Chapître 4

6 minutes de lecture

 Pendant tout le repas, mon esprit était ailleurs, je mangeais mon repas machinalement, répondais de temps à autre aux quelques interpellations qui m’étaient adressées mais, en vérité, je passais plus de temps à faire semblant d’écouter qu’à écouter réellement.

 De tout le repas, Niels ne m’adressa aucun regard. Lui semblait parfaitement intéressé par les conversations qui avaient lieu et y prenait part avec beaucoup d’entrain. Plusieurs fois, je cherchai son attention sans qu’il n’y ait de retour. J’étais très déçu.

 Je cherchais, en effet, à le sonder pour deux motifs.

Le premier, le plus évident, était de savoir si le moment embarrassant de la douche allait avoir des conséquences sur notre relation. Pour le moment, ce qui semblait se profiler m’arrangeait. Il agissait comme si rien n’avait eu lieu.

 Le second était de comprendre si nous flirtions véritablement. Me montrait-il sincèrement de l’intérêt. Niels avait une fâcheuse tendance à draguer tout le monde.

 Arrête de te prendre la tête ! En une journée, j’avais sûrement fait des montagnes de peu. Mes yeux restaient, toutefois, attirés par ce garçon et ne me demandaient pas mon avis pour savoir si oui ou non, ils pouvaient se poser sur lui.

 – Alors ta tête, ça va mieux, m’interrogea Félix.

 – Oui fin… c’était pas grand-chose, l’infirmière m’a juste mis un pansement.

 – Okay, très bien alors. Franchement, je suis désolé de dire ça, mais ta chute était bienvenue, dit-il en riant. Une fois Niels parti, on les a ratatinés.

 – Ouais, bon, ça va pas la peine de la ramener comme ça, s’exaspéra Gauthier vexé de sa défaite, c’est pas comme si c’était grâce à toi Félix. Pierre a fait tout le taff.

 Félix ria de plus bel et toute la tablée se joignit à lui.

 – Au fait, Niels t’a dit qu’il dormait à l’internat ce soir ? Enfin tu dois bien t’en douter puisqu’il est encore là haha. »

 Je hochai la tête. Il entreprit alors de me partager le plan. Niels devait rester caché sous mon bureau pendant que le pion faisait sa ronde. Une fois celui-ci parti, il ne s’agissait plus que d’organiser les couchages. Naturellement il nous manquait un matelas. Par chance, Paulin s’était arrangé avec un seconde qui était seul dans sa chambre, et qui donc avait un matelas supplémentaire. Je devais aller chercher ce matelas, et le ramener dans notre chambre. Gauthier et Paulin nous rejoindraient ensuite et l’on passerait la soirée tous les cinq ensemble. Je sentais que la nuit serait courte.

 – Ok, je vois, mais euh… t’avais pas une dissert à rendre toi pour demain. Genre une dissert que t’as pas commencée, le taquinai-je.

 – J’irai à l’infirmerie m’offrir un sursis. D’ailleurs si t’as moyen de me partager ta méthode pour s’exploser par terre, tôt je suis preneur.

 Toute la tablée s’esclaffa. Moi même, je ne pus retenir un gloussement.

 – Ha ! Ha ! Ha ! Très drôle, ironisai-je, faussement vexé. Le sourire toujours aux lèvres, je poursuivis, en vrai les gars, votre plan, je suis chaud. Mais genre vous avez prévu de quoi faire vraiment la fête ?

Niels et Gauthier ont pris de la tise. Je te jure, ce soir, on s'enquille t’es pas prêt. »

 L’affirmation de Félix fut suivie d’une approbation enthousiaste de l’assemblée. Cette soirée s’annonçait pleine en péripéties.

 Après manger, nous rejoignîmes l’internat pour mettre en pratique notre plan. Le pion devait passer dans les chambres vérifier notre présence une première fois à 20h puis une seconde à 22h. Il s’agissait donc pour la première partie de cacher Niels dans la chambre de Félix et moi. Félix, Niels et moi passâmes la porte de notre chambre pendant que Paulin et Gauthier entraient dans la leur. Niels alla aussitôt se réfugier sous le bureau et se mit sagement à attendre que le pion passe faire sa ronde. Félix quant à lui s’assit à son bureau et j’en fis autant au mien.

 J’entrepris alors d’ouvrir des livres et un cahier et fis mine de me mettre au travail. Félix en fit de même. Nous attendîmes ainsi une petite dizaine de minutes. Aussitôt le pion était-il passé que je libérai Niels pour le laisser respirer.

 – Alors Niels, ça fait quoi de passer sous le bureau ? »

 Félix était, certes, mon meilleur ami, mais cela ne l'empêchait pas d’être franchement lourd de temps à autre.

 – Franchement super. Je te laisserai essayer la prochaine fois, tu sembles en mourir d’envie.

 Je vis la mine de Félix se décomposer. Niels et moi partîmes en fou-rire. Nous rions tellement que des larmes roulaient sur nos joues. Félix faisait la gueule.

 – Bon les gars quand vous voulez, on va chercher les autres et on mate un film. » Félix s’impatientait.

 Je me calmai un peu et allai chercher Paulin et Gauthier.

 Nous décidâmes de regarder Django unchained. Nous arrangeâmes le lit de Félix, enclavé dans le mur, de telle sorte que nous puissions tous les cinq nous installer dessus. Des coussins étaient disposés de manière à faire dossier.

 J’attendis que tous s’installèrent. Niels en faisait autant. Il s’installa finalement, et je lui emboîtai le pas.

 Le lit n’était pas grand mais nous avions suffisamment de place pour ne pas être les uns sur les autres.

 Comme à son habitude, Félix commentait absolument tout le film. Parfois il posait une question, d’autres fois, il commentait un effet spécial, donnait ses impressions sur tel ou tel choix artistique. Je trouvais cela plutôt amusant. Mais à droite du lit, ça bouillonnait. Paulin finit par exploser à 10 minutes du film.

 – Mec ! Tu comptes la jouer comme ça pendant tout le film ou t’as prévu de fermer ta gueule.

 Fou-rire général, nous dûmes mettre pause. Nous faisions tellement de bruit qu’il n’était plus possible de suivre le film. Seul Paulin ne riait pas.

 Après 5 minutes, nous réussîmes à nous calmer. Félix redémarra le film. Niels changea de position, et en profita pour coller sa jambe contre la mienne et frôler ma cuisse de sa main. Je me figeai. J’étais, à la fois, stupéfait et très excité. Je sentais mon caleçon se tendre. Je ne suivais plus le film. Je le voyais sans le regarder.

 Niels commença à caresser ma cuisse nue timidement. C’était risqué, mais trop heureux de son entreprise, je décidai de pousser ma cuisse contre la sienne pour l’encourager. Niels déglutit. Il semblait comprendre le message. Il tourna sa main puis saisit ma cuisse de façon plus ferme. Il a du culot le garçon. J’appréciais son audace.

 Pendant de longues minutes, presque une heure -le film était bien avancé-, Niels se contentait de cette main sur ma cuisse. Je le sentais intérieurement tiraillé. Fallait-il aller plus loin ou bien s’arrêter là ? J’étais beaucoup moins préoccupé. Je posai ma main sur la sienne puis lui indiquai doucement la direction de mon entrejambe. Il déglutit une nouvelle fois. Son toucher trahissait son désir. Je retirai ma main et laissai lui cédai le contrôle.

 Le film se poursuivait, et personne dans la pièce ne semblait avoir le moindre soupçon de ce qu’il se tramait pourtant sous ses yeux.

 Niels me caressait du bout des doigts, d’abord timidement, puis de manière plus assurée. Il finit par glisser sa main dans mon caleçon. Il me tenait le sexe fermement. Je sentais son envie de me donner du plaisir, et celle-ci faisait croître mon désir. Il initia des va-et-vient. À mesure que Niels le satisfaisait, mon désir se faisait plus grand.

 – En vrai, les gars il est genre 21h40, vous voulez pas genre on regarde encore 5 minutes et on remballe tout ?

 Niels retira brusquement sa main et sa cuisse. J’avais craint que Félix nous demande d’arrêter de fricoter à côté de lui. Le motif de son intervention était autre. J’étais soulagé. Je regrettais, toutefois, la main de Niels.

 Félix éteignit son ordinateur puis nous nous levâmes tous du lit. Gauthier alla allumer l’interrupteur.

 Oh non ! Mon short était tâché. Je pris alors mon oreiller pour la masquer. Je prétextai une envie pressante, jetai mon oreiller sur mon lit puis me dirigeai rapidement vers les toilettes.

 Je m’arrosai les vêtements et le visage. J’avais tenté de boire et m’étais aspergé les vêtements. Le débit des robinets était trop important. Simple et efficace. Je retournai dans ma chambre et croisai le pion sur le chemin.

 – Prêt à aller dormir ?

 J’acquiesçai puis entrai dans ma chambre. Félix était à son bureau et feignait, de nouveau, de travailler.

 – Allez, on éteint Félix, c’est l’heure de se coucher.

Annotations

Vous aimez lire Noah N'diaye ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0