Richard et la reine
Lorsqu'un bal est terminé, il faut bien rentrer chez soi. Pour l'occasion, Louis-Constantin et Cath' avaient partagés le même lit, pendant que les deux autres garçons dormaient dans une chambre au rez-de-chaussé. Quoiqu'il fut comte d'Artagnan, Louis-Constantin n'avait pas de grandes richesses et menait une vie modeste de Parisien. Il avait quitté la rue Poissonnière et la paroisse Saint-Eustache pour celle-ci, qu'il trouvait plus calme et où se trouvait peu de prostituées ; mais ce « galopin » (qui n'est pas un terme finalement réservé qu'aux domestiques) aurait voulut être un « logeant » à Versailles, s'il avait plus d'argent.
Lors du déjeuner, il était de coutume qu'on parla du bal de la nuit dernière. Lors du dîner on en fit autant, tout comme au souper.
— J'ai baisé la main de la reine ! se vanta Le Grand, fier de lui.
— Dommage que tu dois ajouter « la main de », pour que ton entrevue avec elle soit conforme à la réalité. se moqua Cath'.
— Oh, ma douce Catherine, ne soyez pas vulgaire de bon matin, je vous prie. gronda le comte.
— Oui, excusez-moi, mon ami. Je n'ai cessé de danser, si bien que je peine à marcher. Mais il ne manquerai plus que je le regrette ! J'ai rencontré un gentilhomme qui disait être au Secret de la Reine. Il m'étais familier mais je ne le reconnu pas, tellement j'avais bue, et je crois que lui aussi pour me sortir une telle absurdité !
— Comment était-il ? demanda Toine, avec une curiosité marquée.
— Hum… Il avait un vêtement rouge. Je m'en souviens très bien parce que j'ai fais tomber du vin sur son uniforme, ah, ah !
Antoine faillit s'étouffer en buvant son chocolat, tant cela lui semblait improbable. Il vérifia :
— Était-il soûl, Cath' ?
— Cela m'étonnerai, mais je ne saurai te le confirmer.
Le Grand continua ensuite de causer sur la nuit qu'il avait passé. Toine pour sa part, alla à la demeure parisienne du comte de St Mary Mead, après dîner. Il mit un peu de temps, mais il fini par trouver la résidence.
— Mon maître est-il prévenu de cette visite ? demanda le portier.
— Non, pas du tout. Dite à votre maître que le chevalier de la table ronde souhaite s'entretenir avec lui.
L'autre homme haussa un sourcil, jugeant qu'il n'était pas assez richement vêtu pour être un chevalier ; mais il le laissa entrer pour l'amener au salon, où Richard lisait. Le domestique lui dit qu'un monsieur se disant chevalier de la table ronde, souhaitait lui parler. Richard releva la tête et ouvrit la bouche, de bonheur et de surprise de le revoir. Le domestique de se retira, et il ferma la porter pour laisser les deux hommes discuter tranquillement. Richard se leva de son siège et le salua :
— Je ne m'attendais pas à vous revoir de si tôt, monsieur. Voulez-vous prendre un siège ?
— Non, merci, cher comte. Je voulais seulement savoir si vous pourriez me renseigner sur quelque chose, voyez-vous ?
Richard s'assit de nouveau et lui demanda de poursuivre.
— Hier, quelqu'un de ma connaissance vous tâcha avec du vin. Et elle m'a rapportée qu'un homme dans le même habit et à qui il tâcha le vêtement, lui avait dit qu'il était au service du Secret de la Reine.
Richard pâlit et s'emporta :
— Foutaises, votre amie fabule ! Si vous êtes venu me voir pour des ragots, dit par une personne ivre, ce qui ne joue pas en votre crédibilité, je vous demande de partir, et veuillez ne plus m'importuner à ce sujet, monsieur McClain ! J'ai autre chose à faire qu'écouter un petit domestique !
— Je vous ferai rappeler que je suis au service de Madame la belle-sœur de Sa Majesté le roi !
— Vous osez élever la voix contre une personne qui vous est supérieure !? Je vous ferai donner le fouet, monsieur, si vous continuer !
Quoique la perspective de se faire fouetter enchantait ses penchant masochistes, Toine préféra le quitter sur le champs. Quand il s'en fut aller, Richard demanda immédiatement un fiacre pour Versailles : il fallait avertir la reine que sa couverture était compromise.
— Je ne pense pas, Monsieur Kagane. Vous avez fait un très bon travail en Asie, quand le roi Louis XV vous avait envoyé. Avec monsieur de Beaumarchais, vous êtes un de nos meilleurs éléments.
— La confiance qu'a Sa Majesté pour moi me flatte, mais je crains qu'il faille revoir nos plans : si cet homme est au service de Son Altesse Royale Madame, il pourrait lui en parler et ma couverture…
La reine réfléchit un moment, caressant ses carlins.
— Nous pourrions nous en servir contre elle, plutôt. Vous m'avez dit que son amie était au service de la comtesse d'Artois, je me trompe ?
— Non, Votre Majesté à raison.
— Alors envoyez une lettre à chacun, que je vais vous dicter. Faites la en quatre exemplaires, je vous prie.
La lettre fut dictée, recopiée sous l’œil attentif de Marie-Antoinette puis postée. Richard allait s'en aller quand il demanda tout de même à la reine s'il pouvait émettre un jugement.
— Faite, je vous en prie ! répondit Marie-Antoinette.
— Eh bien, avec tout le respect que je dois à Sa Majesté, je pense qu'elle aurait dut choisir d'autres personnes, plus proche de Leurs Altesses Royales…
— Eh bien ! s'exclama la reine de France. Nous n'aurons qu'à les promouvoir à des charges plus importantes, et ainsi être dans leurs secrets, s'ils acceptent de nous aider ! Si le roi a fait interdire les services de renseignement de la diplomatie parallèle, j'ai gardé le mien car j'ai de bonnes raisons de croire que l'on veut attenter à mon couple, à notre vie.
Après lui avoir dit qu'il était fier d'être un lion de la reine, la quitta.
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