Chapitre 10
J'ai regardé sur une carte, je préfère les cartes, c'est beaucoup plus poétique une carte, moins froide qu'un navigateur. À force de confier nos itinéraires à des IA, nous devenons dépendants d'eux, c'est bien beau de lire 1984, d'en faire le livre du siècle et de propulser Wells au rang de prophète...
Laissez tombez, je sais que vous ne me comprenez pas, ben oui, je préfère toucher du papier qui crisse sous mes doigts, qui vit et respire, penchez-vous, sentez une vieille carte IGN, ça sent l'encre et la cellulose. J'ai donc regardé et calculé combien de temps il me faudrait pour traverser la France, d' Ouest en sud-est, ça me prendrait trop de temps !
Mes vacances sont trop précieuses, pour les gaspiller en vain voyages supplémentaires. Il est au Languedoc, qu'il y reste ! Je réfléchirais plus tard à notre avenir commun. Il n'est pas là, je le regrette, je ne vais pas le pleurer pendant cent sept ans.
Décidément l'eau est pile-poil à la bonne température, je déteste la pisse de chat ou l'huile de friture. Je décide d'y rester encore une heure. Ah l'atlantique, c'est tout de même mieux que la Seine pour y jouer au dauphin.
Quand je sors de l'eau, où je suis restée bien plus longtemps que ce que je pensais, je me sens propre, lavée de la ville et de ses soucis. Mes factures impayées, mes amours qui prennent l'eau et mon travail qui me prend la tête, je les ai abandonnés dans le sable, au large. Il est plus que temps de me changer au bungalow et de me rechercher une gargote dans le coin, j'ai une faim de loup et je n'ai aucune envie de reprendre la voiture. Elle a bien le droit de se reposer elle aussi.
Après une douche très rapide, juste pour ôter le sable et le sel de mon corps, je me sèche en quatrième vitesse. J'hésite, parfum, pas parfum, allez quelques gouttes de Nuit fauve, pour une chatte de gouttière, oui, je le sais, l'autre con m'appelle sa Loulouttre, je suis une féline, pas un mustélidé aquatique, il faudra que je le lui dise.
Mais putain, il va me gâcher encore longtemps ma soirée l'autre clown. Machinalement j'ouvre mes textos, Rooo, il veut quoi encore l'autre olibrius !
Je rêve, il me souhaite une bonne soirée...
Il me demande également où je suis. Mais il n'a pas encore compris, il est bouché à l'émeri ou quoi, par charité chrétienne, je lui réponds :
- Hôtel les flots, Châtelaillon, au sud de La Rochelle.
Avant de couper le sifflet à cet objet de malheur qui s'appelle Smarphone, de m'enfiler une petite robe rouge moi qui suis toujours en jean et de me maquiller, juste un peu les yeux et les lèvres.
Je danse une minute devant la glace, oui c'est le seul luxe de ce bungalow spartiate, sans télé, sans internet, l'image que me renvoie la plaque de verre me plait, je me trouve très belle, je devrais enfiler des robes plus souvent. J'hésite encore, mocassins, sandales ou bottes, je penche pour les bottes, ma copine virginie, une vraie bombasse décomplexée, dirait si elle était là :
- Putain, la bombe, elle a même rajouté les bottes de cheval pour le rodéo fiché S : ( Fiche S pour sexe, je croyais que vous aviez compris ) !
Oui ce sont de vraies Taylor Swift, avec tout ça, si je ne crée pas une émeute...
Que la fête commence ! Euh... Mais je ne vais que manger, ne vous faites pas tout un film.
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