Chapitre 9
Je devrais m’en foutre qu’elle soit avec ce type.
En ce jour de match de sélection, je suis probablement plus stressée que Dan. Lui, il est toujours cool : rien ne l’atteint. Un véritable roc.
Tout le contraire de ce voyou à fleur de peau qu’est Angel.
Pourquoi je pense à lui maintenant ? Je devrais être focus sur mon mec, et la meilleure façon de le soutenir. Mais en même temps, difficile de faire abstraction du fae, qui va et vient sous mon nez en portant des caisses de fournitures médicales pour mon père, tous muscles bandés dehors.
Rester en T-shirt en plein mois de décembre, sous la neige…
Heureusement, je ne vais pas avoir à endurer cette vue longtemps. Il est temps d’y aller.
— Je prends ta voiture ! crié-je à mon père.
Aujourd’hui, il consulte au cabinet.
— Sois prudente ! Il a reneigé cette nuit : on l’a constaté avec Angel. Je pense que Dave est passé avec la saleuse, mais peut-être pas du côté de la patinoire…
— T’inquiète ! Je serai prudente.
Au moment où j’attrape les clés dans la coupelle sur la table haute dans la cuisine, les doigts longs et tatoués d’Angel se referment sur les miens.
— Je t’accompagne.
Non. Non. Non !
Je relève un regard courroucé vers lui. Comment a-t-il pu me rejoindre sans que je l’entende ? Encore la magie des elfes, et leur façon déplaisante de se déplacer sans bruit. Et il est près, trop près.
— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Angel. Je vais voir mon copain, là.
— Et alors ? T’es bien venu voir ma copine hier.
Il aurait pu me frapper dans le ventre que ça m’aurait fait le même effet. Je ne sais pas ce qui est le pire : qu’il le sache, ou qu’il ait enfin reconnu officiellement que Rowan était bien sa « copine ».
Pourquoi il va pas chez elle, nom d’un chien galeux !
Au prix d’un effort titanesque, je pose mes yeux défiants sur Angel.
Qu’il est près, bon sang.
— Comment tu le sais ?
— Tu sens la sauge et l’encens « Rois Mages » qu’elle brûle dans son magasin. Cette odeur empreigne tout : les vêtements, les cheveux. Et elle est particulière.
Le petit sourire en coin d’Angel me fait perdre ma contenance. Il est tellement fier de lui… tout content que je sois suffisamment curieuse de lui pour aller espionner sa « copine », et constater à quel point elle est sexy.
— Je croyais qu’elle était trop humaine pour toi ? Que tu ne la fréquentais que pour le sexe ?
— Je n’ai jamais dit ça, assène-t-il en m’assassinant de son regard posé et polaire, d’un vert encore plus insoutenable que la veille. Je ne me rappelle pas avoir parlé de sexe avec toi, et encore moins en rapport avec Rowan.
La seule mention du terme dans sa bouche, et la manière dont il le prononce, me sert la glotte comme s’il y avait posé la main lui-même.
Mayday. Mayday. Nous sommes en difficulté… l’avion va bientôt se crasher.
— Tu le pensais si fort que ça s’entendait, répliqué-je à court de mieux. Une méthode elfique de communication non verbale, peut-être ? J’ai remarqué que tu étais très fort, à ça.
— C’est vrai, reconnait-il, le coin des lèvres toujours relevé. Chez nous, il y a beaucoup de choses qui se passent de mots. (Pause.) Mais je n’utilise pas Rowan, et je ne vais pas la voir que pour le sexe. Je tiens à elle. Je la respecte. Ce serait bien que tu fasses la même chose. Elle n’est pas celle que tu crois.
« Que pour le sexe ». Encore une manière habile de me faire passer des choses sans les nommer. Très bien.
— Alors, respecte Dan, et ma volonté d’aller le voir toute seule. Va voir Rowan, toi. Elle doit se demander ce que tu fais là. Pourquoi tu n’es pas chez elle, d’ailleurs ?
— Je te l’ai déjà dit. Rowan est habituée à mon indépendance, et moi, à la sienne. Ton père m’a invité. Alors je reste chez lui. Pour l’aider.
Je ne peux que grogner dans la barbe que je n’ai pas. Effectivement, tout est de la faute de papa. C’est lui qui m’impose ce fae insolent.
— C’est pour ça que je vais t’accompagner, ajoute Angel en faisant tourner les clés autour de son index d’un geste conquérant. La moindre des choses, c’est que je protège sa fille. Tu ne sais pas conduire sur la neige verglacée. Ton père me l’a dit hier. Il s’inquièterait si tu partais toute seule. Et je tiens à cette voiture.
Mais…
— J’ai pas besoin de ta « protection » ! Ni de tes services de chauffeur !
Et papa, qui raconte à tout le monde que je suis une mauvaise conductrice… ça me fait bouillir de rage. Parce que c’est faux. Et je le déteste de me mettre dans la situation de la petite fille, qui a besoin d’un grand frère pour s’occuper d’elle. Un grand frère qu’il a choisi pour être Angel.
— Discute pas. Je t’emmène.
Comme la dernière fois, Angel m’oblige à prendre la place du passager. Je suis obligée d’obtempérer. Il a une espèce d’autorité froide qui rend la contestation difficile.
Plus qu’une semaine à le supporter. Ensuite, les vacances, et la libération.
— Bon, très bien. Mais tu repartiras après. Et pas la peine de venir me chercher.
— Je vais rester regarder le match avec toi, impose-t-il en m’ouvrant la porte.
De sa part, je sais que ce n’est pas de la galanterie. Juste du contrôle.
Je me tourne vers lui.
— Pour faire échouer Dan avec ta magie ? Sûrement pas !
Il rapproche son visage aigu du mien.
— Jamais je ne ferais une chose pareille, susurre-t-il. Si j’avais un problème avec Dan, je le règlerais de façon beaucoup plus frontale. Et tu me prêtes des pouvoirs bien supérieurs à mes capacités, Alexandra.
— Arrête de m’appeler Alexandra. Je ne connais même pas ton vrai nom !
Il se glisse sur le siège conducteur, avec cette souplesse fauve qui me bouleverse à chaque fois.
— Je ne le dis qu’à mes proches.
« Et tu n’en fais pas partie. »
Il faut que je contrattaque. Que je lui fasse au moins autant de mal.
— Pareil pour moi. En tout cas, si tu restes, tu devras repartir tout seul. Je dors chez Dan, ce soir.
Angel se raidit immédiatement.
Je l’ai eu, là.
— Ce n’est pas une bonne idée, grince-t-il entre ses dents.
C’était presque imperceptible. Mais il l’a dit. Il l’a dit.
— Jaloux ? exulté-je. Si c’est le cas, va chez Rowan ! J’imagine qu’elle t’attend avec impatience, la pauvre.
Il secoue la tête, comme s’il émergeait d’un rêve brumeux.
— C’est pas de la jalousie, répond-il en mettant le contact. Et Rowan est occupée ce soir.
Tant mieux.
— Menteur ! J’ai bien vu ta réaction. Ça ne te plait pas.
— Je préfèrerais que tu n’y ailles pas, c’est sûr, avoue-t-il sans fard.
Aucun filtre. Mais alors, vraiment aucun.
— C’est bien ce que je pensais. Tu es jaloux !
— Non, soutient-il à nouveau. Je ne suis pas jaloux. Plutôt… territorial.
Je hausse un sourcil.
Comme les loups.
— Et c’est quoi, la différence ?
— Jaloux, c’est vouloir quelque chose qui n’est pas à toi. Territorial, c’est protéger quelque chose qui l’est déjà.
— Pardon ? Tu considères que je suis « déjà » à toi ?
C’est la meilleure !
Il se tourne vers moi, accoudé au volant, la joue posée sur son poing.
— D’un point de vue elfique, tu te trouves sur notre territoire. Techniquement, tu appartiens donc à l’ard-æl du clan. Il pourrait te revendiquer, s’il le voulait. Et défier ce Dan.
« Ard-æl. » Le leader de leur groupe. Ce Shaun Blackfyre.
— Me « revendiquer » … non mais on est où, là ? m’écrié-je. Chez les hommes des cavernes ? Je n’appartiens à personne, elfe ou humain, et surtout pas à votre « ard-æl » ! Si ce sale type faisait valoir ses droits imaginaires sur moi, il serait coupable d’un crime : kidnapping et agression sexuelle. Je crois que c’est vingt-cinq ans de prison, et même la castration chimique, dans certains états. Chirurgicale, en Louisiane où vit ma mère !
La menace n’impressionne pas Angel. Comme tous les elfes, ils se croit au-dessus des lois.
— Tu le prononces mal, dit-il en gardant le regard droit devant lui, les mains sur le volant. On dit « ard-aël », pas « awd ail ».
Gna gna gna.
— En tout cas, je souhaite bien du plaisir à ton chef de meute s’il veut « défier » Dan, comme tu dis. Je te rappelle que c’est l’attaquant principal des Ice Devils, et qu’il ne se laissera pas impressionner par un elfe !
— Par un elfe lambda, peut-être pas. Mais par le meneur incontesté d’un clan, vainqueur d’innombrables défis… en plus d’être le meilleur combattant, l’ard-æl est souvent le plus doué en magie, tu sais. Et le plus astucieux. Le plus impitoyable, aussi.
— Si ce Blackfyre débarque, Dan le démontera, contré-je avec un rictus féroce. Il n’attend que ça ! Maintenant, conduis, ou je descends faire du stop. On va être en retard.
Angel lève un sourcil, mais il n’ajoute rien. Je lui ai enfin cloué le bec. Il enclenche la marche arrière et nous dégage du chemin.
*
Le bruit du sifflet retentit dans l'arène, interrompant un instant le murmure des spectateurs, puis c'est la clameur qui monte, presque imperceptible sous la cadence rythmée des patins raclant la surface glacée. Le sélectionneur, un homme dans la quarantaine, les yeux concentrés, observe attentivement le déroulement du match depuis sa place surélevée, juste en bordure de la tribune. Une vue parfaite sur la patinoire, une position stratégique pour capter chaque mouvement, chaque passe, chaque jeu qui se dessine.
Les joueurs s'élancent sur la glace dans un éclat d'énergie. Je n'arrive pas à détacher mon regard de Dan. Mon cœur bat à tout rompre, et chaque mouvement qu’il fait me semble amplifié, comme si j’étais seule à les voir. J’essaie de respirer calmement, mais mon estomac est noué. Je ne veux pas qu'il rate sa chance, pas aujourd’hui.
Si seulement Angel n’était pas là, à côté de moi.
Au lieu de repartir comme prévu, il m’a suivi jusqu’à l’intérieur et s’est nonchalament installé dans les gradins. Je n’ai qu’une peur : que Dan le voie, et que sa présence le déstabilise. Mais il n’a pas jeté un seul regard dans ma direction. C’est son grand jour, et il est aussi concentré qu’une flèche qui file sur sa cible.
La première période commence, et tout de suite, je le repère. Il est là, sur la ligne bleue, les épaules droites, son regard fixé sur la rondelle. Dan. Il bouge comme s'il ne faisait qu’un avec la glace, chaque pas, chaque patin glissant avec une fluidité qui fait ressortir son talent. Le corps athlétique, les jambes puissantes, il se déplace avec une aisance qui tranche avec la maladresse de certains de ses coéquipiers. Un petit frisson me parcourt. Il est tellement… incroyable. Je serre les poings. Il faut qu’il sorte du lot aujourd’hui. Pas question de le laisser passer à côté de cette occasion.
Il feinte le défenseur, et passe la rondelle à l’ailier gauche, le numéro 22. Le mouvement est tellement rapide, tellement précis. Je vois tout. La rondelle file à toute vitesse et, quelques secondes plus tard, le 22 déclenche un tir. Le gardien réplique avec une belle parade. Le bruit du métal qui résonne quand le palet touche la barre transversale me fait sursauter. Mais Dan… il a cette présence, cette capacité à être là au bon moment, à faire la bonne passe. Je baisse les yeux vers le sélectionneur, assis quelques rangées en-dessus de nous. Il prend des notes sur un carnet. Est-ce qu’il a vu ce que Dan vient de faire ?
— Leadership offensif. Calme sous pression. À suivre de près, dit soudain la voix froide et sombre d’Angel, coulante comme de l’eau vive.
Je me tourne vers lui, quittant un instant Dan des yeux.
— Qu’est-ce que tu dis ?
— C’est ce que le sélectionneur vient d’écrire dans son carnet, répond Angel en tendant un doigt discret vers le quadragénaire en bordure de la tribune.
— Comment ?
— Vision elfique.
Je m’en serais douté. Qu’est-ce que les elfes n’ont pas de supérieur à nous, si on écoutait Angel ?
Le compte bancaire, sûrement.
Je tourne à nouveau mon attention vers le match. Dan est partout sur la glace, dans le jeu, dans l’attaque, dans la défense. Je le vois déborder un défenseur, sa vitesse est impressionnante, comme un éclair qui traverse l’espace. D’un coup d’œil oblique, j’observe Angel. Est-ce qu’il est admiratif de Dan, lui aussi ? Rien dans ses traits altiers ne permet de le dire. Il regarde le match tranquillement, l’air détaché, les bras croisés, ses longs cheveux noirs coulant par et d’autre de son visage, avec la pointe des oreilles qui dépasse, le signalant à tous comme un elfe. Heureusement, personne ne le regarde, aujourd’hui. La star, c’est Dan.
Il se consume de jalousie, c’est sûr. « Territorial », mon œil !
À chaque fois que Dan fait une passe, je me tends comme un élastique, retenant ma respiration. Et quand il rate, même légèrement, je me sens comme un échec, même si ce n’est pas moi qui suis sur la glace. Le match est fluide, rapide. Les équipes se battent sur chaque centimètre de glace.
Dan a ce truc en plus, je le sais. Il est calme, presque trop calme, parfois. Comme quand il s’élance en contre-attaque. Il part de la ligne bleue avec cette capacité à tout effacer autour de lui. Il fait une feinte magnifique, et avant même que je n’aie eu le temps de réaliser ce qui se passe, il a déjà éliminé deux défenseurs. Il file droit sur le gardien. Un coup de patin, un tir, et la rondelle entre dans le filet. 2-0. J’entends les cris du public, je le vois sourire, mais moi, je ne pense qu'à une chose : le sélectionneur a-t-il vu ça ?
Et Angel, il l’a vu, lui ?
Je sens mes mains devenir moites. Les filles autour de moi se précipitent pour commenter le match, mais je suis ailleurs. Je scrute chaque détail, chaque geste. Si seulement je pouvais aller lui parler, lui dire qu’il est incroyable. Qu’il n’a rien à prouver. Mais en même temps, je sais que tout ça dépend de ce moment, de cette visibilité. Ce n’est pas qu’un simple match. C’est son avenir, qu’il joue. Son rêve. Le hockey universitaire n’est pas seulement un sport de vitesse et de force, il exige une compréhension profonde du jeu. C’est ce que dit tout le temps Dan. Il va devoir faire montre de toutes ces qualités pour être sélectionné.
La seconde période commence, et là, je le vois un peu plus tendu. Il n’est plus aussi libre dans ses mouvements. Il fait un geste étrange, hésite une fraction de seconde avant de passer la rondelle. Je fronce les sourcils. Est-ce que c’est moi qui suis trop stressée ? Ou est-ce qu’il manque quelque chose ? C’est là que je le vois : un petit flottement, comme un doute. Il perd la rondelle dans un duel avec un défenseur. Le temps se suspend un instant. Je me mords la lèvre. Mais juste après, il fait une interception, il se replace, il relance l’attaque. Comme s'il effaçait tout le reste autour de lui. Un vrai compétiteur. Il a ce qu'il faut. Il faut juste qu’il y croie.
Et puis, il se retrouve dans la zone offensive une nouvelle fois. La rondelle est à ses pieds, il regarde autour de lui, fait une passe parfaite à un coéquipier. Mais ce dernier rate le tir. Je soupire. C’est toujours pareil. Il est toujours là, prêt à briller, à faire le bon choix. Mais parfois, il ne peut rien contre les autres.
L’équipe adverse n’arrête pas de presser, et moi, je me sens un peu écrasée par l’intensité du match. Je vois Dan glisser le long de la bande, se faire frapper contre la vitre. Il tombe, mais se relève immédiatement. Je vois l’étincelle dans ses yeux. Il ne lâche jamais rien. Peut-être que c’est ça, en fait. Ce qui fait la différence. Pas juste les buts, pas juste les passes. C’est cette rage de continuer à se battre, même quand tout semble contre lui.
Quand le match se termine, je suis complètement épuisée. 3-0. Ils ont gagné.
Le crissement du cuir du perfecto d’Angel à ma droite m’indique qu’il a bougé.
— Drôle de jeu, murmure-t-il de sa voix grave. Une préfiguration de la chasse, avec la rage du combat, mais sans mise ni prix.
Je me lève, mes jambes tremblent. Dan est déjà en train de sortir du vestiaire, ses cheveux encore mouillés de sueur. Il me jette un regard rapide, sans sourire.
— Dan… tu as été formidable. Vraiment.
Ses lèvres s’incurvent enfin, mais je vois dans son regard cette petite lueur incertaine.
— Merci, Ree.
Son regard se verrouille sur Angel.
— Qu’est-ce qu’il fait là, encore, celui-là ? aboie-t-il presque. Je l’ai vu dans les gradins, pendant le time-break. On ne l’avait pas foutu dehors ?
C’était donc ça.
Je me sens obligée de lui mentir.
— Il aide papa au cabinet. On a pris sa voiture... Angel doit la ramener après : c’est pour ça qu’il est là.
— Je vois, grince Dan.
Il n’est pas dupe.
— Beau match, lui octroie Angel avec fair-play.
— Les elfes s’y connaissent, en hockey ? lui retourne Dan, agressif.
— Non, répond Angel avec un demi-sourire. Mais j’ai lu ce que le sélectionneur avait écrit sur toi. Tu vas être pris.
Dan fronce les sourcils. Mais quelque chose de nouveau s’est mis à briller dans ses yeux. De l’espoir.
— J’aime pas ce genre de subterfuges, grogne-t-il, le ton un peu plus détendu.
— Ce ne sont pas des subterfuges. J’ai juste vu ce qu’il avait écrit, c’est tout.
Dan soupire, puis il passe son bras par-dessus mon épaule, possessif.
— Si c’est que ça… on y va, Ree ? J’ai faim. Et la bande nous attend chez Abi.
Je retourne un petit regard à Angel. Ses yeux félins sont posés sur moi, insondables.
— À plus tard, Angel… murmuré-je timidement. Dis bien à papa de faire attention s’il doit ressortir cette nuit.
— S’il doit ressortir cette nuit, c’est moi qui conduirais. Et je vois dans le noir.
Évidemment.
Sur un dernier signe de tête à Angel, Dan me pousse vers la sortie.
— Je ne veux pas que tu restes seule avec lui, murmure-t-il alors qu’on s’éloigne tous les deux. C’est un elfe, un fae. Ils sont naturellement pervers et vicieux, et on ne connait pas l’étendue de leurs pouvoirs magiques. Encore moins leurs réactions.
Leurs réactions imprévisibles, je sais. Dan me l’a déjà dit. Mais les réactions d’Angel sont prévisibles, justement. Sauf que je ne peux pas le dire à Dan. Discrètement, je lui jette un dernier coup d’œil, espérant croiser son regard vert une dernière fois, et, peut-être, m’excuser silencieusement. Mais il est déjà parti.
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