Épilogue
Je passe le meilleur réveillon de ma vie. Quasiment collée à mon elfe, dont je ne peux plus me séparer. C’est un peu gênant vis-à-vis de mon père, mais il a très bien compris, et fait semblant de ne rien voir. À minuit, on échange les traditionnels baisers sous le gui… c’est très difficile de résister à l’envie de le prolonger avec Shaun, qui me serre contre lui d’une façon sans équivoque… avec une barre de fer dans le pantalon.
Il n’en peut plus, et moi non plus.
— Bon, je vais vous laisser, les jeunes, annonce soudain Papa. La journée a été longue. Demain : repos ! Shaun, tu te sens d’attaque pour commencer ton contrat après-demain ?
— Oui. Ça tombe très bien : j’ai besoin d’acheter des vêtements aux enfants.
— Dis-moi s’ils ont besoin de voir un médecin. Je connais un praticien fae-friendly à Minneapolis : je lui ai parlé des gamins la semaine dernière.
Shaun regarde gravement mon père.
— Merci pour tout ce que vous faites pour nous, monsieur Vega.
— Juan, corrige mon père. Et depuis quand les elfes disent-ils merci ? C’est normal, Angel. Une personne avec un minimum d’humanité ne laisse pas des enfants sans soins. Fermer les yeux sur la souffrance d’autrui sous prétexte qu’ils sont un peu différents à première vue est honteux.
— J’aimerais que plus de gens pensent comme vous, observe tristement Shaun.
— Ça va venir, tu vas voir. Les gens du coin ne sont pas tous méchants : juste ignorants. Quand ils se seront habitués à votre présence, ça ira mieux. Allez, bonne nuit. Ne vous couchez pas trop tard !
Shaun lui répond avec un léger sourire. Puis, une fois Papa parti se coucher, il se tourne vers moi.
— Tu veux pas dormir dans ma chambre, plutôt ? murmure-t-il. J’ai peur de réveiller ton père… et j’aime bien faire ça la fenêtre ouverte.
Ça. Je sens mes joues passer du rose à l’écarlate.
— Devant tous les animaux de la forêt qui vont sûrement venir faire les curieux ?
— On est une sorcière ou on ne l’est pas, Amber, me tance Shaun. Toute la forêt doit être témoin de ton initiation.
— Mon « initiation ». En tant que sorcière, ou femme de l’ard-æl des Sons of the Black Heart ?
— Les deux, sourit Shaun.
Je pose mes avant-bras sur ses épaules, croisant les mains derrière son cou, un peu taquine.
— Et qu’est-ce que je dois apprendre ?
— Tout, répond Shaun avant de baisser les yeux. Enfin… y a un truc que tu fais déjà très bien.
— Ah oui ? Quoi, par exemple ?
Je glisse ma main sous son pull.
— Tu sais bien, répond-il, la pointe des oreilles rouge tomate.
Je prends un malin plaisir à l’embêter.
— Non, je sais pas. Faudra être plus explicite, Shaun. La communication est essentielle, dans un couple.
Quand je passe mes doigts sur son nombril, il se met à rire, cherchant à se dégager.
— Ok. Tu veux jouer à ça…
— Exactement. Je veux jouer à ça.
Ma main descend sur son entrejambe. Il est exactement dans le même état que tout à l’heure. Peut-être pire, même.
— Pas ici, Ree, souffle-t-il.
— T’es stressé ?
— Un peu, avoue-t-il. Et puis, ton père… déjà qu’on fait que se bécoter devant lui…
C’est vrai que ça la fout mal. Ça fait un peu ados qui se cachent, en plus.
— D’accord. Je te rejoins dans ta chambre.
Un petit passage par la salle de bain s’impose.
Mais Shaun refuse de me laisser partir. Il rattrape ma main du bout des doigts et me tire à lui, pour m’embrasser à nouveau. Cette fois, il m’enlace complètement. Son baiser est plus profond encore que tout à l’heure, plus langoureux aussi. Je sens sa main glisser dans le creux de mes reins, le long de mes fesses… qu’il se met à pétrir lentement.
— Et c’est toi qui me disais « pas ici »… réussis-je à lui dire entre deux caresses. Tu tâtes la marchandise ?
Il pose son front contre moi et souffle.
— T’as raison. Mais j’ai tellement envie de toi, Ree… C’était une torture de ne rien faire pendant toutes ces semaines.
— Ben tiens ! Tu m’aurais rejoint dans ma chambre, sinon ?
— On s’est rejoint deux fois. Les deux fois, je me suis fait violence pour ne pas te sauter dessus, grince-t-il.
— La première fois, tu m’as viré de la remise en claquant la porte et en la fermant à clé…
— Parce que j’en pouvais plus.
Je baisse d’un ton, presqu’un chuchotement.
— T’as fait quoi après ?
Ses iris vertes se lèvent sur moi, à travers le fouillis de cheveux noirs.
— À ton avis ?
— Tu t’es… fini à la main ?
— Je me suis roulé dans la neige, répond-il en levant un sourcil, faussement choqué. Tu me prends pour qui, Ree ?
J’éclate de rire, puis pose ma main sur sa hanche.
— Moi… Je me suis caressée, cette nuit-là. En pensant à toi et ton beau regard vert, lui avoué-je en le fixant droit dans les yeux.
Et pas que ça, d’ailleurs.
Il ferme les siens brièvement et se mord la lèvre, luttant visiblement pour cacher son irrépressible sourire.
— Si j’avais su… dit-il en plantant à nouveau son regard chartreuse dans le mien. J’aurais rappliqué illico par la fenêtre. C’est moi qui t’aurais fini, Ree.
— Que de la gueule.
Une lueur combattive s’allume dans ses prunelles noires. Il aime les défis, j’ai déjà remarqué.
— Ah ouais ? Tu crois ça ?
— Je sais que t’es un gros timide en fait, un chamallow géant. Je me souviens de ta tête désespérée quand j’ai commencé à déboutonner ton jean dans la voiture, ce soir-là… j’ai cru que t’allais faire une crise cardiaque.
— Je voulais pas passer pour le mec en rut, c’est tout, se défend Shaun. T’aurais pas aimé que je te saute dessus direct, non ?
— J’attendais que ça. Alors va m’attendre dans ta chambre comme un petit elfe bien sage et laisse-moi préparer mes affaires comme une princesse.
— Normalement, c’est les princesses qui attendent que leur promis vienne les réveiller par un baiser, objecte-t-il avec un demi-sourire coquin.
— Ah, parce que tu comptes dormir, en plus ? Et on est plus dans les années 50.
— Je vais pas dormir de la nuit, Ree, je te le répète, réplique Shaun avec un sourire vorace. Je suis un animal nocturne. Et je me suis beaucoup reposé en prévision de cette nuit.
Il me fait un clin d’œil, et s’éloigne vers la porte. Une fois qu’il est dehors, je me précipite à l’étage. Prend une douche rapide. Me rase. Je retourne dans ma chambre passer une petite nuisette en lamé argenté que je n’ai jamais porté, et une petite culotte en dentelle transparente. Je me sens un peu con, connaissant Shaun et le genre « nature » des filles avec qui il sort… quoique Rowan porte des robes victoriennes et des corsets : elle doit avoir toute une panoplie de sous-vêtements sexy. Et c’est ma toute première nuit avec lui… j’ai envie de me montrer à la hauteur, et de rendre ça inoubliable. Même si Shaun n’apporte sans doute aucune importance aux jambes rasées, au maillot épilé ou aux culottes en dentelle… ni même à la contraception. Je suis sous pilule, et les elfes ne peuvent pas transmettre de maladies aux non-elfes, c’est de notoriété publique. Mais pas acquit de conscience, je prends le sac en plastique que m’a donné Jolene.
Jolene. J’ai oublié de l’appeler… mais un coup d’œil à mon téléphone me montre qu’elle m’a envoyé un message de bonne année. Et une invitation à aller bruncher chez elle et Shadow demain avec Angel…
La petite coquine. Elle veut tout savoir.
Mais cette fille est vraiment adorable. À l’instar de Rowan, Sage et Willow, je suis contente de la compter parmi mes amis.
Je lui réponds rapidement.
「Merci pour l’invit’. On vous rejoint demain. Bonne année, et passe une bonne nuit de réveillon avec Shadow ! J’imagine que ça ne sera pas un problème ;)」
Je passe une paire de moon boots, ma grosse parka et pars affronter la neige, mon petit sac d’affaires de toilette à la main. La porte de la remise est entrouverte. Shaun a mis de la musique posée, et installé des bougies. Encore mieux… il a allumé le poêle.
Et posé une grande fourrure blanche devant.
Il veut qu’on fasse l’amour dessus ?
— T’es trop, toi… d’où tu sors ça ?
Il apparait dans l’encadrement de la porte de sa petite salle de bain, récemment installée par Papa.
Lui aussi a fait un brin de toilette, deviné-je en avisant sa chevelure lustrée et bien brossée.
— Je l’ai ramenée du squat. Je suis l’ard-æl, j’ai le droit à des oripeaux royaux.
— C’est là-dessus que les sorcières sont… initiées ?
Il sourit.
— Non. Traditionnellement, ça se faisait sur un autel en pierre dans la forêt. Mais ça caille, et je préfère la fourrure… Je te dirais bien qu’un redoutable seigneur sidhe a chassé cette bête lui-même et que ça sert de couvre-lit au roi des elfes, mais en fait c’est Rowan qui me l’a acheté chez Target parce que j’avais froid la nuit sur son canapé. Je suis passé la récupérer avec mes affaires cet aprèm.
— T’as dormi sur son canapé ?
— Ben, vu qu’on sortait ensemble, toi et moi… réplique-t-il en se mordant la lèvre comme un gosse qui a fait une connerie.
Il a presque l’air désolé.
Pas un seul instant, il ne s’est considéré comme célibataire. Pour lui, à partir du moment où je l’avais embrassé, on était en couple…
Je craque.
Je m’approche de lui, prend son beau visage entre mes doigts et l’embrasse. La porte se referme lentement derrière nous.
— T’as les mains gelées, observe-t-il en les enfermant dans les siennes.
— Plus pour longtemps, je crois.
— Non. Plus pour longtemps.
Je me débarrasse de mes moon boots pleines de neige, et de mon manteau. Les pupilles félines de Shaun se resserrent. Sans se cacher, il me détaille des pieds à la tête, s’attarde sur mes jambes, mes bras nus et ma poitrine, qui pointe sous la soie perle.
— Tu es magnifique, murmure-t-il, transporté.
— J’étais pas sûre que ma chemise de nuit te plaise…
— Tu plaisantes ? J’adore, dit-il en passant sa main sur ma nuque.
Ses doigts habiles trifouillent ma tresse, qu’il dénoue sans cesser de me regarder. Ce regard… il est plus acéré que celui d’un épervier.
Une fois mes cheveux détachés, il les relâche et retire son pull. En-dessous, il porte une simple chemise blanche, un peu large, sans boutons, qui se resserre sur la gorge avec un cordon lâche. Mais il ne la garde pas. Il la fait passer par-dessus ses épaules, et se retrouve torse nu devant moi, sa longue chevelure noire coulant sur ses pectoraux tatoués.
Il reste un instant comme ça, à me regarder avec ses yeux verts intenses, dans lesquels se reflètent les flammes du poêle à bois. Puis il soulève mon menton comme pour m’évaluer, et soudain, je me sens toute petite. J’ai l’impression de voir le prince fae apparaître en superposition sur lui, ce qu’il pourrait être, dans une autre dimension. Ou avec dix ans de plus.
Sa main glisse lentement sur ma gorge, qu’il enserre et caresse, sans jamais refermer ses doigts dessus. Puis elle descend jusqu’à mon épaule. Ses doigts repoussent la lanière de ma nuisette, ce petit ruban de rien du tout. Sa main continue à glisser le long de mon bras, emportant le tissu avec elle. Je frissonne en sentant l’air sur ma peau nue. Toujours sans me quitter des yeux, il caresse lentement mon mamelon, sa main épousant la forme de mon sein. Puis, sur un seul geste de sa main, ma chemise de nuit tombe par terre, à mes pieds.
Je suis en culotte devant lui, plus vulnérable que jamais. Et il me regarde, de ce même regard intense et dévorant. Ses yeux n’ont jamais été aussi verts.
Pile au moment où je commence à avoir froid, il me serre dans mes bras, très fort.
— Ree, grogne-t-il dans mon cou. Ma sorcière.
Il a déjà dit ça plusieurs fois dans la soirée. Visiblement, l’idée lui plaît.
— Tu es content, Shaun, que je sois ta sorcière ? Cette idée te séduit ?
— Beaucoup, admet-il. Comme ta petite culotte en dentelle, que tu ne vas pas garder longtemps.
De nouveau, je me sens rougir. Heureusement, il ne peut pas me voir.
Doucement, il me pousse vers la fourrure, où il m’allonge.
Ok, j’avais raison. On va vraiment le faire là-dessus. Juste devant le feu.
Il prend le temps de me regarder, sa main caressant lentement ma peau nue. J’ai la chair de poule.
— Je t’aime, dit-il enfin.
Je baisse les yeux. J’ai toujours la peur secrète qu’il ne m’aime pas vraiment, que c’était dû au sort de May.
— Pourquoi tu m’aimes, Shaun ? Pourquoi pas Rowan, ou May, qui sont mille fois plus intéressantes que moi ?
Il s’allonge à côté de moi, cale sa joue dans sa paume.
— Parce que tu es belle et fascinante, dit-il sans jamais cesser de promener ses longs doigts sur ma peau. Parce que tu es humaine, chaude et douce. Parce que je vois ton âme briller, Parce que tu es la sœur de ton frère. Parce que tu me tiens tête… y a plein de raisons. Je pourrais passer la nuit entière, et celles d’après aussi, à toutes te les énumérer.
Une chaleur diffuse se répand dans ma poitrine à l’écoute de cette déclaration. Mais je pose la question quand même, celle qui me turlupine.
— Es-tu sûr que ce n’est pas le sort de May ?
Shaun me balance un sourire tendre.
— Elle m’a avoué qu’elle n’avait lancé aucun sort… elle a dit ça pour me faire rager, parce qu’elle ne supportait pas que je m’intéresse à toi. Quant à moi… dès que je t’ai embrassé, j’ai compris que je n’étais sous l’emprise d’aucun glamour. Juste ta magie naturelle… qui me rend dingue de toi, ajoute-t-il en portant ma main à ses lèvres pour l’embrasser.
Je passe ma main sur sa nuque, l’attire à moi. Il se positionne au-dessus de moi sans m’écraser, prend ma lèvre entre les siennes, mais ne s’attarde pas. Sa bouche, sa langue, descendent dans le creux de ma gorge. Je sens ses dents me mordiller gentiment. Soudain, je sens un pincement.
Je le regarde, surprise.
— Et voilà. Ta première marque de sorcière. La seule et l’unique.
— Tu m’as mordue ?
— Juste pincée.
Je lui pique les côtes en représailles.
— Vilain, méchant elfe…
Il ricane doucement.
— J’ai été gentil, pourtant, proteste-t-il. Mais je peux être un vilain elfe, aussi. Si c’est ce que tu veux… ça ne me pose aucun problème.
Il a cette lueur joueuse et dangereuse dans le regard, celle qui me fait me sentir minuscule, si vulnérable… et folle de lui. Alors, je le mets au défi :
— J’aimerais bien voir ça !
— Oh, mais tu vas le voir tout de suite. Écarte les cuisses.
Je lui obéis, un peu sonnée par le caractère direct de son ordre. Sans cesser de me regarder, il glisse sa main dans ma culotte, sur mon pubis. En sentant son majeur glisser sur mon clitoris, je ferme les yeux.
— Shaun…
— Ouvre les yeux, Ree. Je veux te voir pendant que tu te prépares à m’accueillir, que tu mouilles pour moi.
— C’est quoi cette remarque de macho de bas-étage ? grincé-je avec un sourire dentu. Moi qui te prenait pour un poète !
Mais mes joues sont rouges, j’ai chaud, et une envie folle de le prendre en moi.
— Tu voulais un mec chef de gang. Bah voilà, tu l’as, me tance-t-il, le sourire en biseau.
Pour l’instant, il se contente de titiller mon spot sensible de touches capricieuses, qui me rendent folles. Caresse mes lèvres de haut en bas, sans jamais s’attarder, assez lentement pour me stimuler, et trop vite pour que je puisse me fixer sur la sensation. Une torture… Mais soudain, il enfonce deux doigts dans ma fente, m’arrachant un gémissement étouffé.
— Tu peux donner de la voix, Ree, personne ne peut nous entendre.
Je réplique en empoignant son entrejambe. Elle est dure comme du béton. Il pousse un grognement et plante sa canine dans sa lèvre inférieure.
— C’est pas du jeu… de la triche, même.
— Comme ce que tu fais, soufflé-je en réponse.
— Ok… tu la veux ? Maintenant ?
— Oui. Je la veux.
Il se redresse et déboucle sa ceinture, pour me laisser l’accès à son caleçon et ce qu’il y a dedans. Je l’empoigne, m’émerveillant encore une fois de sa largeur, de son volume. Qu’est-ce que j’ai pu fantasmer sur cette queue glorieuse, après l’avoir eue dans ma bouche… et sur son propriétaire, et sa façon de la manier.
Mais Shaun ne me laisse pas mener la danse. Avec un feulement rauque, il m’attrape les mains, croisant ses doigts dans les miens, les plaque au sol. Il me colle un baiser hollywoodien quand j’essaie de protester, puis lèche ma gorge à nouveau, avant de passer au sternum… et ma poitrine.
— Doucement, gémis-je en le sentant cueillir mon téton gauche entre ses lèvres.
Mais l’appréhension disparait tout de suite. C’est tellement délicieux…
Lui aussi possède une langue magique. Ça doit être un trait commun à tous les elfes… comme ce qu’il y a dans le pantalon. Une volumineuse aubergine, dirait Jolene.
Shaun se met à lécher mes seins de plus en plus fort, tout en mordillant légèrement mes mamelons. Mon sexe m’élance, se contracte de façon presque douloureuse. J’ai besoin de ses doigts, de n’importe quoi de lui… mais il ne me le donne pas.
— Angel… gémis-je. C’est insupportable…
Ses yeux émeraude remontent sur moi.
— Je te fais mal ?
Je secoue la tête.
— Continue. Touche-moi en bas.
Avec lui, j’ose communiquer, lui dire ce que je veux. C’est la première fois, avec un homme. Avec Dan, je me contentais de le laisser faire, prendre la direction des opérations. Mais Shaun… je sais pas pourquoi c’est si naturel. Avec lui, je me sens à l’aise. J’ai pas honte de lui montrer ma vraie nature. Celle d’une femme désirante, un peu animale.
Une sorcière.
Enfin, il tire sur l’élastique de ma culotte. Je me retrouve nue, délicieusement, sur le tapis, alors que ses mains expertes caressent mon entrejambe, reprenant les exquises punitions de tout à l’heure. Ses doigts plongent et replongent en moi en rythme. Et pendant ce temps-là, ses lèvres si douces, si exigeantes, torturent mes bouts de seins, les pincent, les tirent, les mordent. Le plaisir me fait presque tourner de l’œil. Il fait ça si bien…
Continue. T’arrête pas. Oui. Comme ça. Fais-moi mal. Fais-moi du bien.
Je me sens soulevée. Dans ses bras.
— Oui ! soufflé-je, comme possédée. Prends-moi, Shaun. Prends-moi fort, comme un cerf monterait une femelle en chaleur, comme un ard-æl prendrait sa concubine.
Je ne sais même pas pourquoi je dis des choses aussi crues. C’est encore la sorcière qui parle. Un alter-ego bien pratique…. Mais j’ai tellement envie de lui, de le sentir en moi, fort, très fort… je peux plus attendre.
Shaun grogne dans mon cou. Il me serre plus étroitement, ouvre mes cuisses d’une main impatiente. Ma fente s’ouvre comme une fleur humectée de rosée. Je suis prête à l’accueillir. Consentante et impatiente.
Il se penche sur moi, m’embrasse. Prend possession de mes sens.
Le parfum d’épicea de sa peau. La douceur brute, presque animale, de ses cheveux. L’odeur boisée du cuir.
Il me rend folle. Littéralement folle. Je perds toute rationalité, toute retenue. J’ai envie de crier, de mordre, de geindre, de secouer la tête et répandre mes cheveux comme une forcenée, me rouler par terre. C’est l’effet qu’il me fait. Un pulsion que j’ai essayé de contenir, et qui me rendait sarcastique, aigrie, méchante avec lui. Tout ça pour, finalement, céder à la force du tsunami.
Je ne me savais pas comme ça. Parce que je n’avais jamais ressenti ça, avant.
— Feyawen, chuchote-t-il en plantant un regard intense dans le mien. Ma beauté, ma sorcière.
Mon nom elfique. Celui qu’il est le seul à connaître.
— Oui, haleté-je. Je suis ta sorcière, Shaun.
— Dis-le, alors. Je suis la sorcière exclusive de Shaunreyne Blackfyre.
Ses yeux luisent d’un feu impie.
— Exclusive ? répété-je.
— Je refuse de te prêter, gronde-t-il.
— Moi non plus, je veux te prêter.
— Alors dis-le. Prête serment.
La fameuse initiation. Il m’avait dit qu’il fallait jurer un truc.
— Je suis la sorcière exclusive de Shaunreyne Blackfyre, chuchoté-je en le regardant dans les yeux.
Il répond par quelque chose en elfique, un murmure grave et chantant qui provoque comme une vibration dans mon plexus.
— Ta voix… elle est tellement magnifique, Shaun. Tellement apaisante.
— Pour toi, mon amour. Juste pour toi.
Ses lèvres sont plus douces que tout ce que j’ai jamais connu. Si doux, si chaud… Angel. Shaun. Mon elfe, mon archange… mon démon.
Un soupir, long et doux, monte de sa gorge.
Il me plaque contre la fourrure chaude, écarte encore plus mes genoux. Puis je le sens contre moi, puissant et dur. Je repense à cette hampe que j’ai sucée et pompée dans la voiture, couchée sur ses genoux. Son poids, sa chaleur. Son goût. La saveur musquée et salée de son sperme lorsqu’il a éclaté dans ma bouche en longs jets brûlants. Le râle rauque qu’il a poussé en jouissant. Son beau visage tendu de désir tandis qu’il allait et venait en gémissant entre mes lèvres. J’y ai pensé chaque putain de nuit, quand je me caressais en pensant à lui. Maintenant, je veux qu’il me baise, et vite.
— Ree… murmure-t-il, quêtant mon approbation.
— Oui. Vas-y ! Sois dur pour moi. Un mâle fort.
Ce grondement bas d’impatience à peine contenue, qui me fait perdre tous mes moyens, sort de sa gorge. Puis je sens son poids sur mon ventre, entre mes cuisses, alors qu’il se met à bouger en moi. J’entrouvre les paupières pour apercevoir son magnifique visage, ses yeux verts irrésistibles, ses lèvres soyeuses qui s’écrasent sur les miennes. Mais je ne peux pas garder les yeux ouverts : le plaisir est trop fort. Il m’envahit, me fait haleter, gémir et même, sûrement, grimacer.
Je me sens prête à jouir immédiatement, comme quand je me contente toute seule. Ce que je pensais impossible avec un homme.
J’ai jamais ressenti ça. Jamais.
— Ah… Shaun…
Il n’est pas doux, contrairement à ce que j’aurais cru. Il est sauvage, possessif, exigeant. Il me plaque au sol, me maintient les poignets sous ses bras tendus, et me pilonne plutôt durement, m’imposant un rythme intense et impitoyable. Je ressens avec une acuité brûlante son pénis coulisser à l’intérieur de moi, frottant mon clitoris engorgé et s’enfonçant plus profondément à chaque coup de rein. Mais j’aime ça, bon Dieu, j’aime ça plus que tout. Son souffle rauque, son nez légèrement plissé comme celui d’un loup qui gronde, la façon dont il se mord la lèvre, sa canine dangereusement acérée faisant presque perler le sang. Sa concentration, alors qu’il est tout entier pris dans la quête de son plaisir. La chaleur qui rougit la pointe de ses oreilles, et colore légèrement ses pommettes. L’air hagard et vulnérable qu’il a quand je croise son regard, au bord du gouffre. Ce mélange de force brute et de fragilité, qui m’a tant ému, chez lui.
Il est si beau, putain.
Un immense orgasme me saisit alors, vidant complètement mon esprit, répandant une vague de langueur dans mon ventre, mon plexus, mes joues, avant de redescendre le long de mes cuisses en raidissant le moindre de mes muscles, jusqu’aux pieds. Je pousse un cri d’extase, toute pudeur, et toute volonté annihilée.
En m’offrant son amour sans aucune condition, Shaun Blackfyre a fait de moi quelqu’un d’autre. Une femme sûre de ses désirs, de ce qu’elle veut et ne veut pas.
*
Au petit matin, il se laisse glisser à côté de moi et ferme les paupières paresseusement, comme un fauve au repos. Sa main caresse mon ventre trempé en faisant des petits cercles doux.
— Je t’aime, répète-t-il.
Shaun est tourné vers moi, le rideau de soie noire de sa chevelure retombant partiellement sur son visage aux traits exquis, dévoilant la pointe adorable de son oreille et sublimant le vert étincelant de ses yeux félins.
Tant de beauté… Voilà ce que les elfes apportent à ce monde. Une contribution essentielle.
Les oiseaux chantent déjà. On a fait l’amour toute la nuit. Sur le tapis de fourrure, et dans le lit aussi. J’ai hurlé comme une louve à la lune, donné des hanches en geignant comme une cow-girl sur son cheval et pleuré de plaisir à quatre pattes sous lui, des positions que je n’osais pas trop avant, par pudeur, peur d’être laide, grosse, poilue ou salope. Mais avec Shaun, toutes ces peurs se sont envolées. Sûrement parce que je l’ai vu manger de la pâtée pour chat et se transformer en cerf… J’ai l’impression qu’une vie nouvelle s’ouvre à moi. Une vie de bonheur et d’aventures, de joies essentielles et simples. Marcher dans la forêt avec lui main dans la main. Le regarder cuisiner, ou lui préparer un bon chocolat chaud quand il rentre d’interventions en pleine nuit avec Papa. Rire du sans-gêne de Shadow et Jolene. Prêter des serments sous des plantes magiques à dates fixes, après les réunions du Coven. Rendre visite au clan, tenter de les apprivoiser eux aussi, se réchauffer au sourire désarmant des enfants fae. Et m’endormir dans les bras de mon amoureux tous les soirs ou tous les matins, comme je le fais présentement. Me noyer dans l’absinthe de ces superbes yeux verts. Suivre la ligne détendue de cette bouche si sensuelle, celle de ces sourcils magnifiques. Graver ce visage de prince dans ma mémoire avant de fermer les yeux, me blottir dans ces bras protecteurs, enfouir mon visage dans cette chevelure dense. Ici, en vacances, ou en Californie, où il m’a dit qu’il me suivrait pendant mes cours, quitte à nommer un lieutenant pour s’occuper de son clan en son absence. Et peut-être, porter son enfant un jour, je ne sais pas. On verra bien. Je ne me vois pas vivre sans lui. Et je sais que moi, j’accueillerai ce cadeau comme une bénédiction des dieux, aussi miraculeuse que l’arrivée de son père un soir de neige avant Noël. Je remercie mon frère, qui me regarde du paradis, et qui m’a envoyé cet ange pour réparer la famille, prendre soin de moi… et pour que je le répare et prenne soin de lui.
Angel. Mon elfe de Noël.
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