Chapitre 9

4 minutes de lecture

Quelques Goélands volaient dans un ciel sans nuage, des foulques nageaient sur un miroir d'eau turquoise. Derrière une vieille jetée en bois dormait une forêt de roseaux, paradis des grèbes et des poules d'eau. J'étais arrivée à destination, au paradis.

Meuh non, je n'étais pas morte, j'étais bien vivante au contraire, un petit vent frais de début d'automne caressait mon visage, emmêlait mes cheveux, je me sentais bien, presque heureuse. Le petit parking sur lequel je m'étais garée surplombait l’océan Atlantique de quelques dizaines de mètres, de ce promontoire j'avais une vue dégagée sur une grande partie du littoral. Au loin dans la brume du soir, je devinais les iles de Ré et d’Oléron.

L' hôtel était sur ma gauche, magnifique, majestueux, très chic, très propre, pour tout dire un peu guindé, mais ce n'était pas là où on avait réservés deux nuitées avec petit déjeuner, non, c'était au petit camping en contrebas, bien plus abordable. De toute façon, une chambre n'était faite que pour dormir, que le lit soit de sangle ou à baldaquin m'importait peu, le plus important était plutôt celui qui partageait la couche. Qu'il soit gai et joueur, la nuit serait étoilée, le sommier doux et léger; qu'il soit bonnet de nuit, pantouflard et ronchon, la nuit serait lugubre triste morne, le lit dur et inconfortable.

Je commençais à être inquiète, mon compagnon de jeu n'était pas encore arrivé, il aurait déjà dû être là depuis un moment déjà, sauf si...

Il m'avait déjà fait le coup, il était si distrait, si tête en l'air, parfois je me demandais s'il ne le faisait pas exprès, apparemment non, il devait être né comme ça. Je l'avais surnommé Pierrot, Pierrot la lune, il avait un petit air de Pierre Richard dans le grand blond à la chaussure noire. Oh non, vous me flattez, je n'ai rien à voir avec la sulfureuse Mireille D'arc, la même robe échancrée dans le dos jusqu'à l'indécence, ne dévoilerait pas le galbe de mes fesses comme cela.

Non, je suis plutôt brune, les hommes s'accordent à dire que j'ai un joli fessier, mais je ne revêts que rarement jupe et robe, un bon jean moulant, c'est tellement pratique et passe-partout, surtout, ça gomme les imperfections d'un arrière-train que je trouves un peu gros, comme le mien. Pierrot, il est très gentil, il me dit tout le temps que mon cul est parfait, je préférerais quelquefois qu'il admire un peu plus mon visage, et qu'il m'écoute quand je lui dis quelque chose. Où est-il allé encore ?

Pourtant, la dernière fois que je l'ai eu au téléphone, on s'est dit :


  • Sais-tu où on va ?
  • Hôtel des pins ou camping beau rivage, il me semble
  • Mais non, tu ne t'en souviens déjà plus, tu as loué au camping des flots bleus, juste en dessous de l'hôtel des pins je ne te répète pas le nom de la ville, on en a parlé cent fois, que je voulais faire le tour des iles .

Ben si, j'aurais du le lui répéter,, quand je vous dit que c'est un vrai Pierrot dans la lune. En plus son téléphone est sur répondeur, je paris qu'il a bouffé toute sa batterie avec son fichu GPS, même pour acheter une baguette de pain à la boulangerie d' à côté il en a besoin de son fichu GPS.

Vous savez quoi, il me saôule, j'ai besoin de m'amuser ce soir. Je vais piquer une petite tête dans l’océan on verra après !

L'eau était fraiche comme j’aime, elle n'était pas froide, elle était revigorante, j'en avais besoin après cette route qui n'en finissait plus et toutes les contrariétées qui m'attendaient dans ce lieux paradisiaque.

N'y a t'il pas une série qui se nomme meurtre au paradis ? c'est à ça que je pense en ce moment, lui tordre le cou.

Enfin, il a essayé de me joindre, bingo, son téléphone était complètement déchargé, qu'est ce que je vous disait !

Je le rappelles, ça sonne, alélouia, il décroche !

Je ne le laisse pas parler, je l'engueule la première, non, mais, il ne faut pas se laisser faire, on est plus du temps de l’homme des pierres, enfin des cavernes :

  • Oui, tu es où ? je t'attend !

Il me réponds par SMS, ben tiens, c'est tellement plus pratique un SMS, quand on ne veux pas affronter l'autre, il le sait qu'il a tort :

  • Je suis à l'hôtel où veux tu que je sois ?
  • Tu dis n’importe quoi, j’y suis à l’hôtel… pourquoi l’hôtel d’abord, tu sais bien que je me suis installée dans un bungalow juste à côté , juste en face de l’océan.

Je n'aimes pas qu'on se paye ma poire, je veux bien être gentille, il ya des limites, je prépare un petit truc bien senti, mais il est plus rapide que moi !

  • L’océan, quel océan ? la mer tu veux dire ?

Mais, ma parôle, il le fait exprès ? je ne sais plus si je suis énnervée, paniquée, ou... je tape à nouveau, non, je martyrise les touches de ce pauvre smarphone qui n'y est pour rien :

  • Mais tu es ou a la fin ?

Alors, il me réponds, la phrase qui tue :

  • Ben l’hôtel les flots bleus Palavas les flots


Annotations

Versions

Ce chapitre compte 8 versions.

Vous aimez lire Etienne Ycart ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0