Le mercredi suivant, après une bonne nuit de sommeil, la mère et la fille étaient sur le départ quand Claudine s’aperçut que ses clés de voiture et son téléphone portable avaient disparus. Elle explora la maison de fond en comble sans succès et Charlotte en profita pour s’installer devant la télévision avec Perle. Elle ne semblait pas affectée par ce contre temps. Après vingt minutes de vaines recherches, Claudine eut l’idée géniale de prendre le double rangé dans le tiroir du buffet. Charlotte n’était pas prête, elle enfila ses chaussures en prenant son temps et traina les pieds pour monter dans la voiture.

Aujourd’hui le destin avait décidé de s’acharner contre elles, les véhicules avançaient avec lenteur et Claudine fit un détour pour éviter le bouchon, mais sans téléphone portable, impossible de prévenir le L.E.C pour demander au chauffeur de l’attendre quelques minutes de plus.

Quand elle arriva au lieu de rendez-vous, l’autocar était déjà parti depuis dix minutes. De fort mauvaise humeur, elle s’excusa auprès de Charlotte de lui avoir fait rater la sortie au zoo de La Madeleine.

- C’est mieux comme ça. Si j’avais pris l’autocar, je serais morte dans l’accident.

Cette fois-ci, Claudine ne releva pas les paroles de sa fille, elle devait être si triste qu’elle essayait de minimiser sa déception.

Charlotte passa le reste de l’après-midi à jouer avec Perle, comme si sa mère n’existait pas.

Après le diner, elles s’installèrent toutes les deux devant le poste de télévision pour regarder les informations.

Un grave accident avait eu lieu sur la nationale qu’elles avaient emprunté ce matin impliquant sept véhicules, il n’y avait aucun survivant.

Pendant que les horribles images des voitures encastrées les unes dans les autres défilaient, Claudine senti son cœur battre la chamade, si elle n’avait pas cherché ses clés ce matin, elle aurait surement été impliquée dans l’accident. Elle avait vraiment eu de la chance aujourd’hui. Elle senti un frisson la parcourir en pensant à la mort horrible à laquelle elle venait d’échapper. Mais elle n’était pas au bout de ses surprises.

Le présentateur marqua un instant de pause et lança un flash spécial : un nouveau drame de la route vient de faire plusieurs victimes. Un accident entre un autocar transportant les enfants d’un centre de loisirs et un poids lourd Belge est survenu sur l’autoroute A10 à hauteur de Royan faisant quinze blessés dont deux graves. Le chauffeur du camion se serait assoupi. Les enfants revenaient du zoo de la Madeleine où ils avaient passés la journée.

A ces mots, Claudine arrêta de respirer, son cœur sauta un battement, l’autocar impliqué dans l’accident était celui que sa fille devait prendre ce matin. Elle resta prostrée longuement sur le canapé en pensant aux étranges paroles prémonitoires de Charlotte dans la voiture, elle se senti mal à l’aise, comment aurait-elle pu savoir ce qui allait se passer ? Non, ce n’était rien de plus qu’une tragique coïncidence, un pur hasard.

Mais pourtant, quelque chose la contrariait, une nouvelle idée, sournoise et dérangeante, comme si quelqu’un soufflait des mots dans son esprit. Une voix qui lui parlait, qui la conseillait. Un flot de pensées illogiques et incohérentes sans lien les unes avec les autres, qui bouillonnaient dans son cerveau et lui donnaient la migraine. Une certitude s’imposa alors dans son esprit : Charlotte était en danger et elle devait se débarrasser de Perle.