chapitre 50 : Silence. Flottement. Exaltation.
- J’y est pensé toute la nuit Elya. Depuis tout à l’heure, ton histoire de changer le monde ne me sort pas de la tête. Ça m’empêche de dormir !
- Nala, qu’est-ce que tu fou dans ma chambre ?
Rubie frotta ses yeux, encore à demi ensommeillée sous son duvet de plumes. Nala la fixait, bien trop éveillée pour cette heure tardive. Son regard courrait entre elle et la fenêtre entrouverte, elle sentait à la fois le parfum et le potager.
- Tu es allé où comme ça ? la questionna Rubie.
- J’ai fait le tour de l’aile ouest, j’avais besoin de réfléchir.
- Nala… ce n’était qu’une pensée stupide, te prends pas la tête pour ça, va plutôt te recoucher.
- Je suis désolé, tu as surement envie de te reposer
- Oui, en effet, très fine observation.
Tandis qu’elle se dirigeait vers la porte, un éclair lui traversa l’esprit et elle se retourna tout soudain.
- Il n’empêche, je ne pense pas que ce soit totalement impossible. Il nous faudrait juste un réseau, des gens à qui nous fier, qui pourraient nous aider. Je sais que je peux en trouver, il faudrait seulement que je sorte d’ici.
- Et l’aile ouest est mieux gardée qu’un coffre-fort. Enlève-toi ses idées idiotes de l’esprit, et retourne dans ton lit !
La jeune fille se retourna, cachant son visage dans son oreiller, mais Nala ne bougeait pas d’un millimètre.
- Je ne comprends pas, hier tu paraissais tellement sûr de toi, tellement engagée !
- Hier j’avais les émotions en vrac, je venais de faire jaillir deux énormes sphères de mes mains ! Il ne fallait pas me prendre au sérieux !
- Il n’y avait pas que ça. Ce dont tu parlais, les gens qui souffrent, c’était la vérité. Je pense que tu pensais chacun de tes mots, mais que la raison te pousse à croire le contraire.
- Si tu veux, imagine ce qui t’aide à mieux dormir la nuit du moments que tu sors de ma chambre dans les dix prochaines secondes !
- Très bien… très bien... j’y vais, pas la peine de crier ! Tout de même, ta protectrice a vraiment un sommeil de plomb pour qu’on ne l’ait pas réveillée.
- Nala !
- Quoi ! C’est vrai !
Rubie se redressa, comprenant qu’à ce rythme elle ne pourrait jamais refermer l’oeil.
- Salomé n’est pas là, elle est sortie. Maintenant, dégage !
Silence. Flottement.
Exaltation.
- Sortie ! Mais attends, t’es sérieuses ? Tu te rends comptes de ce que tu es entrain de dire ?
- Quoi ?
- Elle connait un moyen de sortir d’ici !
Il était vrai que, étant donné le nombre d’heures qu’elle paissait dehors, Salomé avait dû dépasser depuis bien longtemps les limites de l’aile Ouest.
- C’est absolument génial ! s’écria Nala. Il faut que tu lui demande comment elle a fait, demain, c’est compris ?
- Je le ferais, déclara Rubie d’une voix pataude, mais encore faudrait-il qu’elle m’adresse la parole.
- Tu n’as pas le choix. Elya, tu comprends ce que cela signifie ? On va devenir les reines du monde !
- Trop bien. Maintenant, bonne nuit !
- Oui, bonne nuit, susurra-t-elle tout en s’éclipsant sur la pointe des pieds.
Ses gestes se voulurent d’une extrême discrétion, mais l’excitation et la joie transpiraient dans sa démarche.
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