Visite
Le jour franchit les rideaux de ma chambre, éclairant la pièce de sa lumière. J'ai tapoté le cache-oeil que les médecins m'avaient mis. Je ne l'avais pas remarqué avant mais maintenant oui. J'ai touché également la pierre de mon collier sous mon vêtement, m'assurant que je n'avais pas rêvé. Je fis de même avec le bracelet, me demandant comment j'allais expliquer ça.
Une infirmière entra, m'adressant un bonjour avec son sourire dégoulinant de gentillesse. Je le lui ai rendu par un hochement de tête. Elle retira mon cache-oeil et examina mon visage avant de sourire.
- Bien, votre oeil est dans un bien meilleur état. Fermez l'oeil non endommagé je vous prie. Bien, vous pouvez me voir ?
- Oui... Vous êtes juste, comment dire... Hmmm... Je sais pas trop comment dire...
- Floue ? C'est normal, ne vous en faites pas. Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on peut guérir ça. C'est déjà mieux que si vous auriez perdu votre oeil.
Elle me souria une nouvelle fois avant de me remettre un nouveau cache-oeil. L'infirmière se recula pour vérifier si elle l'avait bien mis quand je sentis son regard changer d'expression quand elle remarqua le bracelet et le collier. Elle fronça ses sourcils et s'approcha pour s'asseoir vers moi.
- Monsieur, quand avez-vous eu ces objets ? Et surtout, qui vous les a donné ?
- Ces bijoux ? Oh ce sont des personnes qui m'ont rendu viste qui me les ont donnés. D'après eux, je n'arrêtais pas de leur en réclamer, inventais-je rapidement en bafouant légèrement.
- Je vois... Le seul problème c'est que je ne vois pas qui aurait pu vous les donner. Enfin bref, vous avez de la visite.
Elle quitta la pièce et deux hommes entrèrent. L'un brun et l'autre aux cheveux noirs. Ils ne se jetaient pas un regard et leur attitude me semblait très familière.
- Coucou petit, comme promis on est venus ! s'exclama le noireau en venant s'asseoir à côté de moi.
- Oui, même s'il a faillit nous empêcher de rentrer. Il est vraiment stupide.
- Asmodée ? Raphaël ? Vous êtes vraiment venus !?
Les deux hochèrent la tête et j'ai serré le démon entre mes bras, le surprenant.
- Eh, petit ! Tu-tu fais quoi là ?
- Je ne sais pas, j'ai agis instinctivement. Ce geste m'était familier, répondis-je en me reculant gêné. Tiens ? T'es tout rouge.
- Non mais je rêve ! Le démon de la luxure est gêné par un petit calin venant d'un humain ? Ahahah, se moqua le brun en jetant en arrière sa tête en rigolant.
- Ferme l'emplumé, grogna le démon. Et précision, appelle moi Axel, j'aimerais passer inaperçu et c'est ce qu'il y a de marquer sur mes passe-ports et ma carte d'identité !
Il bouda légèrement tandis que Raphaël levait les yeux au ciel. Le démon était vraiment suceptible !
Il ne tarda pas longtemps à retrouver sa bonne humeur et vint se coller à moi, me posant une multitude de questions.
- Bon crétin de démon, laisse le respirer ! s'énerva Raphaël en tirant Asmodée hors du lit. Moi aussi j'aimerais lui parler.
- L'emplumé !
- Bon petit, comment te sens-tu actuellement ? me demanda le brun, ignorant le noireau.
- Plutôt bien.. Mais, dis-moi, pourquoi Asmodée a les yeux noirs et pas rouges ? répondis-je.
- Eh bien, ce serait bizarre pour un humain de le voir avec des yeux couleur sang. Même si cette couleur représente très bien sa monstruosité et sa nature !
- Ferme là ! répliqua Asmodée en attrapant les épaules du brun. Vous êtes pas mieux vous !
- Stop ! Arrêtez de vous hurler dessus ! Je suis quand même celui qui a le plus de raisons d'être en colère ou bien triste ! J'ai perdu la mémoire, j'aurais pu mourir et vous, vous vous hurlez dessus comme si ce que j'ai vécu et ce que je vis ne vous préoccupe pas ! Si c'est comme ça que vous serez pendant que vous veillerez sur moi, j'aurais préféré mourir et de ne m'être jamais réveillé !
Les deux se turent, baissant les yeux. J'ai repris mon souffle, complètement épuisé. Raphaël posa sa main sur ma joue et la carressa. J'ai posé mes yeux sur lui et je pouvais le voir sourire tristement.
- Désolé. Promis nous ne nous disputerons plus. N'est-ce pas Axel ?
Le démon sursauta en entendant son prénom humain et marmona un oui, penant ses distances avec nous. Il s'est assis puis plaça sa tête entre ses genoux, les tenant entre ses bras. J'ai observé longuement le noireau, perplexe. Il était vexé ?
Raphaël semblait se poser la même question que moi car il dévisageait Asmodée, surpris. Il a tourné sa tête vers moi et leva un sourcil interrogateur. J'ai secoué ma tête et le brun soupira.
- Axel ? Tu fais la tête ? demanda-t-il.
- Non, laisse-moi et va faire mu-muse avec ton précieux humain, grogna le noireau sans pour autant lever la tête.
- Comme tu veux, après ne va pas te plaindre qu'il préfère rester avec moi plutôt qu'avec toi.
J'ai écarquillé mes yeux et le brun me fit un clin d'oeil en posant un doigt sur ses lèvres. Fais-moi confiance pour la suite. C'est le Démon de la Luxure, tu te souviens ? Et bien, je vais lui offrir sa luxure tant désirée.
J'ai sursauté en entendant la voix de l'Archange dans ma tête. Il s'approcha de moi et fit descendre de son épaule les manches amples de sa tenue. Il attrapa une de mes mains en la posa contre sa peau nu, qui était chaude et douce. Il fit descendre l'élastique qui retenaient ses cheveux, rendant sa coiffure négligée.
- Pas si vite mon petit poussin, je-je ne suis pas prêt pour ça... Je... Non pas ici...
Je n'eus même pas le temps de cligner des yeux que le démon était derrière le brun, le bras de l'Archange entre ses mains.
- Et bah ? Jaloux ? demanda Raphaël en rigolant légèrement. On plaisantait pour te faire sortir de ta coquille imbécile !
- En tout cas, moi je me demande bien comment un être aussi pur que toi l'emplumé ai pu prendre une voix si sensuelle. T'es pas censé être vierge ? Oh, tu piques un fard maintenant ?
- Crétin ! Dis pas ça comme si ce n'était rien ! Bien sûr que je le suis encore ! Je suis encore plus vierge que qu'une feuille blanche non utilisée ! Alors ferme là, toi qui t'es déjà fait presque tout tes clients !
Le démon recula, laissant le brun remettre sur ses épaules ses manches.
- Et puis, si je connais tout ça, c'est à cause des humains !
Raphaël jeta un regard noir au démon et rattacha ses cheveux. Je regardais la scène se dérouler sous mes yeux, stupéfait. Qu'est-ce qu'ils racontaient encore !
Un infirmier passa la porte de ma chambre et en voyant les deux hommes, prêts à s'entre-tuer, il toussota, faisant remarquer sa présence aux deux.
- Messieurs, si c'est pour faire preuve de violence devant votre ami, je vous demanderais de partir. Nous ne tolérons pasla violence dans cet établissment. Alors, dès à présent, sortez. Il a une autre visite.
Les deux se lancèrent un dernier regard avant de sortir. Dès qu'ils eurent passés la porte de ma chambre, ils se hurlèrent dessus, réglant leurs comptes. L'infirmier soupira d'épuisement avant de reprendre contenance.
- Bien, maintenat qu'ils sont partis, comme je vous l'avais dit, vous avez une autre personne qui aimerait vous voir.
Une femme entra. Ses cheveux noirs retombaient dans son dos et ses yeux marrons semblaient avoir été innodés de larmes. Ses yeux étaient rougis et elle essayait tout de même de sourire. L'infirmier quitta la pièce nous laissant seuls.
- Sacha, commença-t-elle. Tu m'as tellement manqué ! J'espère que tu ne m'as pas oublié.. Tu sais comment je m'appelle ?
Je voyais bien grâce à ses yeux que si je répondais << non >> elle pleurera. Mais c'était ainsi. J'étais amnésique et elle ne me disait rien. Je ne savais même qui j'étais pour elle. Son cousin ? Son ami ? Un collègue ? Un camarade ? Je ne savais pas. Mais il fallait que je lui réponde.
- Désolé, mais je ne sais pas qui tu es. Je ne reconnais personne ici. Désolé.
Annotations