Chapitre 5

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Les femmes, alors, j'ai beau avoir des milliers de kilomètres au compteur... Je ne les comprends toujours pas !

Pas une seule fois dans la soirée nous n’avons parlé d'elle ou de lui. Nous nous sommes trouvé tout plein de points communs, et j'avoue, même si je n'ai pas encore passé à l'action, j'ai une furieuse envie de l'embrasser.

Comment se prénomme-t-elle ? Je ne lui ai pas encore posé la question, elle non plus d'ailleurs, qu'avons nous mangés, bus, à quoi ressemble la salle, quelle est la couleur des cheveux de la serveuse; je serais incapable de répondre à la moindre question. J'aime tout chez elle, déjà, la nuance particulière de ses yeux noisette pailletés d'or, ses longs cheveux bruns , son sourire mutin, son petit rire de gorge... et la naissance de sa poitrine, qu'elle doit avoir fort belle. Je rêve ou elle a encore fait sauter un bouton du corsage ?

De toute façon à l'hôtel je vais le lui déchirer !

À moins que ce ne soit elle, elle me fixe comme si elle était un chasseuse et moi le gibier. Je suis allé aux toilettes tout à l'heure, j'ai senti son regard me caresser les fesses. Elle me l'a dit avant d'arriver ici, elle est passionnée, elle adore la vitesse, elle s'est vantée de ne plus avoir que trois points sur son permis, elle m'a dit qu'elle s'en fichait. Je la crois sans problème, j'avais l'impression de voler sur la ligne droite de Carnon. Quant aux ronds-points giratoires, j’en ai compté cinq de l'hôtel jusqu'à ici, je l'avoue, j'ai dû fermer les yeux.

Elle me parle, je vois ses lèvres bouger, elle me caresse la main, elle va m'embrasser.

Je sens son pied nu qui remonte le long de ma jambe, j'ai chaud, je suis en nage, alors que je me noie dans son regard, je vois ses lèvres bouger à nouveau. Je fais un effort, je retourne sur terre, j'ai besoin d'entendre ce qu'elle me dit :

  • ...'Drait que l'on demande l'addition avant que je te fasse glisser sous la table et qu'on s'éclipse dans les toilettes, à l'hôtel ce serait mieux non ?
  • Euh...

Décidément dans de telles circonstances je manque cruellement de vocabulaire.

Je n'ai pas tout compris, je l'ai vu saisir sa carte bleue, payer, il me semble que je lui ai proposé de le faire, de partager la note, je ne suis plus sûr de rien, peut-être est-ce moi qui ai payé d'ailleurs ?

Assis sur le siège avant, coté du mort, je ne la vois pas passer cette route de tous les dangers, il n'y a que mon corps sur ce siège, ma tête est ailleurs.

Je sens sa main sur ma cuisse, je sens sa caresse, à chaque fois qu'elle change de rapport, elle la pose de plus en plus haut, j'ai hâte d'arriver.

Elle freine brusquement en rentrant dans le parking de l'hôtel, je m'y étais préparé. Je pense que c'est moi qui conduirais quand on sera ensemble, enfin je n'en suis pas tout à fait sûr, elle a l'air de toujours tout prendre en main.

Oh non! Il est là l'idiot qu'elle a giflé et embrassé, si elle n'avait pas braqué au dernier moment elle l'aurait fauché, ça ne m'aurait pas dérangé plus que ça.

Elle arrache sa main de ma jambe, je sens encore sa chaleur sur ma cuisse. Elle tire le frein à main alors que nous ne sommes pas tout à fait arrêtés et ne s'intéresse plus du tout à moi désormais. Dans un geste de rage, elle tire brutalement la fermeture éclair de sa veste demi-saison, cachant ainsi sa belle poitrine. Ses yeux noisette sont devenus presque noirs. Elle ouvre la portière à la volée, saute de son siège comme un diable qui sort de sa boîte...

Il est là, le bellâtre , planté avec un énorme bouquet de roses rouges chiffre impair, elle lui saute dans les bras, grimpe les escaliers de l'hôtel deux à deux, j'ai juste eu le temps de sortir de la voiture, j'entends la fermeture centralisée de la caisse cliquer, la lumière du hall est déjà éteinte, je suis planté comme un con dans le petit vent froid du bord de mer.

Putain quel con !

j'aurais mieux fait d'apporter les croissants à ma Louloutre demain matin ! je serais sans doute en train de becter un hamburger du côté de Rodez ou de Narbonne.

Je me sens comme un bouc en rut .

Oui, c'est tout à fait ça, je n'aurais été qu'un boute-en-train ce soir, j'ai enfin compris ce que voulait dire cette expression. À mes dépens, jamais je ne les comprendrais les femmes, je crois que je l'ai déjà dit.

J'en pleurerais !

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