Blog : Le Journal (pas) intime de Max. Post n° 12 : Le jour où j'ai perdu mon ami

5 minutes de lecture

Ce voyage sur ma terre natale m'a fait un bien fou. Je me sens mieux dans ma peau, plus fort, plus sûr de moi. Et puis, revoir ma mère, passer cet après-midi avec ceux que j'aime, il n'y a rien de tel. Ça va faire partie de mes souvenirs les plus précieux. Mais je ne savais pas que quelques heures après, j'allais vivre les pires moments de ma vie.

Le lendemain de notre retour, j'ai dû retourner travailler. J'avais du mal à laisser Jake comme ça, tout seul. Il a rigolé et a dit qu'il était un grand garçon, qu'il saurait se débrouiller. Je suis donc parti, un peu inquiet, pour mon retour au bureau. La journée est passée très vite. J'avais évidemment une pile de dossiers en attente de traduction, ce qui fait que je n'ai pas eu beaucoup de temps pour penser à autre chose. En sortant du boulot, j’ai remarqué que Mary, la vendeuse de fleurs qui me plaisait tant, était là, en train de composer un bouquet. Je me suis rappelé les paroles de Jake, m’encourageant à aller la trouver. Je suis entré dans le magasin, faisant tinter une petite clochette. J’ai demandé un bouquet de fleurs, mais je ne savais pas trop quoi prendre. J’avoue qu’à ce moment-là, j’étais en mode automatique, avec une petite voix dans ma tête qui hurlait “Mais qu’est ce que tu fais ?? QU’EST CE QUE TU FAAAIIIS !??”. Je lui ai demandé quel bouquet serait bien pour demander à une fille de sortir avec moi. Elle a souri et m’a demandé si je savais quelles fleurs la fille en question aimait. Je lui ai dit que je ne savais pas et qu’elle n’avait qu'à faire comme si c’était pour elle. Alors elle a composé un merveilleux bouquet composé de fleurs de campagne et de deux tournesols éclatants. Le bouquet était vraiment magnifique et exhalait un parfum printanier. J’ai pris le bouquet, je l’ai remerciée, j’ai payé… puis je lui ai tendu le bouquet. La voix dans ma tête devenait complètement folle. Mon cœur allait exploser, et j’avais les mains moites.

Elle a regardé le bouquet, puis elle m’a regardé, ne comprenant pas de suite. Puis je lui ai demandé si elle voulait venir au cinéma avec moi, un soir. Elle a souri, est devenue écarlate. Et elle a dit oui. Comme ça, simplement. Moi qui m’attendait à un refus, je ne savais pas quoi dire. Je me suis mis à rire nerveusement. On a échangé nos numéros, puis je suis parti.

Je planais littéralement. Ça s'était tellement bien passé. Le trajet de retour vers chez moi est passé très vite. Je n’arrêtais pas de penser à ce qui venait d’arriver, me demandant si je n’avais pas rêvé. J’étais béat et je souriais tout seul. J’ai grimpé quatre à quatre les marches menant à mon appartement, j’ai tourné la clé dans la serrure, et j’ai ouvert la porte en criant à Jake “Hey, Jake ! Ça y est ! J’ai suivi ton conseil ! Elle a dit oui !”. Mais je me suis figé de suite.

Jake était debout. Il tenait des feuilles en main et il avait le regard noir. J’ai regardé les pages qu’il tenait et j’ai tout de suite compris. “C’est quoi, ça ?” m’a t-il demandé, la voix chargée de colère et d’incompréhension. La pire chose qui pouvait arriver était en train de se passer devant mes yeux. Il avait trouvé ce que j’avais écrit sur lui, comment je l’avais créé, son histoire, ses sentiments les plus intimes. Qu’est ce que j’allais répondre ? Que dire à un homme qui ne devrait même pas exister ?

“Oh Jake… ai-je commencé… je… je ne sais pas quoi dire…

- Et si tu me disais tout simplement la vérité ? a-t-il craché, la voix tremblante. Qu’est ce que c’est ? Comment tu sais tout ça sur moi ? Et… mais qui es-tu, bon sang ? Est-ce que… quoi, tout ça est une blague ? Un scénario de caméra cachée ? Dis-moi, je suis en train de devenir dingue !

-Jake… je ne sais pas comment te le dire…

- Dis-moi tout… Maintenant.

- Je… Je rêvais d’écrire un livre… et depuis un moment, un personnage était dans ma tête… un personnage que j’aimais beaucoup, car il m’apportait tout ce qui me manquait dans la vie. Un personnage gentil, affectueux, qui voudrait mon bien-être, un véritable ami… Alors, ce personnage, j’ai commencé à écrire sa vie, ses détails, son histoire… Et puis voilà qu’un jour, ce personnage surgit, dans un couloir de la gare… Il me dit venir de l’endroit où j’avais imaginé qu’il vivrait… il me parle de choses que seul ce personnage connaissait… Je n’y comprends rien non plus, Jake, crois-moi… J’ai cru devenir fou… Mais il semble bien que tout ça soit réel… et je…

-Attends attends attends…. m’a-t-il coupé… Qu’est ce que tu racontes…? Je… je serais un personnage… inventé…? Et quoi… tu serais mon créateur ???

- Jake… S’il te plaît… ne le prends pas comme ça…

- Mais comment dois-je le prendre alors ? Je ne serais même pas réel !? Je… je n’existe pas…? Mais pourtant J’EXISTE BORDEL ! Pourquoi tu me dis ces conneries !? Tu me prends pour un idiot ?

- Jake… “

J’ai commencé à trembler… Mes larmes roulaient sur mes joues, sans s’arrêter… Jake craquait complètement…

“Et admettons que tout ça soit vrai, continua-t-il, les larmes aux yeux… Ça veut dire que… mes parents qui meurent… Helen qui me quitte… Pourquoi…? Pourquoi avoir inventé cette vie de merde pour moi ? Je suis complètement détruit, Max… Tu as fait de moi un homme torturé, qui fait tout le temps des cauchemars, qui ne fait confiance à personne… Je te faisais confiance… Je croyais que tu étais différent…

- Ne dis pas ça… S’il te plaît… si j’avais su que tu pouvais venir à la vie comme ça… je t’aurais inventé la plus belle des vies… Crois-moi Jake… Tout ça m’est tombé dessus et je ne savais pas quoi faire…

- Ouais… Ça me fait une belle jambe…”.

Il a pris sa veste et il s’est dirigé vers la porte. J’ai tenté de le retenir, je lui ai demandé pardon. Il m’a repoussé et il m’a infligé un regard glacial qui m’a cloué sur place. Il est parti, sans rien dire, en claquant la porte. J’étais figé sur place. je ne savais pas quoi faire. Je suis tombé à genoux et j’ai fondu en larmes. Mon monde était en train de s’écrouler. Je crois que je n’ai jamais pleuré comme ça. J’avais l’impression que ma tête allait exploser. J’ai tellement pleuré que j’ai fini par m’écrouler, sans force. Je ne sais pas au juste si je me suis évanoui ou simplement endormi, mais je suis resté inconscient presque une heure. J’ai entendu des voix dans mon sommeil. J’ai rêvé qu’un homme demandait si quelqu’un était venu me voir, et une femme a répondu “Non, personne. A croire qu’il est vraiment seul.”. Oui, j’étais vraiment seul. Seul, misérable, détruit. Je suis resté couché par terre, sans pouvoir me relever. J’avais créé et détruit la vie de mon ami. Comment pourrais-je encore vivre après ça ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Maxime Close ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0