Chapître 13 (nouvelle version)

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 La mère de Niels était une très belle femme, plutôt grande et à la silhouette fine. Son père aussi était très beau. Il était grand lui aussi, et avait une carrure plutôt sportive.

 Les deux me firent le meilleur des accueils. Sa mère me posait des questions sur ma famille, mes amis, ce que j’aimais faire dans la vie et son père, trop heureux de rencontrer un ami de son fils, me posait des questions sur notre amitié.

 Les deux petites sœurs jumelles de Niels me regardaient en gloussant et son grand frère scrollait son téléphone d’un air concentré.

 Niels était en piste et s’apprêtait avec le reste de son équipe à commencer le match. Nous l’observions depuis les gradins. Un coup de sifflet vint interrompre les conversations, de toute part, et les hockeyeurs commèrent à jouer.

 Je demandais au père de Niels de m’éclairer sur les règles et le fonctionnement du jeu. Celui-ci me livrait une très fine analyse en direct. J’essayais tant bien que mal de me concentrer pour saisir toutes les subtilités. Mes yeux me faisaient, toutefois, défaut et se portaient continuellement sur Niels. Je l’observais et essayais de comprendre pour quelle raison il agissait ainsi.

 Le match dura un peu moins de deux heures en comptant les temps de pause. Niels vint nous rejoindre peu après la fin. Il vint tout de suite à ma rencontre, le sourire aux lèvres.

 – Alors, t’en as pensé quoi, s’enquit-il.

 – Je pense que tes coéquipiers sont très bons, rétorquai-je sur un ton narquois.

 Il rit. L’ambiance s’était adoucie. Sa famille et moi lui présentâmes nos félicitations avant de quitter les lieux.

 – Mais papa ! C’est de la triche !

 Erik, le père de Niels, se tenait les côtes et tentait de contenir son rire. Avec lui, Niels, Carl et Joséphine riaient à pleins poumons. J’observais la scène, amusé. Clémence, au contraire, semblait outrée du comportement de son père.

 – Repose la carte. Je sais que t’as triché, exigea-t-elle.

 – Allez, chéri, abonda Yolande, amusée, dans le sens de sa fille.

 Nous jouions au monopoly depuis une demi-heure et Erik s’illustrait par ses tentatives de triche depuis le début, au plus grand désarroi de Clémence. Yolande, elle, tentait de jouer les arbitres.

 Nous passâmes un excellent moment tous ensemble. J’appris à cette occasion à connaître un peu mieux les membres de la famille.

 Erik était d’un naturel taquin. Il enchaînait les blagues dans un accent qui trahissait des origines scandinaves. Il m’apprit d’ailleurs quelques mots de norvégien. Yolande semblait plus sérieuse au premier abord. Elle était, toutefois, très bon public et répondait positivement à toutes les blagues de son mari. Les deux semblaient très amoureux.

 Carl, le frère de Niels était d’un naturel plus réservé. Il était étudiant en droit à Oslo et profitait de ses quelques vacances pour rendre visite à sa famille. Il était, toutefois très sympathique et m’interrogea sur mes projets pour l’avenir.

 Joséphine était une adolescente très extravertie et toujours rieuse. Elle ressemblait en cela beaucoup à son père. Clémence, a contraire, était plus timide et avait le sang chaud.

 Nous passâmes une excellente soirée tous ensemble à faire des jeux de société du monopoly au dobble en passant par les aventuriers du rail jusqu’à 0h environ.

 Je me brossais les dents dans la salle de bain et m’observais dans le miroir. Je repensais à mon interaction de plus tôt avec Niels. J’avais peut-être exagéré. Après tout la soirée avait plutôt été sympathique, dans l’ensemble, bien que différente de ce que j’avais imaginé.

 La porte grince et une tête se glisse à l’intérieur de la salle de bain.

 – Je peux entrer ?

 Je fis un signe de la main et Niels entra dans la pièce. Il ne portait qu’un caleçon blanc. Je l’observais dans le miroir. Ses cuisses étaient galbées. Il arborait des pectoraux bien dessinés et ses abdos étaient bien visibles. L’image était digne d’un magasine. Il surprit mon regard et le maintint tout en se rapprochant du lavabo. Je sentais le ressentiment refaire surface. Crois pas que tu vas t’en tirer comme ça, mon petit pote. Il saisit sa brosse à dents, mit du dentifrice, et commença à se brosser les dents à côté de moi. Je crachai dans le lavabo, me rinçai la bouche, lui souhaitai bonne nuit avant de rejoindre ma chambre et de me glisser sous les draps.

 Je fouillai le tiroir du guéridon et en sortis un livre. Je commençai la lecture. J’entendis frapper, et Niels pénétra dans ma chambre. Je lui lançai un regard interrogateur. Il restait debout sur le pas de la porte. Il semblait hésiter.

 – Euh… ça te dit qu’on mate un film ?

 – Je sais pas, je suis fatigué, feignis-je en reportant mon attention sur le livre que je ne lisais même pas.

 Il sembla surpris de ma réponse. Je n’étais, certes, plus en colère contre lui pour son comportement de plus tôt, mais je restais vexé. Je ne voulais surtout pas lui donner l’impression qu’il pouvait disposer de moi comme il le souhaitait puis faire comme si de rien n’était la seconde d’après.

 En même temps, je ne pouvais pas ignorer le désir que j’avais pour lui. Sa présence, dans le pas de la porte, le savoir à moitié nu, me perturbait au plus haut point.

 Il fit quelques pas dans ma direction, et s’assit sur le bord du lit à ma droite. Il mit sa tête entre ses mains, et se tourna vers moi.

 – Tu fais la gueule, s’enquit-il.

 – Non, pourquoi tu dis ça, rétorquai-je. Mon ton défensif trahissait mon mensonge.

 – Je sais pas, parce que t’es distant.

 Je décidai de ne pas répondre.

 – Tu veux regarder quoi comme film ?

 – Euh… j’avoue j’y ai pas pensé, on peut choisir ensemble si tu veux.

 – Mouais, bof, fis-je, blasé.

 – Ou alors, un sourire joueur se dessinait sur son visage, on peut fumer ça, il sortit de son caleçon une poche remplie de marijuana.

 Je ris à la proposition.

 – Mais tu veux fumer ça où, m’enquis-je.

 – Y a un petit balcon à ma fenêtre, je te montre.

 Il se leva, me fit signe de le suivre.

 La chambre de Niels était plus grande que la mienne. Des posters de différents groupes de musiques étaient disposés un peu partout dans la pièce. Son bureau faisait face à son lit double dans le fond de la pièce. Entre les deux, une porte-fenêtre donnait sur un balcon.

 Nous traversâmes la pièce et rejoignîmes le balcon. Nous nous assîmes sur le banc. Niels roula un pétard puis l’alluma. Il en tira quelques tafs puis me le tendit. Je le saisis. Je n’avais jamais fumé de ma vie. Pas même une cigarette. Toutefois, je n’osai pas l’avouer à Niels et portait le joint à ma bouche et pris une grande latte. Je touchai. Niels rit puis m’expliqua comment faire. Je finis par y arriver.

 – Bon, tu comptes m’expliquer maintenant pourquoi tu fais la gueule, s’enquit-il.

 – Mais je fais pas la gueule, en vrai, pourquoi tu dis ça ?

 – Je sais pas, peut-être à cause de ce que tu m’as dit tout-à-l’heure.

 – Je fais pas la gueule, c’est juste que tu donnes l’impression que tu veux pas de moi ici, c’est tout. Niels me regardait.

 Je n’osais pas formuler mon véritable reproche. Tu parles devant moi d’une meuf avec qui t’as ken en mode oklm et tu crois vraiment que je vais être sympa ?

 – Tu crois vraiment ça ?

 – J’en sais rien, c’est à toi de me le dire.

 – Si je voulais pas de toi ici, je t’aurais pas invité.

 – Okay, ponctuai-je court la conversation.

 L’ambiance était glaciale. Nous n’échangions plus un mot. Nous nous passions simplement le joint. Je sentais, par ailleurs, que celui-ci commençait à faire effet. Je me détendis un peu.

 – T’aurais peut-être dû aller passer ta soirée avec Chloé.

 Niels ne me regardait pas en disant cela.

 – Pourquoi tu dis ça, lui demandai-je, surpris.

 – Chloé ! C’est bien la meuf que t’as pécho la semaine dernière ? J’ai entendu Félix en parler avec Gauthier cette semaine.

 Aïe ! Je ne savais plus quoi dire. Il poursuivit.

 – En vrai, tu fais ce que tu veux. Je sais pas pourquoi j’ai dit ça.

 – Je l’ai pécho la semaine dernière mais c’était rien. On s’entend bien et tout, mais je crois pas qu’on va se revoir. En tout cas, pas dans cette perspective.

 – Okay.

 Le silence s’installa de nouveau. Je ne savais plus quoi dire. Nous finîmes le pétard et rentrâmes à l’intérieur. J’étais gêné. Je ne savais pas comment briser la glace.

 – T’es sûr, tu veux pas qu’on mate un film, proposa-t-il.

 – Si, si, vas-y.

 Je n’en avais pas particulièrement envie, mais je ne voulais pas laisser le malaise s’installer. Aussi, je jugeai qu’il était préférable pour nous de rester ensemble, et d’apaiser les tensions.

 Nous nous installâmes dans son lit. Niels alluma son ordinateur. Nous scrollions Netflix à la recherche d’un film. Nous nous mîmes d’accord sur l’un d’entre eux sans plus d’entrain que cela et commençâmes à le regarder.

 Le film était nul, et l’intrigue inintéressante. Je décrochai très rapidement. Ni Niels, ni moi n’avions décroché un mot depuis le début. L’ambiance était toujours aussi froide. Nous lancions, des regards de temps à autre, dans la direction de l’autre pour évaluer le niveau de malaise.

 – On est d’accord, c’est de la merde, me risquai-je à demander. Niels pouffa de rire et acquiesça.

 – Tu veux qu’on se touche ?

 Je fus surpris de la question. Je hochai la tête en signe d’approbation. Niels éteignit son ordinateur et le posa au sol. Il s’approcha de moi, et posa ses lèvres sur les miennes. Nous nous embrassâmes ainsi quelques minutes puis il glissa sa main dans mon caleçon et commença à me masturber.

 Les souvenirs de la soirée me revenaient à l’esprit. La rancœur n’était pas tout à fait partie. J’observais Niels s’activer au niveau de mon caleçon, sans que son action ne produise un quelconque effet. Mon pénis restait mou comme une chique. Le moment était sans saveur. Je repensais à notre interaction sur le balcon, à la soirée dans son ensemble. Je n’avais pas de désir.

 – Je crois que je vais aller me coucher.

 Niels stoppa net et sortit sa main de mon caleçon. Il me regardait, interloqué. Je sentais qu’il était confus.

 Je me grattai la tête, un peu gêné, puis me levai. Je bégayais des excuses qui n’avaient ni queue ni tête. Je lui souhaitai bonne nuit puis retournai dans la chambre d’amis.

 J’eus du mal à m’endormir ce soir-là. Je me demandais à quoi rimait toute cette histoire. Je me demandais si finalement Niels et moi ne devrions pas arrêter tout cela. 

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