Chapitre 14

13 minutes de lecture

Plus qu’une autre, j’aurais aimé l’initier.


Devenir une sorcière. Et, potentiellement, l’un des quatre groupies de Shaun Blackfyre, visitées par lui quatre fois dans l’année. Parce qu’après être remontée dans ma chambre, hier soir, je me suis renseignée sur ces rites païens dont Rowan et Arabella ne m’ont parlé qu’à demi-mots : ce sont des orgies, pendant lesquelles les « prêtresses » s’accouplent avec l’esprit de la forêt/le « maître »/le dieu du chêne/le roi-cerf ou je ne sais quoi encore, incarné ici présent par Shaun Blackfyre, l’ard-æl du clan féérique qui campe sur nos terres. Non merci. Heureusement, Dan me fournit une bonne excuse pour refuser. Parce que dans le cas contraire, j’aurais peut-être eu la faiblesse de dire oui. Le pouvoir de soigner les animaux… ça ne se refuse pas.

Ni les yeux pailletés d’argent d’Angel.

Il sait se montrer persuasif, le bougre !

Dan ne me répond toujours pas. J’ai essayé d’appeler Trisha, pour prendre la température, mais elle ne me répond pas non plus. Tant pis. Je vais passer chez lui. Il habite un peu loin, mais ça peut le faire.

— Je retourne en ville, annoncé-je à mon père en rentrant de la boutique le lendemain.

— Demande à Angel de t’emmener. Ils ont prévu de grosses chutes de neige ce soir.

Je fais montre de mon mécontentement bruyamment. Pour papa, Angel est mon nouveau chaperon. Un rôle qui plaît beaucoup au fae, qui se prend pour mon nouveau grand frère.

— Il est où ?

— En bas, avec notre nouveau patient.

« Notre ». Angel n’est pas seulement mon chaperon : c’est aussi et surtout le nouvel assistant vétérinaire de mon père.

Il faut dire qu’il est vraiment doué avec les animaux. C’est sans doute normal pour un elfe… Je le trouve dans le cabinet, en train de s’occuper d’un pauvre chien au bassin bandé. Ses gestes sont précis et mesurés, son attitude toujours calme, composée. Je m’approche le plus silencieusement possible, pour ne pas effrayer l’animal qui sort visiblement de son anesthésie.

— Qu’est-ce qu’il a ?

— Problèmes rénaux. Mais ça va. Il va s’en sortir.

— Comment tu le sais ?

— Je le sais, c’est tout.

Toi aussi, tu pourrais avoir ce pouvoir. Si tu acceptais de devenir une sorcière… et de le laisser t’initier.

Angel se retourne et croise les bras, le faisceau absinthe de ses yeux fusant sous ses paupières effilées. La seule beauté de ce regard de fauve suffit à me terrasser.

— Tu veux quoi ?

— Papa veut que tu m’emmènes en ville avec le pick-up. Si ça ne tenait qu’à moi, j’irais à pied, mais il préfère que tu me déposes en voiture.

— Il a raison, dit-il en enlevant ses gants. Il va faire mauvais ce soir. C’est pas une nuit à mettre une Ree dehors.

Je suis étonnée qu’il en porte, des gants. Mais papa a dû insister. Angel l’écoute, généralement. Même si mon père, de son propre aveu, prend de plus en plus conseil auprès de lui, son assistant magique.

« Il a le sens animal, m’a-t-il dit. Et il est vraiment doué pour les calmer. Tu aurais vu la façon dont il a accompagné le chat de Mme Van der Plas… il a rendu ce moment vraiment spécial. »

Spécial. Comme lui.

Je le suis dans les escaliers, les yeux fixés sur la chevelure noir corbeau qui tombe dans son dos, son pas souple et félin. Il fait l’indifférent, mais je le sens secrètement ravi que papa m’ait imposé sa présence, une fois de plus.

— Ton père a trop peur que tu plantes sa voiture, exulte-t-il, l’air narquois, les précieuses clés dans les mains.

Le Hummer est presque à lui, maintenant. Comme la chambre de mon frère, l’amour de mon père, ma maison entière. Angel est un coucou qui s’est installé chez nous.

Je lui jette une œillade agacée. Il n’a pas digéré mon refus à son offre : pour lui, c’était sans doute un honneur rare, qu’il ne propose qu’à un « Autre » tous les cent ans. Mais j’ai refusé. Alors, il se venge.

— Très bien, fais-je en m’asseyant sur le siège passager, mon sac sur les genoux. Emmène-moi chez Dan.

Angel me glisse un regard de plomb fondu. Ses yeux changent de couleur en fonction de son humeur. Noirs de nuit lorsqu’il est fâché. Verts émeraude lorsqu’il veut charmer. Gris argent, quand il veut faire preuve d’autorité.

Une autorité fort mal venue.

— Je ne te le conseille pas, murmure-t-il, la voix grave et froide. Tu devrais rester à la maison, Ree.

Mais de quoi il se mêle.

— Est-ce que je t’ai demandé ton avis ? Conduis et tais-toi. C’est ce que mon père t’a demandé. Tu ne dois pas lui payer ta dette imaginaire ?

— Ma dette n’est pas imaginaire. Elle est bien réelle.

— Alors fais ce que je te dis.

Angel laisse échapper un petit soupir grave, d’une douceur tout bonnement révoltante, et met enfin le contact. J’en profite pour l’espionner discrètement. Traçant mentalement la ligne virile de sa mâchoire, la cassure émouvante de sa pomme d’Adam et la pointe craquante de son oreille qui dépasse du rideau de cheveux onyx. Autant de zones que je rêve de toucher, mais ne peux que caresser du regard. La finesse androgyne et la mâle sauvagerie qui s’affrontent si harmonieusement dans ses traits est toujours un ravissement, et le contempler, une drogue dont je ne peux plus me passer.

Le pire, c’est que cette image d’Angel au volant est devenue familière. Lui, qui manœuvre pour sortir du chemin enneigé, alors que je me fais transporter sur le siège passager. Comme si on était un couple. De ce côté-là, il a complètement remplacé Dan. Sa présence m’est tellement… naturelle.

Comme si je le connaissais depuis toujours. Comme si sa place était là, et pas ailleurs.

Sauf que ce n’est le cas. Ce qui nous sépare, ce n’est pas seulement des partenaires respectifs, mais aussi un océan d’impossibilité.

C’est un elfe issu de ce gang sans foi ni loi qui a provoqué la mort de mon frère, et qui l’aurait sans doute tué s’il ne l’avait pas fait lui-même. Un fae qui, avec son pouvoir redoutable, se joue de moi, de la façon cruelle, narquoise et impitoyable qu’on prête à son espèce.

D’un autre côté… Angel aide véritablement mon père. Je dois reconnaitre que papa n’est plus le même homme, depuis qu’il est là. Et il se montre respectueux, essayant de s’intégrer comme il peut à notre vie de famille, de s’intéresser. Il fait même la cuisine… et cette manière qu’il a de communiquer avec les animaux. Je dois avouer que c’est fascinant, et même, admirable.

Il se montre protecteur, aussi. Attentionné, d’une certaine façon. Gentil, souvent.

Même si cette gentillesse n’est pas évidente, qu’elle n’apparait que comme des étincelles au milieu d’un lac de ténèbres et qu’on sent que sa nature profonde est férale et féroce, et ses abords, acérés. C’est aussi ça, qui est fascinant chez lui : le fait qu’il soit sauvage, à peine apprivoisé, et donc, aussi pur et vrai, d’une certaine façon, que les êtres de la nature, les « frères de la forêt », comme dit Rowan.

Et si… si les elfes n’étaient pas comme on les décrivait dans les médias, ou ce que mes amis m’ont raconté jusqu’ici ? Si papa avait raison ? Qu’ils étaient aussi victimes que les animaux qui meurent à cause des actions aveugles des hommes, ou que les Mexicains à qui on refuse l’eldorado parce qu’ils ont eu la malchance de naître du mauvais côté de la barrière, avec une peau trop foncée ?

Cette question, je la retourne dans ma tête depuis plusieurs jours. Mais j’ai dû mal à l’accepter. Me la poser, c’est faire face à l’éventualité que Dan, Tyler et les autres, mes amis d’enfance, se trompent. Que tout ce que je connais – à l’exception de mon père, qui est toujours passé pour un original, un électron libre – est faux. Comment accepter de vivre dans une telle société ? Une société qui parque des enfants dans des centres pénitentiaires juste parce qu’ils ont les oreilles pointues ? Qui envoie des unités spéciales de l’armée contre des orphelins qui essaient de se reconstruire une famille et de survivre dans les ruines qu’on leur a laissé ? Une société qui oppresse, qui détruit tout ce qui est pur et beau ?

Non. On ne peut pas m’avoir menti à ce point-là.

Et surtout, je ne peux pas, moi, m’être menti à moi-même à ce point-là. Cette vie rangée avec Dan, au milieu de notre cercle d’amis qui se connaissent depuis toujours, c’est ce que j’ai toujours désiré. La normalité, l’ordre opposé au chaos qui a fait irruption dans ma vie à la mort d’Angelo. La séparation de mes parents, l’abdication de mon père que j’admirais tant, me prouvant qu’il avait tort d’être aussi idéaliste, et que son courage s’arrêtait là où commençait les sentiments. Non. Je ne peux pas laisser un elfe débarqué de nulle part tout remettre en question. Je vais aller dans les Rocheuses, et quand je reviendrai, Angel sera reparti comme une comète qui ne fait que passer dans un ciel d’été. Lumineuse, dangereuse, rapide. Lui, sa splendeur qui n’est pas de ce monde, sa porte ouverte vers le chaos et le feu douloureux de l’alchimie qu’il propose.


*


Je guide Angel jusqu’au lotissement où vivent les O’Donnell. Un quartier plus cossu que le nôtre. Cependant, papa tenait à cette maison près de la forêt, dans son écrin de verdure et de tranquillité. Sur les parvis des pavillons en série, les familles aux devantures identiques s’affrontent à coups de cerfs lumineux et autres Père Noël géants. Les O’Donnell ne sont pas en reste. C’est carrément un traineau débordant de cadeaux, qu’ils ont installé, avec un mannequin grandeur nature portant une hotte à joujoux.

— C’est amusant, observe Angel en souriant dangereusement. Tu sais d’où vient la symbolique du traineau et de la hotte ?

Je me tourne vers lui, m’attendant au pire.

— Non, mais tu vas me faire un plaisir de me le dire, j’imagine, histoire de me casser mes dernières illusions ?

Il ne se fait pas prier.

— Ça vient de la Chasse Sauvage. Des cavaliers du Sidh et de leur horde furieuse qui passaient dans les villages isolés par l’hiver et emmenaient les enfants que les gens leur laissaient en offrande. C’est pour ça que les tiens se cachaient le soir du réveillon, à la base. Et aussi pour ça qu’ils suspendaient des cadeaux dans les arbres.

Une fois de plus, Angel ne m’a pas déçu. C’est ça qui est bien, avec lui : il répond aux attentes.

— Super. Je vais m’empresser de le dire aux O’Donnell, pour renforcer l’image catastrophique qu’ils ont déjà des vôtres. C’est ça, que tu veux ? Te faire détester encore plus, en plus de transformer mon Noël en Halloween ?

Les deux mains posées sur le volant, Angel contemple la maison illuminée d’un air blasé.

— Ils ne te croiront pas. Ils sont trop endormis par la société de consommation pour se souvenir de tout ça.

Plus je côtoie Angel, plus je comprends pourquoi mon père, qui avait un poster de Che Guevara dans sa chambre d’étudiant, l’apprécie. Je les imagine discuter révolution et écoterrorisme dans le sous-sol, ensemble, entre deux opérations. Et quand je pense à ça, j’ai du mal à m’empêcher de sourire.

— D’un autre côté, heureusement que la Chasse Sauvage ne vient plus enlever les enfants à Noël, tu ne crois pas ?

Angel pose sur moi un regard dubitatif.

— Ça dépend quels enfants. Dan, clairement, il aurait fallu le servir en rôti au banquet du Roi des Ombres.

Ça aurait été n’importe qui d’autre, j’aurais rigolé. Mais le fait est qu’Angel a frappé Dan, et qu’il ne lui veut pas du bien.

— Ne m’attends pas, dis-je en ouvrant la portière. Je vais sans doute rester dormir chez lui.

L’éclat féroce que je vois briller dans la prunelle d’Angel à cette seule évocation vaut tout l’or du monde.

Ça marche à chaque fois.

Il est tellement possessif… et persuadé que je lui appartiens, comme tout le reste de ma maisonnée. Je ne sais toujours pas si c’est mignon, flatteur, flippant ou énervant. Encore un sentiment ambivalent à démêler.

Plus tard. Quand tout cela sera fini, et Angel parti.

Mais il ne part pas. Il reste là, tous phares éteints, et sort même de la voiture pour fumer une clope, qu’il allume d’un claquement de doigts bien ostensible, avec sa magie féérique. J’avoue que c’est classe, de pouvoir faire ça.

— Ne mets pas le feu à leur maison ! lui lancé-je en m’éloignant. À plus.

— À tout à l’heure, marmonne-t-il.

Il croit encore que je vais passer la soirée à la maison. La déconvenue sera rude.

Cependant, après m’avoir ouvert, les parents de Dan m’apprennent qu’il est sorti. Ils ont même l’air étonné de me voir là.

— Je te croyais au bowling avec eux, me dit sa mère.

— Au bowling ?

— Oui. Celui où vous allez tout le temps, à la sortie de la ville…

Je les remercie et remonte l’allée. En me voyant, Angel écrase sa clope dans son vieux paquet.

— Il n’est pas là, murmuré-je en me rasseyant à la place du mort.

Angel garde un silence prudent.

— Je te ramène ? finit-il par demander, la voix basse et douce.

— Non. Va au bowling.

Il connait la route. Les elfes viennent y traîner, parfois. Ce soir… je crois que j’ai bien envie que leur « chasse » y descende.

Mais nul trace des Black Heart. Les seigneurs sidhes ont laissé leurs chevaux lunaires à l’écurie, cette nuit. Sur le parking, je repère la voiture de Dan, et aussi, celle de Trisha.

Ils sont tous là… sans moi.

Un affreux pressentiment m’envahit. Surtout qu’Angel, au moment où je m’apprête à descendre, me pose une main sur l’épaule.

— On peut faire demi-tour, et passer une soirée tranquille à la maison. Faire ton gâteau aux pommes, là. Tiens : en échange, je te donnerais la recette du pain elfique.

Je ne souris pas à la boutade. Pourtant, il faut reconnaître que c’était une belle tentative d’auto-dérision… ou de diversion. Sauf que je n’ai pas la tête à ça.

— T’es gentil, mais non. Je dois savoir.

Cette fois, Angel m’emboîte le pas. Il me tient la porte que je menace de défoncer mais reste ensuite une dizaine de pas derrière pas. Avec ses cheveux longs, sa haute taille et son perfecto, on dirait un genre de garde du corps vénère. Surtout lorsqu’il claque de la langue quand le tenancier essaie de me faire payer une entrée. J’ignore l’interruption et file droit devant, alors qu’Angel fait barrage derrière moi.

— Dan.

Il est là, assis, une fille blonde sur les genoux. Les 3 T, à l’exception de Tyler dont je vois tout de même la veste sur un siège, sont avec lui, en train de rire à gorge déployée. Trisha, sensément ma meilleure amie, est sur la piste, une boule de bowling à la main.

— Dan !

Il se retourne, surpris. La présence silencieuse d’Angel dans mon dos m’encourage à lui faire face, et à ignorer la fille qui s’est levée précipitamment.

— Ree, murmure mon traître de mec. Qu’est-ce que tu fais là ?

— Je te retourne la question.

Je suis tellement en colère que j’ai dû mal à parler. Pas seulement fâchée ou triste, mais humiliée.

Devant Angel, en plus…

— J’avais besoin de me changer les idées, ce soir, se justifie maladroitement Dan. Je savais que tu étais occupée avec ton elfe, alors je ne t’ai pas appelée.

— Mais tu m’as remplacée par cette fille. C’est qui ?

Dan soupire, se passe la main sur le visage comme avant une tâche particulièrement ardue.

— Ree. Faut que tu comprennes que t’es bizarre, en ce moment. Ce fae, là…

Je réplique direct.

— Laisse-le en dehors de ça !

Le regard de Dan se pose sur moi. Froid, lisse comme la glace. Qui n’exprime rien.

— T’as changé, Ree. Il t’a fait changer.

Comme si c’était de la faute d’Angel. Comme si c’était lui qui l’avait jeté dans les bras de cette fille.

Je me tourne vers mes prétendus amis. Trisha, en particulier, qui reste plantée sur la piste, l’air catastrophé.

— Et vous tous… vous saviez, mais vous ne m’avez rien dit ! Depuis quand tu me trompes, Dan ?

Il baisse ses beaux yeux bleus, puis les relève sur moi. Ils sont durs, minéraux.

— Depuis notre dernier match. J’ai rencontré Amber, la nouvelle meneuse de notre groupe de cheerleaders.

Je consens enfin à baisser les yeux vers elle. Elle me regarde avec une drôle de moue, comme si elle me prenait en pitié. C’est une fille superbe, évidemment. La taille ultra-fine, des seins pigeonnants dans son petit pull moulant.

Une pom-pom girl. Dan me trompe avec une pom-pom girl.

Tout d’un coup, je voudrais être une vraie sorcière, pour lui jeter un sort. Ou une elfe aux longues griffes comme cette May, pour lui crever les yeux.

— T’es un salaud, Dan.

C’est tout ce que j’arrive à sortir de ma gorge rétrécie, sous peine d’éclater en sanglots. Mais je ne veux pas pleurer devant lui. Devant elle. Devant tous ces gens qui m’ont trahi… des camarades de toujours. Que je pensais être mes amis.

Ce regard désolé, dégoulinant de pitié mais aussi de mépris, qu’ils posent sur moi… c’est comme des éclats de verre sur ma peau.

— Ree… commence Trisha. On comptait t’en parler…

Je ne la laisse pas finir. Je leur tourne leur dos et pars. Mais c’est plus une fuite qu’autre chose. Angel toise Dan d’un regard méprisant, puis il m’emboite le pas.

— Finalement, c’était une bonne idée, le rôti, grincé-je une fois dans la voiture. Ramène-moi, s’il te plaît.

Sans un mot ni un sourire, il met le contact. Je me tourne vers la vitre et laisse couler mes larmes, en silence.

Annotations

Vous aimez lire Maxence Sardane ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0