Chapître 7

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 Niels et moi nous baladions dans la forêt. Je tentais de faire reconnaître à Niels ce qu’il s’était passé entre nous. Il ne semblait pas me comprendre et riait. Il niait tout en bloc. J’insistais mais ne pouvais trouver les mots pour le verbaliser. Chacun de mes mots me faisait honte. J’étais gêné de devoir expliquer et je n’arrivais pas à formuler mes phrases. Je me sentais démuni.

 Nous arrivâmes sur une clairière où une bonne partie des élèves de première étaient réunis et festoyaient autour d’un barbecue. Tous vinrent saluer Niels. Aucun ne fit de même avec moi. Niels s’esclaffait. Je remarquai que tous riaient. Ils se moquaient de moi, Niels compris. Tous m’avaient entendu parler et je passais pour un fou. Ils croyaient que j’avais inventé cette histoire de toutes pièces. Je ne pouvais plus bouger, plus parler. Je voulais crier mais aucun son ne sortait de ma bouche. C’est vrai ! Il ment ! Je voulais disparaître. Les rires étaient plus fort, des doigts se levaient et pointaient dans ma direction.

 Je me réveillai, trempé de sueur. Je regardais mon réveil. Il indiquait 11h08. J’avais dormi environ douze heures. J’étais angoissé. Je mis quelques secondes à me calmer. Ouf ! Ce n’était qu’un rêve ! J’étais soulagé que cela ne soit pas arrivé. J’allumai mon portable puis consultai mes messages. Niels ne m’en avait pas envoyé. Je me dis qu’après tout, il ne me devait pas plus un message que je lui en devais un. Si je voulais des nouvelles de lui, il n’en tenait qu’à moi. Je ne savais, toutefois pas comment initier le contact. Nous n’avions pas échangé depuis la nuit de jeudi, à l’exception de quelques banalités le lendemain matin.

 Je cherchai son contact sur mon téléphone puis écrivis. Yo, ça va ? Non, c’était bizarre. Il était trop clair que je prenais la température après l’épisode de jeudi. Coucou, je voulais savoir si ça allait être gênant entre nous après t’avoir branlé jeudi soir ? Autant écrire cela.

 Il me fallait un prétexte extérieur pour m’adresser à lui : le cours de russe. Yo, j’ai oublié mon livre de russe à l’internat. Est-ce que tu penses que t’aurais moyen de m’envoyer la page 32 stp ? J’appuyai sur envoyer. Le message ne permettait pas de clarifier la situation, mais il permettait d’empêcher qu’un malaise s’installe entre nous.

 Je poursuivis la consultation des messages. 2 nouveaux messages de Félix. 1 nouveau message de Chloé. Les deux messages avaient le même objet. Avais-je l’intention de me rendre à la soirée de Chloé. J’y répondis favorablement.

 Chloé était une amie du collège. Nous entretenions un flirt depuis quelque temps. Nous nous étions retrouvés, plusieurs fois, en soirée, mais rien ne s’était passé entre nous jusqu’alors.

 « Fais-toi beau ! » fut la réponse de Félix. Ah Félix si tu savais, songeai-je. Chloé était loin d’être ma priorité pour le moment.

 Félix et moi avions passé l’après-midi ensemble, au skate parc. D’autres copains qui avaient prévu de se rendre à la soirée également nous avaient rejoints.

 Je me rendis à la soirée vers 19h accompagné de Félix, Sacha, un petit maigrelet brun bien sympathique, et Simon, un beau gosse qui s’ignorait. Chloé habitait une grande maison de campagne située légèrement en dehors du village. De l’extérieur, la bâtisse ressemblait aux vieilles propriétés aristocrates de province.

 Je pénétrai dans la véranda et y trouvai quelques invités. Je scrutai la pièce à la recherche de notre hôte. Chloé discutait derrière le bar avec deux de ses amies. Elle était ravissante. Elle portait une robe noire courte à froufrou. Chloé avait fait plus d’un malheureux en amour. Elle était, certes, très jolie, mais sa vraie force d’attraction venait de sa personnalité. Elle donnait l’impression d’avoir une confiance en soi illimitée. Rien ne semblait lui faire peur socialement. Je la trouvais extraordinaire et admirais ce trait de sa personnalité.

 Je me dirigeai vers elle et lui tendis les quelques bouteilles que Félix et moi étions partis chercher plus tôt. Nous échangeâmes des banalités. Chloé et moi n’étions pas dans le même lycée. Elle avait choisi de rester dans notre lycée de secteur. Je restai quelques minutes à discuter avant de partir saluer le reste des invités. Je contournai la grande table installée au centre de la véranda puis passai la porte.

 La belle terrasse en pierre était protégée par une sorte de préau. Des bancs étaient répartis sur les côtés de la terrasse et en son centre, cuisaient des brochettes dans un foyer. Le jardin était immense. Chaque chose y était à sa place. L’ensemble était couvert de l’extérieur par des arbres qui bordaient la clôture. En contre-bas de la terrasse, il y avait une piscine. L’endroit était magnifique. On va passer une bonne soirée !

 Félix et Simon vinrent me joindre avec des verres en main. Simon me tendit l’un d’eux. Les deux étaient aussi impressionnés que moi par la propriété. Pourquoi Chloé n’en était-elle qu’à sa première soirée ici. Nous étions tous les trois fous d’excitation à la perspective de la soirée. Je pensai. Il ne manque que lui. Je sortis mon téléphone de ma poche. Niels ne m’avait pas répondu. Finalement, je n’échapperais peut-être pas à la gêne. Je décidai d’ignorer l’absence de message et de me concentrer sur le moment présent. J’allais m’amuser et Niels ne viendrait pas m’en empêcher. Je mis mon téléphone en mode avion. La soirée était sur le point de commencer.

 Vers 22h, la soirée bâtait son plein. Nous étions tous rassemblés autour, ou dans la piscine. Il faisait encore assez chaud même si l’alcool aidait. Je m’entretenais avec Chloé et deux de ses amies, Maria et Gladys.

 Les deux filles et moi avions partagé le même collège mais nous ne connaissions pas très bien. Gladys était une grande rousse aux cheveux bouclés et aux tâches de rousseur. Elle avait un sourire timide, en continu, sur son visage et dégageait un fort capital sympathie. Maria, elle, était une brune rondelette au parler franc et à l’humour ravageur. Elle avait cette capacité à faire les meilleures imitations.

 Gladys, Maria, Chloé et moi rions tous les trois aux larmes assis sur deux transats posés l’un à côté de l’autre. Pendant que Maria faisait son show, Chloé et moi nous échangions des regards enjôleurs. Je la trouvais magnifique, et il faut reconnaître qu’elle savait séduire. Elle me regardait la tête légèrement penchée vers l’avant et un sourire taquin dessiné sur ses lèvres. Naturellement, je me prêtais au jeu. L’alcool aidant je la reluquais également de façon aguicheuse.

 Je décidai alors qu’il était temps de pousser notre flirt à l’étape supérieure. Je retirai mon T-shirt en fixant toujours Chloé dans les yeux. Elle me fixait sensuellement, tout en portant son verre à la bouche. Elle mordit son verre, le posa, et retirera ses vêtements à son tour. Elle se dirigea vers la piscine. Je la suivis puis la poussai dans l’eau avant de m’y jeter en bombe.

 Nous commençâmes à nous chamailler dans l’eau pour nous toucher. Gladys et Simon nous rejoignirent quelques secondes plus tard.

 – Chloé et toi, contre Gladys et moi, me défia Simon.

 – Let's go, hurlai-je, trop heureux de relever le challenge.

 Je soupçonnais Simon d’avoir un crush pour Gladys. Les deux étaient comme assortis. Ils étaient discrets, grands et dignes physiquement de faire la couverture de grands magasines.

 Je plongeai la tête sous l’eau et me mis en position accroupie le temps pour Chloé de grimper sur mes épaules, puis ressortis de l’eau. En face de nous, Gladys sur les épaules de Simon nous attendait, prête. Lâche n’allait pas être aisée, mais la perspective de lutte nous enthousiasmait, Chloé et moi.

 On augmenta le son de la musique, Last Friday night de Katy Perry se mit à résonner dans les enceintes. Les invités se réunirent autour de la piscine. Chacun acclamait l’équipe qu’il supportait. Simon ouvra grands les bras et se mit à danser au son de la musique et des encouragements. Je n’avais pas la force de Simon et devais donc me contenter de bouger la tête pour imiter un pas de danse. Simon semblait en transe, pris dans l’élan de la musique. Je saisis l’opportunité pour me jeter sur lui. Il sembla surpris de me voir fuser dans sa direction mais pas le moins impressionné de ma charge. Un sourire se dessina sur son visage. Il se prépara à m’intercepter, puis me saisit par les bras Chloé se donnait comme si sa vie était en jeu. Elle hurlait et sembler tenter de pousser Gladys de toutes ses forces. Cette dernière était prise d’une crise de fou-rire. Elle résistait et repoussait les attaques de Chloé. Gladys ne bougeait pas d’un centimètre, Simon non plus d’ailleurs. Moi, au contraire, je manquai plusieurs fois de perdre l’équilibre. Les mouvements dans tous les sens de Chloé n’aidaient pas.

 Toujours hilare, Gladys poussa Chloé qui hurla en tombant à la renverse. Sans surprise Simon et Gladys nous avaient mis la raclée du siècle. Les hurlements des supporters de l’équipe des vainqueurs fusaient depuis le bord de la piscine. Simon et Gladys toujours sur ses épaules, trop fiers de leur victoire, pourtant si prévisibles, criaient et portaient leurs mains vers le ciel. Simon bomba le torse montra les muscles puis tambourina son torse à la tarzan.

 Nous sortîmes assez vite de la piscine pour retourner boire et nous sécher près du foyer. Les flammes brûlaient encore timidement. Nous dansions tous ensemble en maillot de bain autour du feu, sur la terrasse mais aussi autour de la piscine. Tout le monde semblait prendre son pied.

 Je décidai de changer la musique pour mettre un classique : Sous les sunlights des tropiques. Je pris Chloé par la main et me mis à danser avec elle tout en hurlant les paroles. J’avais l’impression de chanter magnifiquement bien. Simon, Félix, Sacha, Gladys et Maria nous rejoignirent et nous nous prîmes par les épaules pour sauter tous au rythme de la musique.

 Maria choisit la musique suivante. Elle monta sur un banc à la vue de tous, et cacha sa tête dans sa main, à la manière d’une star. I'm alive de Céline Dion résonne à travers les enceintes. Maria change de pose et commence une chorégraphie improvisée sur le morceau.

 Toute l’assemblée l’observait et riait aux éclats à sa prestation. Elle enchaînait les mouvements et imitait Céline Dion à la perfection dans sa gestuelle. Elle choisit d’adopter une voix outrancièrement nasillarde. Nous riions tous aux larmes. Maria savait amuser la galerie. Il n’y avait pas de doute à cela.

 Chloé me murmura quelque chose dans l’oreille. Je la regardai, puis la pris par la main. Nous nous glissâmes à l’intérieur de la maison discrètement.

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