13 - l'invitation

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Inévitablement, ce fut la première chose que je lui dis, avant l’arrivée des autres. Nous avions pris cette habitude, d’avoir un petit quart d’heure à nous, pour un câlin. Son stage se terminait. Son embauche était acquise, à la rentrée. Nous allions être séparés plus de six mois.

— Je ne comprends pas ces déviances. J’ai regardé, c’est vrai que ça existe, mais je ne comprends pas.

— Moi non plus, je ne me comprends pas. C’est vraiment un plus ! Avec William, nous ignorions totalement cette convergence. Tu te rends compte : neuf ans et on ne se connaissait pas !

Il avait l’air triste.

— Tu m’en veux, d’être comme ça ?

— Non. Mais je suis un peu déçu. J’ai tellement aimé ce weekend passé ensemble ! Je vais partir dans deux semaines…

— Et tu voudrais que nous repassions un moment pareil ! Moi aussi ! Je regarde. Je vais m’arranger. Je te promets que nous allons le faire !

J’étais encouragé par ses yeux brillants. Malheureusement, William ne m’avait pas informé de ses projets pour les deux prochains weekends. Je ne pouvais pas agir sans son accord. Il tolérait juste les visites à ma mère. Même mes anciens amis ou mes anciens coups, il voulait être présent.

Arthur allait revenir à l’automne, et il serait dans ma vie. Je ne pouvais ni ne voulais le lui cacher. La seule solution était évidente ! Il fallait que je le persuade de l’accepter à la maison.

Ce soir-là était celui de la fermeture hebdomadaire du club. Il me proposa un petit jeu, dans mes nouveaux plaisirs. Je sentais qu’en acceptant, je pourrais lui parler ensuite.

Le simple fait de me retrouver sur le lit, tendu par des liens, me réjouit. Décidément, j’y prenais gout ! Il sortit une sorte de matraque qu’il promena sur mon corps. En l’activant, elle envoyait de fortes décharges électriques. Je simulais un peu, sauf sur la cage qui amplifiait agréablement le picotement.

Une fois emmêlés dans nos bras, après tous les mamours dont il était friand, je me lançai, avançant sur des œufs.

— Au fait, tu sais, mon petit stagiaire, il va partir…

— Celui qui m’a volé mon string ?

Son ton restait gentil.

— C’est moi qui lui ai donné ! Il m'a dit qu’il adorait le porter !

— Parfait ! Il n’a qu’à venir en chercher d’autres. Dans les tiens !

— Tu veux dire quoi ?

— Tu as l’air de tenir à lui. Tu t’es envoyé en l’air avec lui.

— Et…

— Tu aimerais recommencer avant qu’il parte !

— Non, pas spécialement ! Je lui ai bien dit que c’était exceptionnel. Il est vraiment jeune !

— Et donc vraiment mignon, vraiment innocent. J’aimerais bien me le faire aussi. On partage tout, mon Jérôme ! Le prie et, surtout, le meilleur !

Était-ce vraiment une bonne idée ? William pouvait être le plus doux des êtres, comme le plus satanique.

— Non ! Il n’est pas un objet qu’on partage. Il est comme mon petit frère…

— Tu as bien sauté ma sœur !

— Ce n’est pas pareil. Et puis, William, des fois tu me fais peur. Tu peux abîmer, mépriser les gens, les blesser profondément. Je ne veux prendre aucun risque pour Arthur. Je l’invite que si tu promets d’être le William délicieux et protecteur que j’aime. Tu me le jures ?

— Mais oui !

— Écoute-moi bien ! Si Arthur subit la moindre incorrection, je te quitte. Moi, je peux tout subir de toi. Pour lui, protection absolue.

Il entendit ma résolution.

— Jérôme, je veux aussi l’aimer comme tu l’aimes !

— Comme je l’aime ! Pas avec ta façon d’aimer !

— Mais oui !

Il me prit tendrement dans ses bras. Je crus à sa sincérité.

— Au fait, il est au courant pour ta contrainte ?

— Oui. Je lui ai montré.

— Vous êtes chauds, à ton boulot !

— À Arthur seulement ! Tu sais, je l’aime ! Pas comme toi, mais c’est un autre amour.

— J’ai hâte de le rencontrer !

Le plus dur restait à faire ! Arthur avait trop de haine envers William, ne supportant pas ce qu’il me faisait. Pourtant, c’était un de ses sous-vêtements qu’il avait demandé et il avait adopté son parfum. Il avait une certaine fascination pour William, la mienne sans doute que je lui avais transmise.

Dès le lendemain, je lui annonçai que nous allions repasser un long moment ensemble.

— Jérôme, tu me dis ça comme si ça te gênait !

— Mais, Arthur, pas du tout ! J’ai tellement envie de recommencer !

— Tu m’avais dit que c’était exceptionnel…

— Oui, ma raison te l’a dit. Pas mon désir !

— Mais, alors, il y a autre chose…

Mon silence devint intenable.

— William ne veut pas ! Il te l’interdit !

— Je t’ai dit que nous allions le faire

— Mais, dis-moi, bordel !

Il s’étonna de sa véhémence.

— Ce sera à trois !

— …

— William veut te connaitre !

— Et me baiser en me torturant ?

— Non ! Il a promis. J’ai mis notre divorce dans la balance !

— Ton… Pour moi ?

— Bien sûr ! Tu ne dois rien recevoir sans consentement. Et sans faire pression sur toi !

— Tu veux dire que tous les trois, nous allons…

— Oui !

— Tu m’en as tellement dit sur lui que mon rêve était de le connaitre ! Mais il me fait tellement peur.

— Il a promis, mais c’est toi qui choisis !

— Je viens !

Dans la matinée, il changera trois fois d’avis. Je n’osai pas trop le rassurer, car, si j’avais relativement confiance en William, je voulais qu’Arthur reste sur ses gardes.

À la fin de la journée, il me dit simplement :

— J’espère qu’il te libérera ! Exceptionnellement, pour moi…

— Je ne sais pas.

Je ne le croyais pas. Et puis, je m’étais habitué à cette restriction, à cette protection, que la retirer m'angoissait.

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