Chapître 8

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 Nous montions les escaliers quatre à quatre, trop heureux de nous retrouver seuls. Nous arrivâmes au troisième étage puis traversâmes un couloir gigantesque. Nous empruntâmes la porte située au bout de ce couloir puis pénétrâmes dans une chambre. Les murs étaient peints très sobrement de blanc. Le style était minimaliste. Un lit était installé dans le coin au fond à gauche de la pièce, il y avait un bureau dans le coin au fond à droite puis une bibliothèque et un bureau se trouvaient respectivement de chaque côté de l’entrée. Bien que très simple, la pièce ne manquait pour autant pas de charme. Étant située au dernier étage de la maison, celle-ci était construite dans les combles. Ainsi le plafond suivait la forme du toit et rejoignait les murs de chaque côté.

 Chloé me tira en direction de son lit puis nous nous jetâmes sur le celui-ci, en nous tenant la main. Nous nous regardions en souriant. Je tournai la tête.

 – Tu t’étais bien tenue de me dire que t’étais comtesse, plaisantai-je.

 – T’as peur de pas être à la hauteur, c’est ça, t’inquiète ma famille est très ouverte aux mariages en dehors de la famille, ironisa-t-elle

 – Sérieux, ta baraque, c’est un truc de ouf ! Et c’est que maintenant que tu fais soirée, rétorquai-je sur un ton imitant le reproche.

 – Haha, ça se voit que t’as pas rencontré mes parents, rétorqua-t-elle, si tu savais les heures de négociations que cette soirée m’a coûté, tu serais en ce moment-même à genoux à te confondre en remerciements.

 Elle se mit sur le ventre de sorte à me faire face. Toujours allongé sur le dos, je déplaçai mon corps vers elle puis laissai échapper un gloussement incontrôlé.

 – Quooooi, gémit-elle.

 – Rien, t’inquiète, tu me fais rire, c’est tout, rétorquai-je. Je poursuivis. Ils font quoi tes parents, au juste, dans la vie.

 – Bah, tu l’as dit toi-même, je suis de la haute. Elle me fit un clin d’œil. Non sérieusement ils travaillent dans l'import/export. Ils ont pas mal de thunes mais bon, ils sont jamais à la maison.

 – Et ils te manquent pas trop, l’interrogeai-je.

 – Tu rigoles, je suis libre, c’est trop bien. Ça aurait pu poser problème quand j’étais petite, mais mes parents ont décidé à ce moment-là d’alterner chacun entre des périodes de travail et du temps pour s’occuper de moi, donc pas de problème à signaler.

 – Okay, je vois, murmurai-je. Elle gloussa puis poursuivit.

 – Tu me dis quand l’interrogatoire est terminé.

 Je vis à son expression qu’elle plaisantait. Je me redressai et me rapprochai pour la chatouiller. Elle criait et riait en même temps demanière incontrôlée.

 – Stooooop, me supplia-t-elle.

 Je la libérai, et me figeai au-dessus d’elle. J’avais envie de l’embrasser. Je lisais sur ses lèvres qu’elle aussi. Je restai là pendant un moment.

 – Bon, on s’embrasse ou quoi là, lâcha-t-elle, à demi exaspérée.

 Je ris à la proposition puis me penchai pour me rapprocher de ses lèvres. Elle s’appuya sur ses coudes, et colla ses lèvres sur les miennes. Elle embrassait extrêmement bien. Je sentais que les choses étaient susceptibles de déraper. Pour autant, quelque chose me retenait. Je me surpris à espérer qu’à sa place j’embrassais Niels. Chloé sembla comprendre que quelque chose n’allait pas. Et tenta de me rassurer.

 – On est pas obligés, si t’as pas envie.

 Je ne savais pas dire moi-même ce que je voulais. J’étais perdu. Chloé interrompit notre échange, et je m’allongeai à sa droite.

 – Tu l’as déjà fait, toi, questionnai-je.

 – Oui, mais avec une seule personne.

 – Qui ça, demandai-je

 – Mon ex, rétorqua-t-elle.

 Chloé avait été en couple pendant deux ans de la troisième à la seconde. Un dénommé Driss avait été son premier amour. L’année dernière, ils avaient rompu pour une raison que j’ignorais. La blessure ne semblait pas tout à fait fermée. Je n’osais pas poser de questionà ce sujet.

 Chloé m’expliqua qu’elle n’avait jamais rien ressenti de tel pour quelqu’un auparavant. Elle avait eu le sentiment que ça durerait pour toujours entre eux. Elle me donna les détails de leur premier rendez-vous, de leur premier bisou, de leur première fois même. Elle m’expliqua qu’elle gardait un souvenir exceptionnel de ces moments. Elle avait du mal à y repenser sans douleur. Elle savait que ce n’était pas le cas pour lui.

 Elle se tourna vers moi.

 – Et toi alors les amours, plaisanta-t-elle.

 – Moi, euh…bah pas grand-chose, j’avoue que j’ai jamais eu de copine et je suis encore vierge.

 J’omis le sujet « Niels » volontairement. Je ne savais même pas mettre de mots sur ce qu’il s’était passé entre nous. Je me demandais s’il était possible d’aimer un autre homme. Avant Niels, je ne m’étais jamais posé la question. Je n’avais jamais remarqué un garçon au point de penser que je le désirais. J’avais pu apercevoir çà et là un ou deux hommes auxquels j’aurais bien reconnu un certain charisme ou un physique avantageux. Mais ça s’arrêtait là. Je ne me voyais ni gay, bi ou autre. Je ne gardais même pas la possibilité ouverte. Ce qu’il se passait avec Niels m’avait confus au plus haut point.

 Je ne pouvais pas parler avec Chloé de tout cela. Je ne voulais pas que son regard change sur moi. Je n’avais pas peur du rejet. J’avais peur qu’elle me voit comme une fille, un sous-homme. La réflexion pouvait sembler bête, mais je savais quel sort était fait aux hommes qui en aimaient d’autres. Voilà ce que je craignais.

 Chloé et moi échangeâmes une bonne heure dans sa chambre. Je compris qu’entre elle et moi, il n’y avait sûrement que de l’amitié. On se connaissait, certes, d’avant le lycée, mais j’avais l’impression à cette soirée de la redécouvrir. Elle était très intelligente. Nous parlions de littérature, de politique, etc. Nous passâmes un excellent moment.

 Je jetai un œil sur mon téléphone et remarquai que je n’avais toujours pas retiré le mode avion. Je le retirai aussitôt. 1 nouveau message de Niels. Je sentis mon rythme cardiaque monter en flèche. J’étais anxieux et excité à l’idée de lire son message. Je prétextais à Chloé un coup de barre pour m’échapper et quitter la soirée.

 Je quittai la pièce, pris les escaliers, et quittai la soirée à l’abri des regards, de manière à n’avoir à dire au-revoir à personne.

 La nuit était noire désormais, il était 2h du matin. Le chemin qui séparait la maison de Chloé de la mienne était une vieille route de campagne où le trafic se limitait à quelques voitures en journée. Il arrivait bien sûr que des voitures circulent de nuit sur la route mais c’était rare. Je marchais prudemment en me retournant régulièrement pour m’assurer de n’être suivi par aucun véhicule.

 J’étais à trois kilomètres de distance de chez moi. J’avais donc tout le loisir sur le trajet de regarder le message que Niels m’avait envoyé. Je sortis mon téléphone et consultai mes messages. Yes, mec, pas de soucis, je t’envoie ça demain matin, je suis chez mes grands-parents là. J’avais sur mon visage un sourire indélébile. Son message me remplissait de bonheur. Je me sentais bête d’avoir une réaction aussi excessive à un message aussi banal. Je décidai de lui répondre. Merci, trop cool de ta part, je compte sur toi. Tu passes un bon week-end ?. Je mis mon téléphone sur vibreur puis le remis en mode verrouillage. À peine l’avais-je remis dans ma poche, que je le sentis vibrer. Je m’empressai de le sortir. Haha tqt, mec, je t’envoie ça dès que je peux. Pourquoi tu me demandes, tu t’ennuies sans moi, c’est ça ? ;) Mon sourire se fit plus grand encore. Je sentais qu’il n’avait pas l’intention de mettre un terme à notre flirt ou de m’ignorer. Je répondis. Mdrrr le mec se sent plus ! Lui : Je suis lucide mon grand, c’est tout ;* je sais que je te manque c’est tout, avoue ! C’était au-dessus de mes espérances. J’écris : J’aurais aimé que tu sois là ce soir… Je levai la tête pour inspirer un grand coup, avant d’appuyer sur envoyer.

 J’arrivai chez moi un peu avant trois heures du matin. Je fouillai la poche avant-droit de mon jean, et en sortis la clé de la porte du garage. Je pénétrai dans la maison, retirai mes chaussures, les rangeai, et empruntai l’escalier à pas de loup. Je tâchai de ne pas réveiller la maisonnée. J’entrai dans la salle de bain, me lavai le visage, me brossai les dents, et pénétrai dans ma chambre. Là, je me déshabillai puis me glissai sous la couette.

 Je check mon téléphone. Toujours rien. Je sentais l’alcool redescendre. Je commençais à réaliser la situation embarrassante dans laquelle je m’étais mis avec ce message. Je suis débile, pensai-je.

 J’imaginais déjà, lundi, Niels m’ignorer, faire comme s’il ne me connaissait pas. Ou pire, m’interroger sur la signification du message. Aïe aïe aïe ! J’aurais mieux fait de ne rien envoyer.

 Mort de fatigue, je décidai de mettre mon esprit sur pause pour la nuit. J’éteignis mon téléphone, et fermai les yeux. Je ne tardai pas à m’endormir.

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