lui, s'en foutait. Il avait cette autorité tranquille, comme s'il savait qu'aucun de nous n'avait d'autre choix que d'écouter.

 ─ Votre formation va débuter. Pour le moment y'en a aucun parmi vous qui ferait un bon chef de Décade, mais un jour viendra où il faudra choisir. À ce moment souvenez-vous bien d'une chose : si votre Arban meurt, vous mourrez tous avec lui.

 Il avait laissé planer un silence, histoire de bien nous imprégner de cette petite mise en garde. Ça n'avait rien d'une menace en l'air, juste un fait énoncé avec la froideur d'un couperet qui tombe. Mais moi, j'avais déjà compris. La Cohorte, c'est une condamnation avec un sursis, rien de plus. On ne survit pas ici. On marche juste vers une même fin qui nous attend tous.

 Un des gars à côté de moi, un type maigre avec des dents en trop, avait levé la main comme un écolier.

 ─ Et si on décide de pas suivre ? Si on veut pas crever pour un type qu'on connaît même pas ?

 Le guerrier le regarda de haut, avec ce sourire pincé, celui qui te fait comprendre que t'as touché une corde sensible, mais pas de la bonne manière.

 ─ Alors, mon gars, tu ferais mieux d'espérer que la mort te prenne vite, parce que fuir la Cohorte, c'est choisir une fin bien pire.

 C'était la règle. Perdre l'Arban, c'est suivre l'Arban. Point. On ne quitte pas la Cohorte. Pas vivant, en tout cas. On venait à peine de rejoindre cette foutue armée, et déjà, on pouvait sentir la mort planer. Pas besoin d'être devin pour savoir que peu d'entre nous verraient la fin de cette campagne. Mais c'est ça, la Cohorte. Une grande illusion de puissance, un mirage qui attire les désespérés et qui les broie sans pitié.

 Après les formalités et tout ce bourrage de crâne je n'en pouvais plus. Je voulais juste m'allonger quelque part. Même là, sur le sable, en plein cagnard et me laisser aller, fermer les yeux, m'imaginer ailleurs... Mais, où ? C'est là qu'on nous a emmené vers les enclos, vers les Aurochs. Je m'en rappelle comme d'hier, j'ai ressenti pour la première fois ce mélange étrange de fierté et d'effroi. Ces bêtes... Elles sont plus que des animaux. Ce sont des monstres, des colosses sur lesquels repose notre survie. Elles fournissent la laine, la viande, le lait. Elles nous portent sur leur dos, nous trimballent dans ces chariots à voiles, qui avancent comme des navires sur une mer de poussière. Trois de ces buffles pour chaque Décade, ça paraît peu, mais quand tu vois ces créatures de près, tu comprends que trois, c'est largement assez pour traîner tout ce qu'on a.

 À côté des Aurochs, il y avait les Truches. Des bêtes encore plus étranges, avec leurs longs cous et leurs ailes inutiles. Deux pattes arquées avec au bout quatre griffes acérées. Hideuses. Deux par Décade. Certes, leurs œufs étaient précieux, et elles servaient à la reconnaissance. Mais chevaucher un de ces trucs ? Non merci.

 Et puis il y avait ces voiles. Les chariots à voile, c'était une de ces inventions étonnantes que la Cohorte avait récupérée quelque part, peut-être d'un autre groupe, ou d'un autre temps. Un vestige du passé qu'on s'était réapproprié ? Avec un bon vent, on pouvait parcourir des kilomètres sans effort, comme des nomades des mers traversant des steppes infinies. Mais encore une fois, c'était une illusion. Si le vent tombait, on n'était rien d'autre qu'une caravane lente et vulnérable, exposée aux pillards, aux tempêtes et aux créatures qui traînaient encore dans ce monde en ruines.

 Le gars avec les dents en trop, celui qui avait posé la question, il s'appelait Kamil. Un nerveux. Toujours à jeter des regards en coin, comme un lapin prêt à détaler. Il échangeait des chuchotements inquiets avec un gamin à peine sorti de l'adolescence, encore en train de chercher un sens à tout ce bordel. Mais il n'y en avait pas. Ils n'avaient pas encore réalisé que la vraie menace, elle était là, avec nous. Ce n'était pas l'extérieur. C'était la Cohorte elle-même.

 En parlant de menaces, il y avait Kyel. Elle se tenait là, bras croisés, en silence, à l'écart du groupe, observant tout le monde d'un air vicieux. Elle avait ce regard calculateur, celui qui te jauge, t'analyse et te dissèque, à la recherche d'une faille. Et des failles, il y en avait.

 ─ C'est quoi ton plan, toi ? Voilà qu'elle s'adressait à moi. Tu comptes vraiment crever pour une bannière ou t'as quelque chose derrière la tête ?

 ─ On crève tous pour quelque chose. Ici ou ailleurs, ça change rien. J'avais haussé les épaules mécaniquement.

 Elle avait souri. Pas un sourire amical, non, mais un de ces sourires qui te font froid dans le dos.

 ─ Tu te trompes. Ici, ça change tout. Armand c'est ça ?

 J'acquiesçai, Armand, c'est bien le nom qu'on m'avait donné à la naissance.

 ─ Armand donc, elle me foudroya d'un regard noir avant de s'éloigner. Prévisible et résigné. Pitoyable... La Cohorte te bouffera tout cru.

 Pour qui elle me prenait. Pas certain de savoir comment naviguer dans ce foutoir, mais j'avais bien saisi. La Cohorte, c'est pas juste une armée. C'est un jeu de pouvoir, de domination, un réseau de mensonges et de trahisons pour la survie. Et celui qui ne suit pas les règles... Se fait écraser.

 Le soleil était en train de disparaître derrière l'horizon quand on fût autorisé à nous reposer. Le vent portait une odeur amère : sueur, cuir et excréments d'animaux. Je sentais le poids de cette journée sur mes épaules. Mes muscles hurlaient en silence, une douleur sourde qui irradiait jusque dans mes os. Il n'y avait ni confort, ni repos ici, juste cette terre sèche qui aspirait tout. J'avais froid, malgré la chaleur qui flottait encore dans l'air, comme si quelque chose s'était déjà glissé sous ma peau pour y laisser sa marque. Et ce n'était que le début.

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